Chelsea en mode Barça

Chelsea a donné la parole à sa défense jusqu'au bout. Les Blues ont joué en finale de la Ligue des champions face au Bayern Munich comme ils l'avaient fait face au FC Barcelone en demi-finale. Le style différent de l'adversaire et l'absence de joueurs clés du système défensif du club anglais n'ont pas empêché Roberto Di Matteo de mettre en place une tactique identique. La stratégie n'était pas sans risque, car elle consistait à laisser le Bayern maître du ballon et du jeu devant son public. Mais elle a encore fonctionné.

RDM a donné le ton dès sa composition d'équipe. Le jeune Ryan Bertrand n'avait jamais disputé la moindre rencontre de Coupe d'Europe. L'entraîneur de Chelsea a quand même choisi de titulariser le jeune joueur de 22 ans, latéral de formation, au poste de milieu gauche. Avec une mission assez claire : coller aux basques de Philipp Lahm durant l'intégralité de la rencontre, afin d'empêcher le capitaine du Bayern d'apporter le surnombre et de combiner avec Arjen Robben sur le côté droit. Salomon Kalou a été assigné au même rôle sur le côté droit, dans un 4-2-3-1 très proche de celui aligné face au Barça en demi-finale. Au milieu, John Obi Mikel, Frank Lampard et Juan Mata, placé un cran plus haut en soutien de Didier Drogba, n'ont quasiment jamais pressé le milieu adverse. Ils se sont simplement attachés à rester toujours devant le porteur du ballon, afin de dresser ce mur sur lequel Barcelone s'était cassé les dents au tour précédant.

Cette volonté de bloquer les couloirs s'est avérée efficace. Surtout sur le côté gauche de la défense des Blues, où le binôme composé par Ashley Cole et Ryan Bertrand a pris le dessus sur le duo composé par Philipp Lahm et Arjen Robben, grâce aussi à la maladresse certaine affichée par l'ailier néerlandais sur l'ensemble de la rencontre. A droite en revanche, Salomon Kalou a souvent mis José Bosingwa en danger. L'Ivoirien a commencé par respecter les consignes de Di Matteo à la lettre, mais son instinct d'attaquant a pris le dessus petit à petit. Il s'est mis à dézoner, à être moins présent dans le repli défensif au fil des minutes. Mais le Bayern n'a pas su exploiter ses situations de surnombre sur ce côté. Par manque d'adresse, mais aussi parce que Diego Contento n'a pas donné les solutions offertes habituellement proposées par David Alaba, suspendu pour cette finale.

Jusqu'à ce que le club bavarois finisse par trouver l'ouverture, grâce justement à une supériorité numérique sur le flanc droit de son attaque exploitée par Toni Kroos, dont le centre a été repris victorieusement par Thomas Müller. Di Matteo, qui avait remplacé Bertrand par Florent Malouda poste pour poste quelques minutes auparavant, a immédiatement sorti Kalou pour le remplacer par Fernando Torres. Sans pour autant changer son schéma tactique. Alors qu'on pouvait s'attendre à voir l'Espagnol épauler Didier Drogba en pointe de l'attaque, il a bel et bien repris le côté droit occupé jusqu'ici par Kalou. Un choix payant. C'est sur ce côté qu'El Nino a obtenu le corner qui a abouti à l'égalisation de Drogba de la tête, au premier poteau. Un but qui a relancé Chelsea vers une victoire finalement acquise aux tirs au but. Et qui a validé la stratégie de Di Matteo. Encore une fois.