Saint-Etienne - Monaco (0-4) : Verts de rage

Vendredi soir, contre Monaco (0-4), Saint-Etienne a vécu bien plus qu’un dixième match d’affilée sans victoire toutes compétitions confondues, fait inédit depuis seize ans. Les Verts ont encaissé bien plus qu’une nouvelle claque, après celle reçue contre l’OL à Geoffroy-Guichard (0-5). Les scènes de frustration et de colère qui ont touché tour à tour Stéphane Ruffier, Roland Romeyer et les supporters stéphanois ont dessiné bien plus qu’une soirée cauchemardesque supplémentaire. Elles ont dressé le portrait d’un club en crise, à bout de nerfs, et surtout sans solution.

La déroute contre Monaco aurait pu être simplement sportive, tant les Verts ont été dépassés dès le début de match par des Monégasques bien supérieurs. La 53e minute, et l’arbitrage d’Amaury Delerue, en ont décidé autrement. Le but du 0-3, inscrit par Fabinho, a été validé malgré une position de hors-jeu en apparence évidente. Les images, prises au ralenti, ont au moins le mérite de montrer les difficultés propres à l’arbitrage vidéo…

Les secondes suivantes ont semblé surréalistes. Stéphane Ruffier, sortant furieux de son but, est allé s’expliquer avec l’arbitre assistant. Si les mots semblent, a posteriori, bien peu agressifs, c’est surtout l’attitude du portier stéphanois qui a poussé l’arbitre à lui montrer le chemin du vestiaire. L’expulsion a rendu fou de rage Roland Romeyer. Le président du directoire de l’ASSE a quitté la tribune présidentielle pour aller s’expliquer avec l’arbitre au bord de la pelouse, donnant lieu à une image incroyable où Romeyer, furieux, était calmé par Julien Sablé lui-même.

Le coup a été trop fort pour des Stéphanois déjà dépassés. Dominique Rocheteau, avant même la fin du match, montrait toute son impuissance au micro de Canal + : “On est en train de nous enfoncer. On a actuellement tout contre nous.” Terrible paradoxe, alors, de voir Saint-Etienne, alors à dix, se procurer ses seules situations dangereuses du match. Déchirantes visions, également, que celles de Rémy Cabella, la tête dans les mains après une action manquée ou en pleurs sur le banc à sa sortie.

Si Stéphane Ruffier a joué l’apaisement une fois le match terminé, en allant vraisemblablement présenter ses excuses à l’arbitre, l’incendie n’a pas été éteint à Geoffroy-Guichard. Le stade, déjà bien peu rempli, a fait savoir son mécontentement à l’aide de banderoles (“Un stade triste pour une équipe triste”). Et une poignée de “supporters” se sont confrontés au forces de l’ordre à l’extérieur du stade.

Surtout, le feu vient de l’intérieur. Les évènements du soir risquent d’occulter le jeu, et celui pratiqué par Saint-Etienne est inquiétant. Julien Sablé, dans un tourbillon depuis sa prise de fonction, manque de solutions tactiques et humaines. Et les équipes dirigeantes, elles, sont aussi à contretemps que la défense stéphanoise : que penser de cette conférence de presse lunaire, quelques heures avant le match, où Bernard Caïazzo appelait à l’arrivée d’un “directeur sportif de haut niveau” et où l’on croyait déceler une volonté de mettre en retrait Roland Romeyer ?

Julien Sablé a fini par sortir du vestiaire de l’ASSE, où se sont cloîtrés les joueurs à la fin du match. Courageux, l’entraîneur des Verts a affronté la presse. Sablé a joué l’apaisement : “Je n'ai pas envie d'employer des mots qui soient trop forts. C'est dur à vivre.” L’entraîneur des Verts n’a cessé de répéter sa foi en des jours meilleurs : “Quand on sortira de la tempête, on sera plus forts.” Il faudra, pour cela, que l’institution qu’est l’ASSE ne s’écroule pas. Et elle semble déjà bien abîmée.