Avant Manchester City - Barça : Manchester City face à ce modèle qu’il a refusé de copier

L'accumulation des succès, le spectacle offert font forcément saliver et donnent envie d'imiter le grand Barça. Manchester City aurait pu tomber dans le piège. En recrutant "Txiki" Begiristain comme directeur sportif – un poste qu'il a occupé au sein de la maison blaugrana de 2003 à 2010 – et en offrant le rôle de manager à Manuel Pellegrini –connu pour son amour du beau jeu -, les Citizens n'ont pas caché leur désir de prendre un tournant dans leur histoire. A la barcelonaise ? Pas exactement, a dû préciser City. "Txiki m'a expliqué qu'ils voulaient une identité de jeu mais pas une imitation du Barça, résume Pellegrini dans El Pais. Nous voulons trouver notre propre identité". Au matin du huitième de finale événement entre les deux clubs à l’Etihad Stadium, le City version 2013-14 n'est pas une pâle copie du Barça. City s’est peut-être inspiré du projet de jeu catalan mais il a trouvé sa voie. Les statistiques le démontrent.

En plus de "Txiki" Begiristain et Manuel Pellegrini – un Chilien mais qui connait parfaitement la Liga -, City a pris un accent espagnol depuis quelques saisons. Álvaro Negredo, Jesus Navas ont rejoint Javi Garcia et David Silva. Tous internationaux espagnols, biberonnés au 4-3-3 de la Roja. Des joueurs qui apportent leur technique, leur culture tactique et donnent une touche espagnole à cette formation de City.

Avec le Barça, on a pris l'habitude de voir des buts à foison depuis quelques années. Avec City cette saison, on n'a pas à se plaindre non plus. Les artilleurs mancuniens ont déjà fait trembler les filets à 117 reprises cette saison toutes compétitions confondues. Avec 18 buts marqués lors de cette Ligue des champions 2013-14, les buteurs des Citizens ont d'ailleurs fait mieux que leurs homologues barcelonais (16 réalisations) lors de la première phase. Sur cette envie de faire le spectacle et d’affoler les compteurs dans le domaine offensif, City rejoint le grand Barça.

Quand on parle du Barça, on pense directement à cette capacité à conserver le ballon. Le fameux tiki-taka, ce jeu fait de passes courtes qui a fait le succès des Catalans. C’est toujours la marque de fabrique barcelonaise même si Tata Martino, l’entraîneur blaugrana, a le souhait de changer un peu la donne cette saison. Avec City, ce n'est pas la même histoire. Les Mancuniens mettent le pied sur le ballon, mais beaucoup moins que les Barcelonais. En Ligue des champions cette saison, City, qui a notamment laissé le cuir au Bayern Munich lors de leur double confrontation,  présente ainsi une moyenne de 51% de possession de balle, bien loin des 63.6% du Barça (ndlr : stats de l'UEFA).

Le Barça accumule les passes pour dominer ses adversaires. Cette saison, le club catalan affiche ainsi 4125 passes réussies en C1 ! Un total largement supérieur aux 2531 passes de Manchester City. Les protégés de Manuel Pellegrini présentent également un pourcentage de passes réussies bien inférieur (76% pour City contre 86% pour le Barça). L'une des explications est simple : City joue plus directement, plus dans la verticalité.

Avec Vincent Kompany, Yaya Touré - passé trois saisons par le Barça –, ou encore Álvaro Negredo, Manchester City possède de sérieux arguments. Des leaders aptes à s'imposer dans le combat et à déployer un impact physique de tous les instants. Man. City, qui a commis 86 fautes (soit 16 de plus que le Barça), a d'ailleurs déjà reçu 16 cartons lors de la première phase de la Ligue des champions, pendant que le Barça n'en a récolté que 12. Lors de leur dernier sacre européen en 2011, les Blaugrana avaient d'ailleurs terminé leur campagne avec seulement 16 avertissements reçus (15 jaunes et un rouge). Ce n'est pas le style de City, qui va plus au charbon.

Manchester City a pris le "chemin concret indiqué par le Barça", comme l'évoque  Manuel Pellegrini. Mais il trace le sien. En clair, City s'inspire peut-être du projet de jeu du Barça mais sans renoncer à ses racines britanniques. Et ce n'est pas forcément moins séduisant. Son mode opératoire est simplement différent, plus direct. Finalement, ce n’est pas illogique. Tout en développant un projet de jeu dans le style barcelonais, City n'a pas oublié d'où il venait : cela reste une équipe de Premier League. Une équipe qui a longtemps fréquenté le ventre mou de ce Championnat anglais si intense, rugueux et direct. Pour accéder aux quarts de  finale, elle ne prendra pas le risque de provoquer le Barça à son propre jeu.