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"Le départ du PSG du Parc des Princes n'est pas inéluctable" (entretien avec Nicolas Bergès)

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 02/04/2013 à 13:08 GMT+2

Auteur d'un documentaire sur le Parc des Princes, Nicolas Bergès nous éclaire sur la relation intime entre le PSG et son stade, aujourd'hui menacée.

Parc des princes

Crédit: Panoramic

Avec un peu de chance et beaucoup de folie, le Parc des Princes pourra connaître ce soir contre le FC Barcelone le même genre d'ambiance exceptionnelle que celle du quart de finale de 1993 contre le Real (4-1). C'est comme ça : quand le match est grand, le Parc est grand, et le Parc contribue à sublimer l'événement. Ces moments de folie font partie du documentaire Le Parc, Princes des stades, réalisé par Nicolas Bergès, et qui sera diffusé samedi à 15h20 sur France 3 Ile-de-France. Ce documentaire de 52 minutes est un vibrant hommage à un stade dont l'histoire richissime ne s'est pas interrompue en 1997, quand les équipes de France de football et de rugby l'ont délaissée pour le Stade de France, mais qui semble menacé dans son âme par les désirs de grandeur de l'actuel PSG. Il restera au Parc jusqu'en 2016. Après ? Rien n'est moins sûr. Nicolas Bergès, le réalisateur du documentaire, réveille la clameur du Parc à quelques heures du match le plus attendu de l'année.
Le Parc des Princes peut-il jouer un rôle, en faveur du PSG, dans le match contre le FC Barcelone mardi ?
Nicolas BERGÈS. : Jouer à domicile représente toujours un léger avantage mais hélas, j'ai bien peur que le Parc des Princes n'impressionne guère les joueurs de Barcelone, habitués aux grandes joutes européennes. En revanche, il peut donner un supplément d'âme aux joueurs parisiens. Le Parc des princes est aujourd'hui un stade de moyenne capacité mais le son qu'il dégage peut être bien plus impressionnant qu'un stade contenant le double de spectateur. C'est une véritable caisse de résonance... La configuration de ce stade fait qu'il est très réactif et le bruit dégagé par ses tribunes est vraiment assourdissant  lorsque l'ambiance est à son maximum. Mais aujourd'hui les footballeurs professionnels sont habitués à voyager dans différents stades et l'impact d'une enceinte sur le déroulement d'une rencontre reste minime selon moi... Mais tout est bon à prendre face à l'une des meilleures équipes au monde !
Pourquoi avoir entrepris un film autour de ce stade ?
N. B. : En 2007, au cours d'un tournage au Parc des princes, j'ai pu voir l'émotion d'un ancien joueur de rugby (Philippe Sella) qui retournait sur la pelouse du Parc. J'ai compris que ce stade représentait beaucoup pour les joueurs l'ayant fréquenté. Peu de lieux dégagent cette force, ce pouvoir émotionnel qui mêle souvenirs de rencontres passées et excitation quant aux matches à venir... Sa très longue histoire - plus d'un siècle que le stade du Parc des princes existe, avec un tas d'anecdotes autour de cette enceinte - donnait matière à réaliser un documentaire très complet, tant sur l'histoire sportive et architecturale de ce lieu mais aussi sur l'évolution du sport en général...Le voyage à travers les archives nous conduit de l'amateurisme couleur sépia aux grandes messes télévisuelles d'un sport devenu business.
Dans votre documentaire, beaucoup d’intervenants expriment que ce stade à une âme. Que peut-on mettre derrière cette expression ?
N. B. : L'âme d'un stade reste difficile à définir. C'est cette capacité qu'à le stade à faire ressurgir chez le spectateur ses souvenirs de matches (qu'ils soient positifs ou négatifs), et pour cela il faut que le stade existe depuis un certain nombre d'années afin que chaque génération puisse construire ses propres récits, et c'est également la capacité d'une enceinte à susciter du rêve... Tout cela ne se décrète pas, le Parc est l'une des rares enceintes sportives en France à réunir ces éléments. Son histoire unique est un bien précieux.

Durant votre travail, avez-vous senti une différence entre "le Parc" tel qu’il était vécu par les ex du PSG et "le Parc" des autres ?
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Parc des Princes

Crédit: Imago

N. B. : Non, pour chacun des personnages, qu'ils soient footballeurs du PSG ou rugbymen, on sent de l'amour pour ce stade. Les joueurs du PSG étaient, bien sûr, plus habitués à fréquenter l'arène mais leurs yeux brillaient tout autant que ceux des rugbymen sur ce stade qu'ils ne voyaient que pour la finale du championnat ou pour le tournoi des Cinq nations.
Quand et comment le PSG a-t-il fait du Parc des Princes sa maison ?
N. B. : Le PSG et le Parc c'est vraiment une relation d'amour. Lors de sa montée en D1 en 1974, le PSG est devenu club résident du Parc des Princes, il ne l'a plus quitté depuis. Au départ, les tribunes sonnaient creux. Petit à petit le public s'est formé et au tournant des années 90, le Parc devient une véritable "forteresse" avec des supporters qui rendent ce stade unique. A partir de ce moment-là, le Parc est la maison du PSG et pour les équipes qui viennent au Parc des Princes c'est un match à part dans la saison...
Que pensez-vous des discussions autour du fait que le Parc a perdu son âme depuis la fin des abonnements par tribune institué par Robin Leproux ?
N. B. : Le film n'a pas pour sujet principal le "plan Leproux". Le documentaire retrace les grands moments du Parc des Princes, avec ses joies, ses tristesses et tentent de décrypter ce qui en fait ce stade singulier... Certes, depuis cette mesure le public a changé et l'ambiance n'est plus la même mais pouvait-il en être autrement ? Je ne suis pas expert et je ne connais pas la solution idéale.
Pensez-vous que le départ du PSG vers un stade flambant neuf est inéluctable ? Le PSG peut-il être le PSG ailleurs qu’au Parc ?
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Parc des Princes

Crédit: Eurosport

N. B. : Un départ n'est pas inéluctable. Le Parc peut être agrandi et modernisé. Ensuite si le club quitte le Parc des Princes il se créera une nouvelle histoire... Ce qui serait dommage, ce serait de se passer d'un stade avec un tel patrimoine, qui réunit une histoire fabuleuse, un emplacement idéal et une conception réussie...
On sent chez certains de vos interlocuteurs comme une nostalgie résignée sur le fait que le stade n’allait bientôt plus être qu’un souvenir. Etes-vous d’accord ?
N. B. La nostalgie des intervenants est plutôt une déclaration d'amour pour cette enceinte. Mais beaucoup ont gardé l'espoir de voir encore de nombreux matches au Parc des Princes. (NDLR, Mamadou Sakho exprime notamment son espoir très clair de voir le PSG rester au Par des Princes).
Le Parc des Princes a une longue histoire. Quel rôle pourrait-il jouer dans la ville s’il n’abritait plus les sélections nationales (ce qui est déjà fait) ni le PSG ?
C'est l'usage qui nous le dirait... Mais un stade ne peut avoir une âme, une vie que si son coeur se met à bouillir de temps à autre, donc pour que le Parc des Princes reste en vie, il faudra qu'il y ait des matchs qui s'y disputent avec le lot de passion, de drame et de joie que cela implique.
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