Arsenal à sa main

"On va mettre un but, j'en suis sûr". Gonzalo Rodriguez n'aurait pas pu faire carrière dans la voyance. Balayés par Arsenal en quarts de finale retour (3-0), les coéquipiers du défenseur international argentin n'ont tout simplement pas vu le jour sur la pelouse de l'Emirates Stadium. Dominé dans tous les compartiments du jeu, rapidement résigné, Villarreal ne sera jamais véritablement rentré dans ce match retour. Alors oui, Senna et Cazorla manquaient à l'appel. Oui, ces absences étaient difficiles à suppléer. Impossible même après une telle production. Mais l'absence de révolte, d'envie de produire du jeu ne résultent pas du forfait de deux joueurs majeurs. Tant mieux pour les Gunners qui ont su en profiter, accélérer à bon escient. Invaincu en Ligue des Champions à l'Emirates, Arsenal aura l'avantage de recevoir Manchester, vainqueur de Porto (0-1), en demi-finale retour. Intéressant.

Des absences, les Londoniens pouvaient également s'en plaindre. Almunia, Archavine, Clichy, Djourou, Gallas, Rosicky, Sagna forfaits, Arsène Wenger devait piocher dans les réserves pour former un groupe de dix-huit joueurs. Certes, l'effectif des deux formations n'est pas comparable. Mais remporter avec autant de facilité un quart de finale de Ligue des Champions avec une défense amputée de 80% de ses titulaires, le tout sans prendre de but, les Gunners ont montré qu'ils avaient de la réserve. Pas sûr qu'avec la même défense, ils s'en sortent aussi bien face à la force de frappe des Red Devils. Autre histoire, autre temps.

Bien décidé à marquer rapidement, Arsenal se met tout de suite en action. Une tactique offensive payante. Comme souvent. Sur une talonnade de Fabregas, après une passe d'Eboué côté droit, Walcott se présente seul face à Diego Lopez, et ajuste le portier espagnol d'une magnifique balle piquée (10e, 1-0). Un but marqué du sceau des Gunners. Jeu en mouvement, précision technique et finition imparable. Du grand art. Auteur de vingt-cinq minutes tonitruantes en termes d'intensité de jeu et de justesse dans la récupération du ballon, Arsenal manque l'occasion de doubler la marque. Theo Walcott, qui a fait passer une soirée cauchemardesque à Capdevilla, regagnait les vestiaires avec le sentiment du devoir accompli. Au contraire de son adversaire direct, asphyxié.

Transparent, dénué de tout état d'esprit de révolte, Villarreal ne pouvait pas rééditer une telle prestation en seconde période. C'est pourtant ce qu'a fait la bande à Robert Pires. Résultat de l'opération naufrage: deux buts encaissés (NDLR: Adebayor de l'extérieur du droit, 60e et van Persie sur penalty, 69e) un expulsé et une élimination en quart de finale de la Ligue des Champions. Prévisible. Wenger se permettant le luxe de faire souffler Walcott et van Persie à quinze minutes de la fin. Avec le retour en forme d'Adebayor (NDLR: cinq buts en cinq matchs) et de Fabregas, l'émergence de Song dans l'entrejeu et le retour de quelques blessés, les Gunners ont toutes leurs chances face à Manchester United. Surtout s'ils rééditent ce genre de performances.

"Nous avions annoncé avant le match que nous allions jouer pour le gagner. Nous l'avons fait de façon convaincante. Nous leur avons créé beaucoup de problèmes. J'étais impressionné par notre jeu, notre vitesse et notre niveau technique. Nous gagnons en confiance, étant donné les progrès que nous accumulons match après match en championnat. Face à United, ce sera un match très excitant, ce sera très intéressant. Ce soir je veux apprécier la qualification. Avec MU, nous avons le même programme en cette fin de saison. Je crois que la forme du moment et la préparation physique feront la différence. Manchester United est une équipe qui attaque, nous aussi. Mais cela peut faire aussi 0-0, on ne sait jamais à l'avance."