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"Une question d'honneur"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 03/05/2011 à 17:42 GMT+2

De par son passé d'entraîneur de la Real Sociedad ou son rôle de consultant télé spécialiste des affaires de la Liga, Raynald Denoueix porte un regard plein d'acuité sur le Clasico. L'ancien technicien nantais explique pourquoi chaque duel Real-Barça dépasse de loin le cadre du football.

FOOTBALL - 2002- Denoueix

Crédit: AFP

Raynald Denoueix l'avoue. Avant la fin de sa vie nantaise, il portait un retard lointain sur le Clasico. Pour lui, le Real Madrid et le FC Barcelone étaient des grands noms, des grands clubs, mais les aspects spécifiques de ce match pas comme les autres lui restaient étrangers. Tout a changé depuis près de dix ans (1). Comme entraîneur de la Real Sociedad, puis à travers son rôle de consultant sur Canal +, spécialisé dans la Liga, il est devenu un fondu du Clasico.

Cette double casquette coiffée au cours de la dernière décennie lui a permis d'avoir un regard de l'intérieur puis plus distancié sur les rapports entre Merengue et Blaugrana, et sur ce que représente réellement le Claciso. Un match, bien au-delà du football, ancré dans les spécificités de l'identité espagnole. "Quand je suis arrivé en Espagne, explique-t-il, j'ai tout de suite senti et compris ce qu'était l'Espagne: un ensemble de différentes provinces. Chaque club est le porte-drapeau d'une province, ça catalyse beaucoup de choses. C'est l'identité de tout un peuple. Il y a un sentiment très fort de régionalisme qui fait exister au niveau national."

"Il y a tellement de choses qui gravitent autour du Clasico..."

Pour celui qui avait passé toute sa carrière dans le cocon nantais, comme joueur, responsable du centre de formation puis entraîneur de l'équipe première, ce fut une plongée dans un monde nouveau. "On n'a pas le même rapport aux choses en France, reprend Denoueix. Chez nous, un match de foot, c'est évidemment une passion pour équipe, mais ça reste un match. En Espagne, c'est ton identité qui est en jeu chaque week-end. En Espagne, on voit que les supporters des deux clubs se préparent avant la rencontre." On ne peut comprendre le Clasico tant que l'on n'a pas compris ça. "Comme pour n'importe quel autre match, le Clasico, c'est avant tout un match identitaire." Mais le phénomène est décuplé. Parce que c'est le Real. Parce que c'est le Barça. "Mais aussi parce que c'est la Catalogne contre le pouvoir central, contre Madrid", précise-t-il.

A Saint-Sébastien, on ne parlait certes pas du Clasico tous les jours, mais l'intérêt porté à cette rivalité était peut-être plus fort que dans d'autres coins de l'Espagne. Le Pays Basque et la Catalogne sont les deux régions où le sentiment nationaliste est le plus fort. "Il existe un vrai feeling entre Catalans et Basques, je l'ai ressenti fortement", explique l'ancien entraîneur de la Real Sociedad. Dans leur rapport au centralisme madrilène, Basques et Catalans sont effectivement sur la même longueur d'ondes, même si le combat indépendantiste a pris un tour plus sombre au Pays Basque. Mais l'ETA a toujours répété que jamais la Catalogne ne serait frappée par un attentat. I, poursuit Denoueix, le match reste un sommet de la Liga. Mais les Basques sont forcément plus pro-catalans contre la capitale."

Aujourd'hui, son rôle de commentateur a permis à Raynald Denoueix d'aborder le Clasico sous un autre angle, celui des médias. Là encore, il a découvert un autre monde. "En tant que consultant, j'ai eu un regard différent. J'ai pu voir que la presse catalane ou madrilène est elle aussi identitaire dans ses critiques, note-t-il. Elle relate les évènements selon sa sensibilité. Elle est "non-objective" au possible, partisane. C'est vraiment très particulier." Mais tout l'est, avec le Clasico. Voilà la conclusion de Raynald Denoueix: "Il y a tellement de choses qui gravitent autour de cet évènement. Tout est remis en jeu avant chaque match. Ce ne sont pas un match aller puis un match retour. C'est plus que trois points, plus qu'une finale même. C'est plus que tout ça réuni. C'est une question d'honneur. Il faut réaffirmer sa supériorité sur le grand rival. C'est au-delà du football et du résultat."

(1) Raynald Denoueix est devenu entraîneur de la Real Sociedad à l'été 2002. Il y a passé deux saisons, menant notamment le club de Saint-Sébastien en Ligue des champions.
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