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Au pays des socios

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ParEurosport

Mis à jour 28/05/2011 à 13:33 GMT+2

Comme trois autres clubs en Espagne, le FC Barcelone, qui affronte Manchester United samedi (20h45) en finale de la Ligue des Champions, fonctionne sous le régime des socios. Un système démocratique unique qui explique en partie pourquoi les clubs sont si populaires sur la péninsule.

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Crédit: Eurosport

L'Espagne vit une passion particulière pour le football. De l'autre côté des Pyrénées, il n'y en a que pour les clubs. La sélection, pourtant championne du monde et d'Europe en titre, passe au second plan. "J'échange cent fois notre titre de champion du monde contre une Ligue des Champions pour l'Atletico Madrid", lance Javier, un supporter du club madrilène. A ses côtés, un sympathisant du Barça et un socio du Real, deux clubs qui ont pourtant plus d'un titre de champion d'Europe à leur actif, acquiescent. Manifestement, l'équipe nationale ne fédère pas autant en Espagne qu'en France par exemple. L'une des raisons majeures de ce phénomène, c'est le rapport particulier entre les clubs et leurs aficionados sur la péninsule ibérique. Une spécialité espagnole symbolisée par les socios.
Les socios, il n'y en a pas qu'en Espagne cependant. C'est même un club portugais qui en a le plus, en l'occurrence Benfica (les chiffres varient selon les sources, mais ils seraient près de 200 000). Et il faut distinguer plusieurs catégories de socios. En Espagne, ceux qui sont propriétaires de leur club sont au FC Barcelone, au Real Madrid, à l'Athletic Bilbao et à l'Osasuna Pampelune. Pour les autres, si le terme de socio est également employé, sa signification se rapproche plutôt de celle d'un abonné tel qu'on en a en France. Au Barça en revanche, ils sont environ 160 000 à influer directement sur les destinées du club. Ils ont notamment le droit de vote pour l'élection du président et du Conseil d'administration. Le candidat à la présidence fait campagne et doit convaincre les socios de voter pour lui. C'est la même chose au Real, qui compte près de 90 000 socios. "Le Real Madrid appartient aux socios, ils en sont les propriétaires. Ils décident qui va diriger le club lors d'élections qui se tiennent tous les quatre ans. C'est pour ça que les socios jouent un rôle important dans le club", résume Javier Salguero, un sympathisant merengue.
Fierté ou illusion ?
Les socios n'ont pas tous les droits cependant. S'ils peuvent influer sur des décisions mineures lors des assemblées de socios, ils n'ont qu'un pouvoir très limité sur la politique générale du club. Par exemple, ceux du Barça n'ont pas eu leur mot à dire au sujet du partenariat conclu avec la Qatar Foundation, une décision forte pour un club qui n'avait jamais eu de sponsor maillot avant cet accord. D'après un sondage effectué par Radio Catalunya, ils étaient contre cette décision, à 70%. Mais le Barça portera bel et bien le nom de la Qatar Foundation sur son maillot la saison prochaine. Le fait que Sandro Rosell n'ait pas consulté les socios avant de valider ce partenariat a fait grincer pas mal de dents. Mais le président du FC Barcelone n'a pas fait d'entorse au fonctionnement du club en validant cette décision dans laquelle une majorité de socios du club catalan ne se reconnait pas. Etre socio, c'est la fierté d'être une partie d'un club autant que l'illusion de participer activement à son organisation. Même si la stratégie de Rosell n'est pas sans risque. En 2008, Joan Laporta avait failli perdre la présidence du Barça suite à une motion de censure déposée par un socio du club, Oriol Giralt. Laporta s'en était tiré alors que 60,6% des votants souhaitaient son départ. A 66%, il était destitué.
C'est toute la particularité du régime des socios, comparable à une société mise en place sur un mode démocratique. Un système qui justifie l'attachement unique des socios à leur club, qui explique en partie pourquoi la popularité des clubs est si forte en Espagne, mais qui n'échappe pas à une certaine réalité économique. La particularité d'un socio, c'est qu'il ne va pas forcément assister au match. La carte de socio demande une cotisation annuelle et donne droit à une réduction sur l'abonnement ou sur les prix des places, entre autres. Pour voir tous les matches, il faut payer en plus une carte d'abonnement. Javier Salguero n'est pas socio du Real Madrid, mais il a deux cartes : celle de sympathisant et celle d'abonné au stade Santiago-Bernabeu. A ses côtés, son ami Javi Banea a la carte de socio du Real, mais il n'est pas abonné et va rarement au stade. Etre socio, cela lui a coûté 143 euros pour la saison 2010/2011. Pour voir les matches du Real (sans la Ligue des Champions) en haut du quatrième amphithéâtre derrière un but (les tribunes les moins chères, si l'on excepte celle des UltraSurs), il aurait dû débourser 250 euros en plus. Etre socio et abonné au Real, c'est 400 euros minimum. En temps de crise, c'est un budget. "Avant, la plupart des socios allaient au stade. A l'époque du foot-business, c'est devenu beaucoup trop cher de s'offrir toutes les cartes", résume un vieux de la vieille, désabusé. Quelques minutes plus tard, il retrouvera toute sa ferveur pour chanter l'hymne madridiste.
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