La mauvaise passe de Cris

Le Policier a perdu en rigueur. Surnommé ainsi par Mickaël Essien en 2004 à son arrivée en France, en raison de son allure austère et de son crâne rasé, Cris avait l'habitude de justifier son surnom sur les pelouses de l'Hexagone. Défenseur intraitable et commettant peu de fautes, Cristiano Marques Gomes était même devenu l'un des meilleurs défenseurs d'Europe. Un véritable pilier pour l'OL. Depuis le début de la saison pourtant, le Brésilien n'est que l'ombre de lui-même.

Claude Puel croyait pouvoir s'appuyer sur lui. Pour l'ancien technicien lillois, Cris était le patron de l'arrière-garde lyonnaise. Celui qui devait prendre la relève après le départ de Grégory Coupet. Mais voilà, l'ancien joueur du Cruzeiro Belo Horizonte n'a pas totalement récupéré de son opération au genou droit il y a un an. Revenu peut-être un peu trop tôt la saison passée devant l'urgence de stabiliser la défense rhodanienne, il paye aujourd'hui les frais et semble subir un contrecoup.

Devant l'état de forme de son défenseur, Puel est obligé d'innover. Et Cris a perdu son statut "d'indispensable". Peu en vue contre Grenoble, il a dû se contenter d'un statut de remplaçant, sans entrer en jeu, face à Saint-Etienne pour le derby, le 31 août. Une situation qu'il a déjà connue à deux reprises en cinq journées de L1. Pour enfoncer le clou, il a touché le fond samedi pour son retour dans le onze lyonnais en étant fautif sur les deux buts inscrits par Nice. Surtout sur le second, lorsque Rémy résiste à sa charge molle. "Sur les buts encaissés, ce n'est pas un seul joueur qui doit être incriminé. Il y a quatre ou cinq joueurs fautifs. C'est une succession d'erreurs", glisse Puel dans Le Progrès pour calmer l'affaire.

Son cas inquiète pourtant de plus en plus. Et les questions s'accumulent. "En défense, Cris est hésitant. Il n'est plus aussi rageur qu'auparavant et je ne m'explique pas pourquoi", lance Di Nallo, l'ancien attaquant international de l'OL dans France Football. A l'image des autres joueurs et de son entraîneur, Kim Källström défend de son côté son coéquipier et souligne l'importance du Policier dans le groupe : "Il démontre toujours son véritable caractère. Il est important dans le vestiaire et dans notre effectif. Il faut lui donner du temps car on ne peut pas revenir comme cela tout de suite".

Mais voilà : à l'heure de retrouver la Ligue des Champions, cette baisse de régime tombe au plus mal. Lyon aborde en effet la plus prestigieuse compétition continentale avec une défense aux ailes coupées (François Clerc et Fabio Grosso sont blessés) et, donc, un leader loin de son niveau. Dans ces conditions, Puel va devoir trancher dans le vif. Et peut-être faire confiance à Jean-Alain Boumsong, qui avait assuré contre Saint-Etienne, ou à John Mensah pour épauler un Mathieu Bodmer qui se voyait jusqu'à présent plutôt comme un milieu de terrain. Quitte à aligner Kim Källström à gauche. Du bricolage en gros. Mutu et Gilardino, les deux attaquants de la Viola, se chargeront de tester la solidité de l'affaire. Et peut-être la rigueur du Policier...