Placide : "Trop beaux"

Johny Placide le reconnaît lui-même : il vit un exercice 2011-2012 "mouvementé". Le gardien havrais est "déçu" d'une saison qu'il imaginait "pleine". La réalité a rangé ses ambitions initiales au placard. Celles du HAC ont été sérieusement revues à la baisse. Candidat déclaré à la remontée en Ligue 1, le club normand bataille aujourd'hui pour ne pas sombrer en National. Longtemps englués dans la zone rouge, les Ciel et Marine en sont sortis la semaine dernière. "La victoire face à Amiens (2-0) a fait un bien fou, nous confie Placide. Ça faisait tellement longtemps qu'on n'y avait pas goûté !" Désormais 17e, Le Havre entend bien sauver définitivement sa peau vendredi (20h30). En "faisant un coup à Laval", et "en croisant les doigts pour que Metz trébuche" sur la pelouse d'Arles-Avignon.

Ce dénouement soulagerait un groupe qui "ne comprend pas comment il a pu en arriver là". Comment le spectre de la relégation peut encore planer au-dessus des têtes havraises alors que le HAC briguait le podium à mi-parcours. "Après le match de Coupe de France à Marseille, on s'est sûrement vus trop beaux", convient Placide. Le 22 janvier, en prime time, les hommes de Cédric Daury avaient "fait un très gros match" au Vélodrome. Mais ce 16e de finale "nous a paradoxalement fait beaucoup de mal". "On a su poser des problèmes à l'OM. Alors forcément, on pensait avoir le potentiel pour jouer en Ligue 1. Inconsciemment, on s'est dit que face à des équipes inférieures, ça passerait en jouant à 50%."

Depuis, le HAC n'a engrangé que 13 points sur 54 possibles. Plongeant irrémédiablement dans les profondeurs de la Ligue 2. "Ces résultats agaçaient tout le monde. On avait du mal à les comprendre. Mais le groupe a toujours gardé sa bonne humeur." Face à l'urgence de la situation, il avait pourtant de quoi la perdre. "Le HAC en National, ça ferait vraiment désordre. Avec les projets à venir, le nouveau stade qui arrive en juillet... Descendre en National, ça ferait de la casse. Beaucoup de gens perdraient leur travail. On n'a pas le droit de se planter." "Conscients de l'enjeu", les Normands ont "changé (leur) fusil d'épaule". Quitte à renier leur philosophie. "On s'est rendu compte que même en faisant du beau jeu, on n'était pas payés. A un moment donné, on s'est dit : 'il nous faut des points. La manière, on s'en fiche un peu'."

Mis à l'écart en mars parce qu'il a "comme tout le monde, connu une baisse de régime" et parce qu'il "a raté un entraînement le lendemain d'un match", Placide s'est, lui aussi, remis en cause. "Le choix du coach m'a mis un coup derrière la tête. J'ai eu du mal à m'en remettre. Mais j'ai tout fait pour récupérer ma place. Je n'ai pas lâché." Et depuis six matches, Placide s'est réinstallé dans la cage havraise. Sans état d'âme. L'heure est au serrage de coude. A la mobilisation générale. Ensuite, "une fois le maintien assuré", il sera toujours temps de "penser à l'après". Après douze années au Havre, Placide reconnaît avoir des "envies d'ailleurs". "Ici, j'ai fait le tour de la question. Il est temps pour moi de changer d'horizon. Sans vouloir me la raconter, j'ai la capacité de voir au-dessus." Autrement dit, de jouer en Ligue 1. Placide se dit "flatté" que son nom soit évoqué pour succéder à Steve Elana dans le but brestois. "Ça peut être une option. Mais je n'ai pas eu de contact direct avec Brest." Chaque chose en son temps. Pour l'instant, le gardien de 23 ans "poursuit son apprentissage". Et n'a qu'une obsession : "Bien terminer la saison".