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Comment Allegri a redressé Milan

Eurosport
ParEurosport

Publié 11/03/2013 à 23:31 GMT+1

Le Milan est aux portes de l'exploit face au Barça. Sacrée trajectoire pour son coach, Massimiliano Allegri, près de la sortie à l'automne dernier...

2013, Massimiliano Allegri, Inter-Milan

Crédit: LaPresse

C'était le 11 novembre dernier. Ce jour-là, Milan s'inclinait sur sa pelouse contre la Fiorentina (1-3) et touchait le plus bas niveau de sa saison. Depuis fin août, Milan battait tous les records négatifs du club et Berlusconi commençait à attaquer son entraîneur, Massimiliano Allegri. Contre vents et marées, contre attaques et railleries, Allegri a fait face et a réussi à emmener l'AC Milan, quatre mois plus tard, dans la zone Ligue des Champions. S'il a été aidé par le retour en forme de certains cadres, le mérite revient à l'entraîneur italien qui a redressé le club grâce à un nouveau système tactique.
Des individualités au collectif
Comme souvent, pour ne pas dire toujours, Arrigo Sacchi avait sorti le bon diagnostic au moment d'évoquer le mauvais début de saison de son ancien club. L'ex-entraîneur, devenu consultant à la télé et coordinateur technique des équipes de jeunes de la sélection, expliquait que depuis deux saisons (comprenez depuis l'arrivée d'Ibrahimovic qu'il n'a jamais apprécié), Milan se reposait sur des individualités et ne savait plus jouer de façon collective. En d'autres termes, et j'avais déjà évoqué cette "tactique" dans de précédents articles, tout le jeu du Milan tournait autour de Zlatan Ibrahimovic et les autres joueurs ne faisaient rien d'autre qu'attendre le déclic du Suédois pour faire basculer les matchs en leur faveur.
Zlatan parti, avec dans son sac Thiago Silva, le meilleur défenseur de Série A et pilier de la défense milanaise, le club de Berlusconi a dû réapprendre à jouer. Et cela a mis du temps. Et comme les entraîneurs n'en ont jamais en Italie, Allegri a tâtonné pendant deux mois et demi et a changé de système de jeu à plusieurs reprises. Car il avait bien compris que son 4-3-1-2 "spécial Ibrahimovic" ne tenait plus avec le départ du suédois : il a essayé tour à tour le 4-2-4, la défense à trois, un milieu à cinq, et d'autres. Sans succès. Le schéma le plus convaincant avait été le 4-2-3-1 qu'il avait bizarrement changé après des victoires contre Cagliari et Parme, et certes une défaite dans le derby milanais. C'est là qu'il avait tenté un retour à sa vieille tactique très axiale, puis avait essayé la défense à trois, provoquant la colère de Berlusconi. Le boss avait alors reproché à son entraîneur de faire trop de changements tactiques alors que lui-même expliquait à longueur d'interview qu'il "ne prenait aucun plaisir à changer de système tactique" car son équipe "n'avait pas le temps pour le travailler à l'entraînement."
Le passage au 4-3-3
Allegri est ensuite revenu au 4-2-3-1 avant de basculer définitivement sur un 4-3-3 qui est très proche de la première formule. L'entraîneur a notamment été convaincu par les performances d'El Shaarawy sur le côté gauche. Libéré de l'emprise d'Ibrahimovic, Il Faraone a porté l'équipe à bout de bras pendant des semaines. Devant sa grande activité et sa résistance physique, Allegri a décidé de le mettre côté gauche pour qu'il travaille aussi bien offensivement que défensivement. Problème, à droite, il n'y avait personne pour faire le même travail. Jusqu'à la trêve, Allegri a alors bricolé entre Emanuelson, Robinho et Bojan, tout en restant persuadé qu'aucun de ses joueurs ne faisait réellement l'affaire car ils aimaient provoquer balle au pied, là où le 4-3-3 d'Allegri nécessite des ailiers au travail sans ballon important (appels, élargir la défense, ne pas trop rentrer dans l'axe sauf quand le jeu est à l'opposé, etc).
Allegri a alors tenté un pari gagnant en alignant début janvier M'Baye Niang côté droit. Un joueur qui colle à ce que le technicien a longtemps cherché dans son effectif : rapide, bon techniquement, capable de multiplier les appels, et surtout jouant collectif et pas personnel comme un certain Robinho. En plus, Niang et El Shaarawy de l'autre côté, ont les qualités requises pour faire briller Pazzini et Balotelli. L'arrivée de l'ancien Citizen a offert de nouvelles possibilités à Allegri, et si, pour le moment, Balotelli est loin de m'avoir impressionné depuis son retour, il a eu le mérite de marquer des buts importants. Tout comme Pazzini qui a retrouvé sa confiance depuis début janvier (six buts). Car Allegri a aussi pu compter sur le retour en forme de joueurs importants.
Des joueurs enfin à leur niveau
Si Allegri a eu le mérité de lancer un joueur comme M'Baye Niang et d'avoir installé comme titulaire Mattia De Sciglio, la remontée n'aurait pas été possible sans le retour en forme du milieu de terrain du Milan qui protège mieux la défense et apporte plus de créativité devant. Flamini et Muntari ont retrouvé leur rôle de pistons, capables de récupérer le ballon, le relancer proprement et de multiplier les courses vers l'avant. Montolivo a été installé en regista devant la défense et s'est habitué au poste. Son influence dans le jeu milanais grandit de jour en jour et sa polyvalence permet à Allegri de l'aligner également en interno pour mettre Ambrosini devant la défense lors de matchs cruciaux, comme face au Barça. Quant à Boateng, il reste le premier joker de luxe de cette équipe. Il est passé de numéro 10 et de sa connexion ultra-physique avec Ibrahimovic, à premier remplaçant, aligné un peu partout en cas de besoin. Seul Nocerino semble un peu à côté de ses pompes et ne parvient pas à retrouver son niveau exceptionnel de la saison passée.
Tactiquement, Massimiliano Allegri a également arrêté de bricoler sur le côté gauche de la défense et a décidé d'aligner Kevin Constant à ce poste. Pas vraiment spécialiste puisque formé comme milieu offensif, l'ancien joueur de Châteauroux n'est pas extraordinaire mais fait son boulot avec sérieux et application. Et son activité permanente côté gauche permet d'apporter des solutions supplémentaires en cas d'attaques placées.
Berlusconi le laisse enfin tranquille
Les bons résultats ont entraîné le retour du calme à Milanello. Terminées les rumeurs de licenciement, Allegri travaille sereinement au quotidien. La question est désormais de savoir s'il sera prolongé, et non plus de se demander à quelle sauce il sera mangé. La situation est plus confortable pour lui (contrat jusqu'en 2014 et de nombreux clubs le courtisent).
Allegri a beau avoir relevé le Milan, peu de journalistes lui accordent du crédit. Pourquoi ? Difficile à dire. Il y a d'abord ceux qui pensent que Berlusconi est plus important dans la remontée du Milan que l'entraîneur, grâce à ses visites hebdomadaires à Milanello au plus fort de la crise. Si ses visites se sont espacées avec sa campagne politique, il n'en reste pas moins un personnage qui fait beaucoup parler dans le milieu de la presse sportive.
Il y a ensuite l'image que renvoie Allegri lui-même. Au bord du terrain, il est raillé pour ses "Dai dai dai" successifs, qui sont souvent ses seules consignes pendant les matchs. Sur ce point, deux écoles s'affrontent. Ceux qui expliquent que le travail de l'entraîneur s'arrête au début du match et qu'il ne peut ensuite agir que comme motivateur, car ce sont les joueurs qui décident de l'issue du match sur le terrain, et ceux qui pensent que des conseils tactiques en plein match ne font jamais de mal et permettent parfois de corriger certains problèmes. Pourtant, au plus fort de la crise, il a combiné des réussites tactiques (passage au 4-3-3) et des choix décisifs (Niang et De Sciglio titulaires, Montolivo regista, plus de concurrence au milieu de terrain, Robinho sur le banc). Mais cela est peu remarqué de l'autre côté des Alpes.
Enfin, il y a l'impression que donne Milan. Depuis son arrivée en Lombardie, l'équipe d'Allegri ne flambe pas et est souvent très réaliste. Elle n'est pas spectaculaire et offre rarement de grandes performances. C'est aussi ce qui explique l'enthousiasme général après la victoire face au Barça, pour ce qui est certainement le plus grand match d'Allegri avec Milan. Et il faudra sans aucun doute une deuxième performance de cet acabit pour pouvoir réaliser l'exploit et sortir le Barça de la Ligue des Champions mardi soir.
Johann CROCHET : Créateur de flashfoot.fr, blogueur, Johann Crochet a l'habitude de dire qu'une bonne journée commence par une revue de presse italienne et qu'une bonne année se mesure au nombre de matches de Serie A vus dans les stades. Par goût, il suit aussi le foot néerlandais et les championnats scandinaves.
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