Jérémy Toulalan a réalisé une performance de très haut niveau lors de Malaga - Dortmund (0-0)

Le public espagnol, réputé pour son exigence et sa constante volonté de voir du beau football, ne s’y est pas trompé en chantant à la gloire de Jérémy Toulalan en plein cœur d’un quart de finale aller de Ligue des champions, aux deux visages, entre Malaga et le Borussia Dortmund (0-0). La performance du milieu de terrain face au BVB, mercredi soir à La Rosaleda, véritable mélange de classe, de labeur et de sobriété a séduit toute l'Espagne. Les réactions peuvent paraître limite dithyrambique certes, mais le milieu défensif de Malaga, aligné à la récupération au sein du 4-2-3-1 de Manuel Pellegrini, a réellement sorti sa tenue de soirée pour aider au mieux sa formation à mettre en échec le double champion d’Allemagne en titre. Si Malaga n’a pas rompu face aux terribles assauts allemands en première période (où Willy Caballero a dû effectuer 5 parades) c’est certainement grâce à l’énorme activité de l’ancien Lyonnais, propre et irréprochable sur le terrain. Une attitude qu'il respecte depuis son arrivée en Andalousie à l’été 2011. En avril 2013, elle a porté ses fruits. Toulalan n'est plus l'anonyme qu'il est redevenu voilà deux années.

A l’arrivée, l’intense activité de l’international français, tout au long de la rencontre, a marché. Malaga a repris ses esprits avant la pause et a surtout mis sous l’éteignoir la puissante formation allemande, touchée physiquement et moins percutante offensivement sur ses phases de contres. Le milieu de terrain de Malaga a régulé le jeu de son équipe, l’a orchestré (en particulier sur son côté droit vers Joaquin, excellent dans son couloir) et a temporisé quand il le fallait. S’il sait encore organiser, le numéro 8 de Malaga sait aussi détruire le jeu adverse. Parmi les victimes du Français et de son compère Manuel Iturra - celui qui se charge des basses besognes dans l'entrejeu Boquerones - citons Marco Reus, peu en verve sur la pelouse de La Rosaleda et constamment mis sous l'éteignoir, mercredi. A l'image de l'ancien joueur de Mönchengladbach, Mario Götze, aligné dans l’axe au coup d’envoi, a été obligé de s’excentrer pour se montrer dangereux et toucher des ballons. "C’était la première fois que nous disputions une rencontre qui allait d’un but à l’autre. Dans ce registre, qui était nouveau pour nous, nous avons réussi à bien gérer notre partie", a analysé le Français au micro de beIN Sport après la rencontre.

Concernant les chiffres, sa performance individuelle s’en trouve renforcée. L’ancien Nantais a notamment terminé la première période avec une copie presque parfaite : 33 passes sur 37 réussies, trois interceptions et quatre tacles sur quatre qui ont fait mouche (selon une analyse Opta reproduite sur le site Four Four Two). A regarder de plus près les statistiques de l’UEFA, l’international tricolore n’a même commis qu’une faute sur l’ensemble de la rencontre. Au vu de la pauvre première demi-heure (défensivement parlant) du club andalou et de son positionnement sur le terrain, un tel chiffre relève du miracle. En dépit des apparences, Malaga reste une formation quasi imperméable. Après Dortmund, le club andalou peut se targuer de sept clean sheets (rencontre sans encaisser de but) sur onze rencontres disputées en C1 cette saison. Sur les sept, Toulalan en a disputé quatre. Ce n'est pas forcément un hasard.

Le Français a également mis le pied à l’étrier offensivement en cadrant ses deux tentatives de la soirée (Malaga a tiré 10 fois au but), Götze sauvant la plus dangereuse sur sa ligne (42e). En seconde période, il est également monté d’un cran pour épauler Isco dans les 25 mètres adverses. Du travail propre mais tellement sobre, la lumière venant même plus sur Joaquin du côté de quelques supporters andalous. Après la rencontre, le Nantais, qui a refusé de se mettre en avant, est d’ailleurs resté droit dans ses bottes, comme à l’accoutumé. “L’objectif était de ne pas prendre de but car nous avions une bonne équipe en face de nous. Marquer à l’extérieur sera difficile au match retour mais nous avons toutes nos chances. Ça reste du 50-50 pour la qualification, même s’ils ont peut-être eu un peu plus d’occasions franches que nous. Ce fut une belle partie”. A l'image du bonhomme, Jérémy Toulalan l'a donc joué sobre après la rencontre. Sobre mais efficace. Ça valait bien un hommage de la part de la bouillante Rosaleda. Toulalan, qui n'a plus joué en équipe de France depuis la Coupe du monde 2010, s'est remis du traumatisme de Knysna, qui l'avait dévasté à court terme. Cela n'a pas dû échapper à Didier Deschamps, qui aura trois suspendus dans ce secteur de jeu en Géorgie.