Ronaldo a repris la main

L'année 2012 n'est pas suffisamment avancée pour tirer des conclusions. Chercher à décerner le prochain Ballon d'Or avant l'heure s'apparenterait à un coup de poker. Même le compte Twitter de Raymond Domenech ne s'y risquerait pas. Mercredi soir, le suspense a agité les réseaux sociaux. Ronaldo ou Messi ? Cristiano ou Lionel ? Jusqu'à la séance des tirs au but, fatale au Real Madrid et à son goleador portugais, le doublé du Portugais avait donné du crédit à ses ardents défenseurs. Ceux qui prédisent la chute du roi argentin. L'échec de Ronaldo face à Manuel Neuer atténue quelque peu leurs certitudes. Mais il n'a certainement pas entamé celles de José Mourinho : "Il ne peut pas tout réussir, point final, a dédramatisé l'entraîneur merengue après l'élimination du Real. Je ne veux pas être aussi radical et dire qu'il est meilleur que Messi ou pas. Mais selon moi, il est facile de dire que cette saison, Cristiano a été le meilleur. Et de loin." Depuis le mois d'août, ça se discute. Depuis huit jours, l'avis tranché de Mourinho se justifie. CR7 a marqué de son empreinte les trois dernières rencontres. Celles qui comptent. Messi, lui, les a traversées tel un fantôme. En l'occurrence, un fantôme sur les rotules.

Il y a encore huit jours, le lutin argentin contenait pourtant les assauts répétés de son plus sérieux rival. CR7 avait beau tourner à une moyenne affolante d'1,10 but par match, il restait dans l'ombre de La Pulga (1,21). Tout ça, c'était avant. Les deux demi-finales de Ligue des champions et le Clasico sont passés par là. Sans accréditer totalement la thèse d'un croisement des courbes, ces trois rencontres ont redistribué les cartes. Messi est resté muet face à Chelsea. A Stamford Bridge, où son activité incessante lui a ôté toute lucidité dans la finition. Comme au Camp Nou, où il a tout manqué, y compris un penalty, son huitième en trente-trois tentatives. Face au Real, le pressing madrilène ne l'a pas laissé respirer. Et voilà comment l'homme qui venait d'inscrire 63 buts en 52 matches a mis un genou à terre.

Pendant ce temps-là, Ronaldo a fait des étincelles. Plutôt quelconque à Munich (2-1), l'ancien Mancunien a sorti le costume du sauveur sur la pelouse du Barça (1-2). Il a bien failli le rendosser quatre jours plus tard, face au Bayern. Son échec lors de la séance des tirs au but ternit le bilan de Ronaldo. Sans occulter qu'il a réussi là où son rival avait échoué la veille : lui a eu suffisamment de sang froid et de précision pour, en huit minutes chrono, transformer son vingt-cinquième penalty consécutif et ajuster tranquillement Manuel Neuer. Ces trois buts en trois jours ont eu le mérite de maintenir son ébouriffante moyenne d'1,10 but par match.

Handicapée par 270 minutes de mutisme, celle de Messi (1,14) a inévitablement baissé. Au moment où le Barça avait le plus besoin de lui. Ronaldo en a profité pour revenir à sa hauteur. A un tir au but près, il aurait même pris les devants. Jusqu'ici, le Ballon d'Or 2008 terrorisait surtout les défenses de Liga. Son doublé de mercredi prouve qu'il sait aussi briller sous les étoiles de la Champions League. En venant chasser sur les terres de son rival argentin, mais aussi en plaçant le Real sur la voie royale d'un sacre national qui le fuit depuis quatre ans, CR7 s'est donné les moyens de reconquérir son trône. A rendement égal, ou presque, les titres pèseront forcément dans la balande. Pour peu qu'il marque les esprits sous le maillot de la sélection portugaise, en juin prochain, il ne sera pas très loin du compte.