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Avec Mourinho, Chelsea n'est plus ce qu'il était

Philippe Auclair

Mis à jour 13/12/2013 à 10:13 GMT+1

Chelsea est qualifié pour les 8es et José Mourinho est adulé. Pourtant, ses Blues sont moins bons que la saison passée, rappelle Philippe Auclair.

FOOTBALL 2013 Blog Auclair - Mourinho

Crédit: Eurosport

L’idée qu’un entraîneur qui remonte sur une scène où il a déjà triomphé est condamné à l’échec est un mythe dont le football semble incapable de se débarrasser. Udo Lattek, Nereo Rocco et, tout récemment, Jupp Heynckes, ont prouvé qu’un comeback pouvait s’achever sous les vivats. Plus modestement, le retour de Graham Taylor à Watford en 1996 coïncida avec deux promotions consécutives pour l’équipe qui faisait trembler Liverpool plus d’une décennie auparavant.
Il n’y a pas de règle absolue qu’on puisse invoquer pour prédire que le second règne de José Mourinho s’achèvera comme le premier – en queue de poisson, par un licenciement. La nature du club et la personnalité du manager sont les seuls critères sur lesquels on puisse se baser pour avancer un pronostic : plus le club est stable, ce qui était certainement le cas du Bayern et de Milan pour les exemples précités, plus le revenant a de chances de travailler dans la sérénité. Certaines évidences doivent parfois être rappelées dans l’atmosphère de hype que l’on respire à Chelsea au quotidien.
Un jeu et des résultats en berne
Mourinho n’est pas le jouet (et la future victime) d’un destin auquel il ne peut échapper. Ce destin, c’est lui qui en est et en sera l’auteur, avec Abramovitch pour corriger les fautes de frappe. Or, cet auteur semble en panne d’inspiration, et c’est cela qui doit faire s’interroger, pas un karma d’humeur vengeresse. Quiconque a vu Chelsea en action depuis août dernier doit parvenir à la même conclusion : les Blues ont régressé. Dans le jeu, mais aussi, en termes relatifs, dans les résultats – car c’est d’une équipe qui gagnait (la Ligue Europa n’était pas un lot de consolation, mais une récompense) dont Mourinho avait hérité.
Ses résultats au terme de la quinzième journée de Premier League sont les plus mauvais de la carrière du Happy One dans quelque championnat que ce soit, portuguais, anglais, italien ou espagnol. La moyenne de  points actuelle des Blues (exactement deux par rencontre) est quasiment identique à celle qu’ils affichaient à la conclusion de la saison passée (1,97), alors que Chelsea avait dû surmonter la crise conséquente au limogeage de Roberto Di Matteo, et que Rafa Benitez avait dû gérer un calendrier infernal (soixante-neuf matches au total) avec un effectif qui n’avait rien de pléthorique.
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Juan Mata, Jose Mourinho (Reuters)

Crédit: Reuters

A sa place, d'autres auraient déclenché une rébellion à Stamford Bridge
Au passage, Roman Abramovitch a tout de même dépensé plus de 70 M€ nets pour le renforcer, cet effectif, depuis que Mourinho est revenu dans son club de coeur. Or, les Blues de José ont déjà encaissé autant de buts en un peu plus d’un tiers de saison (dix-sept, contre seize au même stade du championnat l’an passé) que sur l’ensemble de 2004-05, quand la machine mourinhienne s’envola vers son premier titre de champion. Chelsea s’est qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions, mais sans gloire (c’est le moins qu’on puisse dire), après deux défaites contre le FC Bâle et un coup de pouce inattendu du Steaua Bucarest, que Schalke fut incapable de battre en Roumanie.
Mourinho demeure un grand manager. Personne n’en doute. Mais son Chelsea fait trop souvent peine à voir (ce nul 2-2 contre West Brom, my God...), et certaines des décisions de l’entraîneur, si elles avaient été prises par un autre que lui, auraient déclenché une rébellion dans les tribunes de Stamford Bridge. Lesquelles? Pour commencer, la mise à l’écart incompréhensible du double ‘joueur de l’année’ Juan Mata. Pour continuer, la disgrâce de David Luiz, que Benitez avait commencé à discipliner ; celle d’Ashley Cole, maintenant, écarté au profit de Cesar Azpilicueta, qui mérite sa place, mais à droite, sûrement ? Ivanovic retrouverait alors sa place dans l’axe. John Terry en ferait sans doute les frais...et alors ?
Il y eut la décision de laisser partir Romelu Lukaku en prêt à Everton (8 buts en 901 minutes de jeu pour les Toffees en Premier League depuis) A titre de comparaison: Torres, c’est 1 en 619’ pour Chelsea; Ba, 1 en 276’; Eto’o, 2 en 463’. Et le transfert bizarroïde de Willian, bras d’honneur adressé à Tottenham, pour nulle autre raison, semble-t-il, que de permettre à Abramovitch de faire une faveur à son ami Suleyman Kerimov, propriétaire de l’Anzhi Makhachkala, avec un Eto’o hors de condition en bonus imposé. Que Chelsea demeure à portée d’Arsenal a moins de deux semaines avant leur derby, après ce qu’on a vu depuis le début de saison, a quelque chose de miraculeux. Malgré ces choix, malgré un football lent, tristounet et mécanique – hormis les éclairs d’Eden Hazard, la virtuosité d’Oscar et les raids de Ramires - les fidèles font toujours bloc autour de leur Mourinho, comme ils avaient fait bloc contre Benitez. Si Mourinho a mérité cette foi par ce qu’il a accompli, il ne fait pas grand chose aujourd’hui pour l’entretenir.    
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Chelsea-Schalke: Eto'o gegen Höwedes

Crédit: Eurosport

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