Finale C1 - Borussia Dortmund - Bayern Munich : Les traumatisés du Bayern

Jamais deux sans trois. Un proverbe que le Bayern Munich fera tout pour démentir samedi. Les Bavarois disputeront contre Dortmund leur troisième finale de Ligue des champions sur les quatre dernières saisons. Les deux précédentes, ils les ont perdues, contre l’Inter Milan en 2010 (0-2) et Chelsea en 2012 (1-1, 3-4 tab). Sur la pelouse de Wembley samedi face au Borussia, ils souhaiteront effacer les désillusions passées. Seul club à avoir perdu davantage de finales de C1 qu’il n’en a gagnées (quatre contre cinq) parmi les équipes ayant remporté la compétition au moins trois fois, le Bayern voudra chasser la malédiction. Dans l’effectif actuel, ils sont six à avoir disputé les deux dernières finales des Munichois (Philipp Lahm, Daniel Van Buyten, Bastian Schweinsteiger, Thomas Müller, Arjen Robben, Mario Gomez) et à en avoir gardé des souvenirs émus.

Si le revers de 2010 avait été rapidement digéré, celui concédé devant Chelsea a marqué durablement les Bavarois. Dans "leur" Allianz Arena, ils n’envisageaient pas l’échec et ont fini par être crucifiés par les Blues, menés jusqu’à la 88e minute et le but égalisateur de Didier Drogba. "La pire, c’est celle de l’an dernier contre Chelsea, a expliqué Franck Ribéry, suspendu contre l’Inter Milan, dans un entretien accordé à L’Equipe lundi. (…) Ce fut un choc pour tout le monde. (…) On fait le match qu’il faut. On pense avoir marqué au bon moment. Ils ont une occasion. Une. Et ils la mettent au fond. Quand tu vois le scénario du match, tu te dis que ce n’est pas possible. Et pourtant, ça l’est. On rate un penalty en prolongation. Les jours qui ont suivi ont été difficiles."

Rummenigge : "La douleur est profonde"

Surtout pour deux hommes, héros malheureux de ce match : Robben et Schweinsteiger. Le premier avait manqué ce fameux penalty, provoqué par Ribéry (94e). "Je ne peux pas décrire ce que je ressens, c’est une terrible nuit pour moi", avait lâché le Néerlandais en zone mixte après le coup de sifflet final. Enfant du Bayern, Schweinsteiger avait lui raté le dernier tir au but de son équipe, avant que Drogba ne marque le sien pour donner la victoire à Chelsea. Les images de l’international allemand, la tête dans les mains et allongé sur le pré durant de longues minutes, avaient tourné en boucle. "C'était presque un match à domicile pour nous, a-t-il soufflé dans une interview vidéo donnée au site de l’UEFA en mars dernier. La scène était prête pour notre victoire, et la défaite ne devait tout simplement pas eu lieu."

Ce traumatisme n’a pas été facile à évacuer. Dans la foulée de ce match, Karl-Heinz Rummenigge craignait même qu’il laisse des traces durables dans l’esprit des joueurs. "Je crains que la finale de Ligue des Champions nous hante, avait souligné le directeur exécutif du Bayern dans les colonnes de France Football. La douleur est profonde, plus encore que pour la finale perdue en 1999 contre Manchester United (1-2)." Les Munichois en ont finalement tiré la force, l’énergie et l’envie de réaliser une saison exceptionnelle. Après avoir écrasé la Bundesliga, battant au passage quantité de records, ils restent en course pour un triplé championnat-coupe-C1 unique dans l’histoire du football allemand.

Robben : "Il est grand temps de gagner cette C1"

Symbole de cette féroce volonté de vaincre, Schweinsteiger est revenu plus affamé que jamais pour retrouver le top niveau et réaliser l’un des meilleurs exercices de sa carrière. "Bien sûr qu’il était déçu, mais un footballeur doit vivre avec ces choses", estime Jupp Heynckes. Toujours imprégné de ses déboires face à Petr Cech, le natif de Kobelmoor s’est servi de sa déception et de sa frustration pour mieux rebondir. "J'essaie de me réconcilier avec la Ligue des Champions, mais ce n'est pas facile parce que le match est encore trop présent dans mon esprit. Mais ça agit aussi comme une motivation supplémentaire pour cette saison." Un sentiment qui anime le groupe dans son ensemble et sur lequel les Bavarois se sont appuyés pour revenir en finale samedi.

Schweinsteiger s’évertue néanmoins à dédramatiser l’événement, afin de ne pas se mettre de pression excessive. "Je ne vais pas vivre plus longtemps si je gagne maintenant", sourit-il, comme pour se prévenir d’une nouvelle déconvenue. Robben se trouve lui dans un tout autre état d’esprit. Depuis la démonstration contre le Barça en demi-finale de la C1, l’ancien du Real Madrid ne pense qu’à ce rendez-vous avec le Borussia. "Nous nous sommes dit, juste après le coup de sifflet final : "Maintenant, il faut la gagner". En ce moment, nous jouons un très grand football et il faut savourer. (…) C'est la troisième fois que nous sommes en finale en quatre ans, il est grand temps de gagner cette Ligue des champions." Ce serait une première pour tous les joueurs actuels du Bayern, qui n’ont jamais soulevé le trophée. Le faire samedi à Wembley leur permettrait de tirer définitivement un trait sur un passé encore douloureux.