Un Ferguson averti…

Rome est éternelle. La rancœur et les regrets de Ferguson le sont également. Depuis deux ans, le manager de Manchester United ressasse, rumine. Mais cette finale perdue au stade Olympique face au FC Barcelone (2-0), Fergie l’orgueilleux n'aime pas qu'on lui en reparle. A l’époque, déjà, il n'avait pas apprécié la saillie de Cristiano Ronaldo qui, au coup de sifflet final, avait manqué d’élégance en incriminant son manager, lâchant à chaud que tout était allé de travers et que la tactique mise sur pied par Ferguson n'était pas adaptée au collectif catalan. Intelligent, Sir Alex a toujours appris de ses erreurs. Et cette revanche, l'ancien manager d'Aberdeen la prépare depuis un bon bout de temps.

Le manager de Manchester United a refait le match plus d’une fois afin de comprendre. Au stade Olympique, les Mancuniens avaient décidé de prendre le taureau par les cornes et le ballon des pieds barcelonais. Durant dix courtes minutes, cela a marché à merveille. Et puis patatras… Le château de cartes s'est effondré après l'ouverture du score d'Eto'o (10e). MU a commencé à allonger, changé son 4-4-2 pour un 4-1-4-1 en seconde période puis empilé les attaquants en faisant entrer Tevez (46e) et Berbatov (66e) aux côtés de Rooney et Ronaldo, comme si cela suffisait pour percer une défense catalane privée à l’époque de trois de ses quatre titulaires. La greffe n'a pas pris. Faute de plan B, Manchester United a perdu une finale de coupe d’Europe pour la première fois de son histoire.

Un plan B, le champion d'Angleterre en aura un samedi soir à Wembley. Depuis que le 19e titre national est acquis, le manager de Manchester United fait travailler ses hommes sur un 3-4-3 assez inhabituel. Selon le Daily Telegraph, ce plan B, Ferguson le sortirait de sa poche si ses joueurs venaient à se trouver une nouvelle fois dans la position du chasseur. Smalling viendrait renforcer l'axe de la défense, Evra et Fabio se transformeraient en essuie-glace dans leur couloir respectif, épaulant Giggs et Carrick dans l'entrejeu. Devant, Rooney évoluerait légèrement en retrait de Chicharito et de Valencia. L’idée ? Etouffer les Barcelonais.

Qui dit plan B dit plan A. Celui-ci n'a rien de révolutionnaire sur le papier. Le 4-4-2 (ou 4-4-1-1) de Wembley aura le même visage que celui des quarante-cinq premières minutes à Rome, mais pas la même expression. Samedi soir, il ne sera pas question d’essayer de prendre les Barcelonais à leur petit jeu et de faire les fiers à bras. Ferguson a compris. "Ça a été un choc pour notre fierté. On avait fait quelques erreurs. Là, nous sommes concentrés et mieux préparés." Ses hommes, qui sont à quelques exceptions - de taille (Tevez et Ronaldo sont partis, ndlr) - ceux de la finale 2009, ont revu le match en vidéo cette semaine. Qu'ont-ils appris ? Sur le Barça, pas grand chose. Sur eux-mêmes ? Probablement beaucoup plus. Alex Ferguson n'en attend pas moins.