Bordeaux n'a pas existé

A Stamford Bridge, Bordeaux a pu mesurer l'écart qui le sépare des grands d'Europe. Un océan ? Pas loin. Si la Ligue des Champions a commencé par une défaite sur le terrain des vice-champions d'Europe, ce qui en soit est tout à fait logique, la façon dont les joueurs de Laurent Blanc ont pris l'eau est très inquiétante pour l'avenir. Complètement passifs, les Girondins n'ont à aucun moment donné l'impression de vouloir ramener quoique ce soit de Londres. Pas de but donc, et pas de carton non plus, preuve que même l'engagement était aux abonnés absents.

De son côté, Chelsea ne s'attendait certainement pas à une partie aussi facile. A leur rythme, les hommes de Luiz Felipe Scolari ont donc pris rapidement le contrôle du jeu, plaçant des offensives efficaces, notamment sur les côtés. Observateurs plus qu'acteurs, les Girondins de Bordeaux ont quant à eux montré leurs limites, notamment sur les coups de pied arrêtés.

Le constat est inquiétant : Pas franchement réputés pour leur jeu de tête, Frank Lampard puis Joe Cole se jouent de la défense girondine et trouvent le chemin des filets en première période. A la pause, difficile de trouver des motifs de satisfaction et d'optimisme. La seconde période confirmera ce sentiment. Car au retour des vestiaires, si les Bordelais se montrent plus entreprenants, ce sont bien les Blues qui font le spectacle. Le dernier quart d'heure est même un festival de poteaux (trois !)... et de buts (deux !).

Dominateurs mais impuissants, les Bordelais font face à des contre-attaques tranchantes des Blues alors que les partenaires de Gourcuff piétinent avec le ballon. Joe Cole à droite, et un excellent Florent Malouda à gauche, font peser une menace permanente sur les buts de Ramé. Pas surprenant, dès lors, de voir l'arrière-garde girondine craquer dans le dernier quart d'heure. Malouda puis Anelka corsent l'addition et infligent une véritable gifle au représentant français tandis qu'au même moment, le modeste club de Cluj s'impose à Rome (1-2). Dur, dur !

Sans Essien (blessé), ni Drogba (suspendu) et avec Ballack sur le banc, Chelsea, s'est bien lancé dans la compétition. Les Blues ont surtout idéalement préparé le choc face à Manchester United, dimanche, en Premier League. Une autre opposition... Pour Bordeaux, en revanche, la pression pèse déjà sur l'effectif de Laurent Blanc. Car au-delà de la défaite, c'est surtout l'esprit conquérant qui a fait défaut à Stamford Bridge. La révolte est donc attendu dans quinze jours, à domicile, face à l'AS Roma qui, elle aussi, aura besoin de points. Voilà qui promet !

"Ce qui est regrettable, ce n'est pas le score. Chelsea a une équipe bien supérieure à la nôtre. Mais sur ce match-là, on est trop timide, on les a trop regardés jouer. Le reproche que j'ai déjà fait à mes joueurs, c'est de ne pas avoir tenté de répondre à la valeur de Chelsea. Il y a des choses à revoir dans l'agressivité. On se bagarre toute l'année pour jouer la Ligue des Champions, et quand on y est on devient timide. Il ne faut pas oublier qu'on est tombé sur une grande équipe. Mais on peut regretter de n'avoir pas été à la hauteur, dans l'état d'esprit et l'agressivité. C'est un problème qu'on a depuis le début de saison, cette agressivité absente dans les duels."