Real Madrid : le rendez-vous capital face à Manchester United à Bernabeu

L’heure de vérité est arrivée pour le Real Madrid. A Santiago-Bernabeu, le club merengue s’apprête à retrouver Manchester United pour le rendez-vous le plus important de sa saison, en huitième de finale aller de la Ligue des champions. Cela fait quelques temps qu’il court après son dixième titre de champion d’Europe, un trophée qu’il n’a plus soulevé depuis 2002. Il serait particulièrement bienvenu pour une Maison Blanche tellement décrochée en Liga que cette Ligue des champions reste quasiment l’unique objectif des Madrilènes en fin de saison.

La situation contraste avec celle de l’an dernier, au moment où Madrid affrontait le CSKA Moscou à ce stade de l’épreuve. L’avance prise sur le FC Barcelone en Liga l’avait gonflé de certitudes pour une compétition dont il atteindrait les demi-finales avant de s’incliner aux tirs au but devant le Bayern Munich. Derrière, le titre de champion d’Espagne ravi au Barça avait effacé l’essentiel de cette déception. La donne est nettement différente cette année. L’écart de 16 points qui sépare le club merengue de son rival catalan au classement parait définitivement insurmontable à 15 journées du verdict. Si l’équipe de José Mourinho a encore un objectif en championnat, c’est celui de combler son retard de quatre points sur son voisin, l’Atlético, pour aller chercher une place de dauphin qui resterait insuffisante au regard des ambitions de départ.

Mourinho ne s’est évidemment pas privé de rappeler que le Real était encore en course en Coupe du Roi. Même si son équipe reste en ballotage défavorable après le match nul 1-1 à Santiago-Bernabeu en demi-finale aller face au Barça, qu’il retrouvera le 27 février pour le match retour au Camp Nou. Et même si un éventuel succès dans cette épreuve masquerait difficilement l’échec du Real cette saison, il a aussi tenu à dédramatiser la situation en cas d’élimination en Ligue des champions. "Ne pas gagner la Ligue des champions ne serait pas un échec. Il y a de grands clubs et de grands joueurs qui ne l'ont jamais gagnée. Le Real Madrid veut gagner sa dixième Coupe d'Europe et moi ma troisième. Je ne sais pas si ce sera cette année, mais je vais lutter jusqu'à ce que j'y arrive. J'ai confiance en mon travail", a-t-il estimé.

Ses dirigeants ne sont pas forcément dans le même cas. Mourinho ne serait probablement plus l’entraîneur du Real si le club n’était plus en course en Ligue des champions. Car c’est principalement par apporter un dixième titre de champion d’Europe à la Maison Blanche que l’ancien coach de l’Inter avait été recruté à l’été 2010. Alors que son départ se profile en fin de saison, le Portugais ne survivrait pas forcément à une élimination en C1 face à Manchester United. Au-delà de signifier définitivement une saison ratée pour le Real, elle serait aussi susceptible de faire exploser pour de bon un vestiaire sujet à des tensions multiples depuis de longs mois, où des clans se sont développés et au sein duquel Mourinho ne fait plus l’unanimité. La question de son départ immédiat se posera forcément en cas de sortie de route prématurée en Ligue des champions.

L’avenir du Special One n’est cependant pas le seul enjeu de cette double confrontation face à Manchester United. La perspective des prochaines élections à la présidence du club merengue au mois de juin donne d’autant plus d’importance à ce rendez-vous pour Florentino Perez, qui briguera vraisemblablement sa propre succession. Le président du Real reste discret à ce sujet, mais il préparerait un gros projet pour cet été selon plusieurs médias espagnols afin de convaincre des socios pas forcément satisfaits de l’image renvoyée par leur club. Dans cette optique, la campagne actuelle en Ligue des champions n’en est que plus capitale, notamment par rapport aux finances de la Maison Blanche. Au moment de croiser le fer avec les Red Devils, Perez espère probablement revivre le scénario de 2002, quand le Real avait bouclé la Liga sur une très modeste troisième place, mais avec un neuvième titre de champion d’Europe à son palmarès.