Anderlecht, le faux ami

PALMARES D'ANDERLECHT
C1: Demi-finale (1986)
C2: Victoire: (1976, 78)
C3: Victoire (1983)

ANDERLECHT EN COUPE D'EUROPE
Matchés joués: 318
Victoires: 149
Nuls: 63
Défaites: 106
Buts marqués: 529
Buts encaissés: 407

ANDERLECHT FACE AUX CLUBS FRANCAIS
Matchés joués: 14
Victoires: 6
Nuls: 7
Défaites: 1
Buts marqués: 19
Buts encaissés: 11

Il aura donc fallu attendre 27 ans après la création des Coupes d'Europe pour que le plus grand club belge ne croise la route d'un voisin français sur la scène continentale. C'est le RC Lens qui a l'honneur de s'y coller. Les deux clubs se retrouvent en huitièmes de finale et Anderlecht doit venger la patrie. Pour se hisser à ce stade, Lens vient en effet de sortir coup sur coup deux clubs belges: La Gantoise, d'abord, puis Antwerp, ensuite. Evidemment, Anderlecht représente un bien plus gros morceau. Les Mauves sont tout simplement les vainqueurs sortants de l'épreuve. A Bollaert, tout s'emballe en fin de match. Edwin Vandenbergh ouvre le score à trois minutes du terme et croit offrir la victoire aux Belges. Vient alors le fameux épisode du caillou de Jacky Munaron. Sur une passe en retrait anodine, le gardien du RSCA voit le ballon rebondir sur une pierre jetée des tribunes. Surpris par le rebond, il ne peut que dévier le ballon dans son but. Munaron a beau lever la main, ce but improbable est accordé. Lens arrache un match nul pour le moins heureux. Mais au retour, l'exploit n'aura pas lieu. Anderlecht domine et s'impose 1-0 grâce à un but de De Greet à sept minutes de la mi-temps. Le RCL ne réussira pas son hat-trick belge...

Vainqueur de la Coupe de France sans avoir battu un seul club de Division 1, le FC Metz retrouve la Coupe des Coupes en septembre 1988. Le club lorrain espère refaire le même coup que quatre ans plus tôt, face au Barça. Il lui faut un exploit, car Anderlecht, dirigé par un certain Raymond Goethals, évolue dans une autre dimension. Fragilisé par plusieurs départs à l'intersaison, et handicapé par les blessures de ses attaquants Bernard Zénier et Eric Black. Devant son public de Saint-Symphorien, Metz ne fait pas le poids. Dès la première minute, le malheureux Antoine Pfrunner marque contre son camp en trompant Michel Ettore. Le buteur australien Eddie Krncevic signe un doublé et la rencontre tourne à la démonstration. Jean-Louis Zanon, de sa patte gauche, sauve l'honneur sur coup-franc. Peu importe. Anderlecht s'impose 3-1 puis 2-0 au retour. Mais les joueurs de Goethals n'iront guère plus loin. Au tour suivant, ils seront sortis par... le FC Malines, tenant du titre, dans un duel fratricide.

En ce début des années 90, Anderlecht vit la fin de son âge d'or. Le RSCA a joué (et perdu, 2-0) en 1990 face à la Sampdoria la finale de la Coupe des Coupes. Sa dernière à ce jour. Alors que le football change, avec l'apparition de la Ligue des champions et l'arrête Bosman, le club phare du football belge ne pourra bientôt plus rivaliser avec ses concurrents européens. En cette saison 1992/93, l'effectif a néanmoins encore fière allure. Anderlecht aligne les deux tiers de l'équipe de Belgique (Nilis, Boffin, Albert, Crasson, Walem...) et quelques internationaux néerlandais, dont les attaquants Johnny Bosman et Peter Van Vossen. Le PSG, force émergente sur la scène européenne, qui vient d'éliminer Naples, s'attaque donc à un gros morceau du continent en 1/8e de finale de la Coupe UEFA.

Le match aller, au Parc des princes, est fermé. David Ginola reçoit deux cartons jaunes en quelques minutes en première période. Avant la demi-heure de jeu, Paris se retrouve à 10 et bien mal embarqué. Mais à la reprise, Philip Albert est expulsé à son tour. A 10 contre 10, les deux équipes se quittent sur un score vierge, plutôt favorable aux Belges. Au retour, ce 8 décembre 1992, le Parc Astrid est surchauffé. Le PSG est privé de Ginola, suspendu, mais aussi de Weah, alors qu'Anderlecht récupère son buteur Johnny Bosman. C'est lui qui est à la réception d'un centre venu de la gauche de Van Vossen pour l'ouverture du score à la 53e minute. A cet instant, Paris est éliminé. Sans Weah ni Ginola, les hommes d'Artur Jorge doivent absolument marquer. Leur sauveur entre en jeu à la 66e minute. C'est Antoine Kombouaré. A un quart d'heure de la fin, l'ancien Nantais libère Paris d'un coup de tête rageur sur un énième corner. Le PSG se hisse en quarts de finale. Il y retrouvera le Real Madrid, et c'est un autre coup de tête de Kombouaré, à l'ultime seconde du match retour, qui qualifiera Paris.

Une décennie après sa double confrontation mémorable avec le PSG, Anderlecht croise à nouveau un club français. L'arrière droit Bertrand Crasson est le seul rescapé du duel face aux Parisiens. Cette fois, ce sont les Girondins de Bordeaux qui sont au menu. Anderlecht a perdu de sa superbe et ne joue plus dans la cour des grands. Mais les Bordelais ne sont pas au mieux non plus et cette double confrontation au stade des 16e de finale de la Coupe UEFA va tourner au cauchemar pour les Girondins. Le match aller se tient en France. Peu inspiré devant des tribunes aux deux-tiers vides, Bordeaux s'incline 2-0 sur sa pelouse, sur des buts de Jestrovic et Hasi. Le match retour confirme la tendance de la première manche. Nenad Jestrovic, encore lui, et Aruna Dindane, marquent deux fois. Bordeaux sauve l'honneur par un doublé de Darcheville dans les dix dernières minutes. Insuffisant pour masquer un véritable fiasco.

Cinq ans après, les deux équipes se retrouvent, toujours en Coupe de l'UEFA. Entre ces deux affrontements, Anderlecht a croisé la route de Lyon et Lille en Ligue des champions, lors de la phase de poules. En 2004, l'OL s'est fait piéger en Belgique avant de s'imposer à Gerland. C'est, à ce jour, l'unique victoire d'un club français en Coupe d'Europe face à Anderlecht. Trois ans plus tard, Lille a obtenu deux nuls face aux Bruxellois. Le LOSC franchit le premier tour, au contraire d'Anderlecht. Il faut donc attendre le mois de février 2008 et les 16e de finale de la Coupe UEFA pour assister à un nouveau duel direct. Et c'est encore Bordeaux qui s'y colle. Les Girondins partent favoris, même si Laurent Blanc profite de la Coupe d'Europe pour faire tourner son effectif. Anderlecht, après un début de saison catastrophique, relève néanmoins à la tête. Bordeaux aurait dû se méfier. Au match aller, les Belges s'imposent 2-1 sur un but de M'Penza inscrit à la 94e minute, profitant d'une grosse faute défensive de Diawara. Les Girondins pensent tout de même faire la différence au retour; Trois jours avant cette seconde manche, ils signent une victoire historique à Monaco (0-6). Mais Blanc s'entête à reposer ses cadres. La perspective de retrouver le Bayern Munich en huitièmes de finale ne suffit pas à motiver les Bordelais. Contre le cours du jeu, Anderlecht ouvre la marque en première période. Malgré l'égalisation de Cavenaghi à 20 minutes de la fin, Bordeaux sort la tête basse et termine même à neuf. Décidément, Anderlecht n'est pas l'ami des clubs français. A Lyon de s'en souvenir...