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Liza : "L'âme du Bayern"

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ParEurosport

Mis à jour 27/03/2012 à 17:51 GMT+2

Avant Marseille - Bayern, Bixente Lizarazu nous fait découvrir l'institution bavaroise. L'ancien arrière latéral, aujourd'hui consultant pour TF1, RTL et L'Equipe, est tombé amoureux d'un club et d'un pays où il a passé les meilleures années de sa carrière et dont la France devrait s'inspirer.

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Crédit: Eurosport

L'OM va croiser le fer avec le Bayern pour la première fois de son histoire. Si vous deviez présenter cette institution du football allemand, que diriez-vous ?
Bixente Lizarazu : Le Bayern, c'est le club numéro 1 en Allemagne. De toute manière, c'est simple : lorsqu'il faut positionner un club dans l'histoire, il suffit de regarder son palmarès. Le Bayern, c'est quatre Ligue des Champions, deux Coupes Intercontinentales, une vingtaine de titres de champion d'Allemagne (22)... C'est le Top  4 ou 5 européen. C'est aussi un club très familial. Ultra-médiatisé mais resté très famille. On s'y sent hyper-protégé. On l'a vu avec Franck Ribéry. Il l'a été dans une période très compliquée pour lui. C'est tout cela qui fait un grand club. Et il faut rajouter un point important. On parle beaucoup de fair play financier de nos jours. Il faut savoir que c'est le seul club au monde capable de gagner des titres et être bénéficiaire à chaque fin de saison. Je ne connais pas de club capable de gagner autant de titres que le Bayern et, à la fin, être bénéficiaire. Les autres grands clubs européens n'arrivent pas à tenir les cordons de la bourse.
Vu de France, le Bayern Munich n'a pas la "stature médiatique" du Real Madrid, du FC Barcelone ou de clubs anglais comme Manchester United, Arsenal ou Chelsea. Comment expliquez-vous ce déficit de popularité ?
B.L. : Je dirais qu'il y a derrière tout cela de mauvais souvenirs sportifs avec l'Allemagne. Séville est passé par là. Après, il y a toujours les clichés, le côté froid par rapport à des pays comme l'Espagne. Mais une fois que l'on est sorti de ces clichés... On l'a bien vu lors de la Coupe du monde 2006 (ndlr : organisée par l'Allemagne). Elle a été une grande réussite. Tous ceux qui sont allés en Allemagne pour le Mondial sont restés sur le cul compte tenu de l'accueil qui leur a été réservé. La qualité d'organisation, l'état d'esprit convivial : ça a été un choc pour tous les supporters et les journalistes qui y sont allés. Cela n'a pas été une découverte pour moi qui suis arrivé en 1998. Il y a une vraie passion autour de la Bundesliga. J'ai vu ce que c'était l'Allemagne. Le football allemand et l'équipe nationale ont également évolué. En dehors du dernier match face à la France, elle pratique un football spectaculaire.
Comment expliquez-vous alors que cela persiste ?
B.L. : Toutes ces idées sur l'Allemagne, c'est lorsqu'on ne voyage pas, que l'on ne va pas au contact. Ça a bien changé par rapport à l'image qu'on en avait. Même pour moi, à l'époque, il me paraissait plus évident d'aller dans le Championnat d'Espagne par exemple. Finalement, je me suis éclaté là-bas. Je ne suis pas resté neuf ans par hasard. J'ai eu la chance de tomber dans une bonne période, de travailler avec un entraîneur fabuleux, Ottmar Hitzfeld, et des dirigeants de très grande qualité, que sont Franz Beckenbauer, Uli Hoeness ou Karl-Heinz Rummenigge. Ce sont des gens qui connaissent le foot. Avec eux, un "oui" est un "oui". Un "non" est un "non". Ils assument leurs choix et, surtout, ils savent gérer les problèmes vite. Ils ne cultivent pas le conflit. C'est très agréable, il n'y a pas d'ambigüité, tu ne t'attends pas à prendre un coup dans le dos. Il n'y a pas de méfiance.
Beckenbauer, Hoeness, Rummenigge : la direction du Bayern est composée d'anciennes gloires. Le Bayern est conscient de son histoire et avance grâce à elle. Les clubs français ne savent pas faire cela...
B.L. : Il est vrai que les clubs français ne savent pas le faire. Surtout, et c'est à signaler, le Bayern sait faire grandir ses anciens joueurs. Les mettre à des postes importants, mais progressivement pour leur apprendre le métier. Il leur fait confiance mais les encadre au départ. Un mec comme Uli Hoeness a été manager, il est aujourd'hui président. C'est également valable pour Rummenigge. Il est monté en puissance. Christian Nerlinger, avec qui j'ai joué, est aujourd'hui directeur sportif. C'est très intelligent. Un métier s'apprend. Il y a une âme dans ce club. L'histoire est forte. J'ai par exemple été invité aux 60 ans d'Uli Hoeness, ça veut dire quelque chose. J'ai eu la chance de vivre de grandes choses. Pour rien au monde, je ne changerais ma trajectoire. Ça c'est passé en Allemagne. La vie réserve parfois de belles surprises. Ces neuf années en Allemagne m'ont cadré pour beaucoup de choses dans ma vie actuelle.
Ces années bavaroises sont-elles les plus belles de votre carrière ?
B.L. : Oui. Il y a deux périodes différentes. Bordeaux et le Bayern. Du temps de Bordeaux, c'était l'insouciance. Je n'avais pas vraiment l'impression de faire de la compét'. On jouait au foot et il n'y avait pas l'exigence comme à Munich. Le Bayern, c'est vraiment la découverte du haut-niveau. Les matches tous les trois jours, le besoin de gagner des titres, la remise en question permanente. Evidemment, c'est la meilleure période de ma carrière. C'est là-bas que j'ai rempli l'armoire à coupes. J'ai eu la chance de jouer avec une sacrée génération : Kahn, Effenberg, Scholl, Elber, Sagnol... Une très belle aventure.
Quand vous parlez de cette aventure, quelle est l'image qui vous vient spontanément ? La C1 remportée face à Valence en 2001 ? Ce but exceptionnel contre Duisbourg ?
B.L. : Mon meilleur souvenir reste la finale de la Ligue des Champions. Duisbourg, cette reprise de volée, ça reste le plus beau but de ma carrière. Mais la Ligue des Champions... J'avais gagné la Coupe du monde et le Championnat d'Europe, des titres de champion d'Allemagne mais j'avais besoin d'un titre majeur en club. Il fallait au moins une fois. La gagner, ça a été un immense bonheur. En plus, ça se termine aux tirs au but. Il y a toute une histoire par rapport à cela parce que je ne tirais plus un penalty depuis l'Italie (ndlr : en quart de finale du Mondial 1998, Lizarazu avait manqué son tir au but). Là, on se retrouve aux penalties, il fallait y aller. J'ai marqué. C'est marrant mais j'ai eu l'impression de marquer pour le Bayern et pour les Bleus face à l'Italie. Le dossier était refermé (rires).
En plus, vous tirez lors de la mort subite...
B.L. : Oui, après les cinq premiers il y avait toujours égalité. C'était encore plus chaud.
Quand on surfe sur le site du club, on tombe sur une page Hall of Fame. Dans celle-ci, on trouve toutes les anciennes gloires du Bayern. Parmi lesquelles deux étrangers seulement : Giovane Elber et vous. Eux non plus ne vous ont pas oublié...
B.L. : Vous êtes le premier à m'en parler. C'est quelque chose. Je dois d'ailleurs y aller dans pas longtemps pour l'inauguration de ce Hall of Fame. Je sais que j'y suis, ça veut dire quelque chose. C'est beau de se dire que l'on a marqué l'histoire d'un club comme ça, qu'on va rester. On rêve tous de ça. En 1998, je suis parti dans mon trip en Allemagne, il en reste ça. J'en suis fier.
Vous vous imaginez un jour jouer un rôle dans l'encadrement du club ?
B.L. : J'aurais aimé, évidemment. Mais il aurait fallu décider de vivre à Munich. D'y construire ma vie. Mais ce n'était pas le projet que j'avais, je voulais vivre au Pays Basque. Mais le Bayern, c'est le top. J'ai construit autre chose, ce n'est pas si mal.
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