Galatasaray-Chelsea : Drogba-Sneijder, les "Mourinho-made men"

José Mourinho a vu passer un paquet de grands joueurs. Et si le Portugais s'est imposé comme l'un des entraîneurs les plus importants de la planète, s'il affiche autant de titres à son palmarès, c'est beaucoup parce qu'il a su tirer le meilleur de ces grands joueurs. Certains ont pris une dimension exceptionnelle grâce à leur collaboration avec le "Special One". S'il fallait en retenir un, ce serait certainement Didier Drogba. Et s'il fallait en désigner un deuxième, ce serait probablement Wesley Sneijder. Deux hommes qui n'ont jamais caché à quel point Mourinho avait compté dans leur carrière au moment de recroiser la route de l'entraîneur de Chelsea avec Galatasaray, en 8e de finale de la Ligue des champions.

Didier Drogba n'était déjà plus un inconnu quand Mourinho l'a fait venir à Chelsea à l'été 2004. Le buteur ivoirien sortait d'une saison exceptionnelle avec Marseille, où il avait inscrit 19 buts en L1 et 5 en Ligue des champions et guidé l'OM à une finale de Ligue Europa perdue face à Valence (2-0). De quoi convaincre définitivement le Portugais à son arrivée à Stamford Bridge d'en faire le transfert le plus cher de l'intersaison des Blues, pour 37,5 millions d'euros. "Il m’a dit : 'Si tu veux devenir un grand attaquant comme Thierry Henry ou Ruud van Nistelrooy, tu dois venir avec moi en Angleterre, à Chelsea', se souvient Drogba. J’étais un bon joueur en Ligue 1 mais lui m’a permis de devenir l’un des meilleurs d’Europe. C’est pourquoi, pour José, j’étais capable d’aller au bout de la terre."

Le pari n'a pas tout de suite été payant. Drogba a connu deux premières saisons assez mitigées, même si cela n'a pas empêché Chelsea de remporter deux titres consécutifs de champion d'Angleterre. Mourinho n'a cependant jamais cessé de croire en la réussite de son attaquant, et il en a recueilli les fruits  en 2006/2007, où l'Ivoirien a explosé sous le maillot des Blues avec à la clé un titre de meilleur buteur de Premier League (20 buts). Paradoxalement, au cours d'une année qui a vu Chelsea perdre sa suprématie en championnat, et qui a sonné le début de la fin du premier mandat de Mourinho à Stamford Bridge. En septembre 2007, le Portugais a laissé Drogba orphelin en quittant les Blues après une performance décevante face à Rosenborg en Ligue des champions (1-1).

Drogba a passé quasiment cinq ans sans Mourinho à Chelsea, entre 2007 et 2012. Il a conduit les Blues à un nouveau titre de champion d'Angleterre en 2010 en inscrivant 29 buts en championnat, mais la consécration suprême est venue au printemps 2012 avec la victoire en Ligue des champions. L'Ivoirien a symbolisé le sacre des Blues, par sa faculté à être décisif, mais aussi par sa combativité, notamment face au Barça en demi-finale (1-0, 2-2), puis face au Bayern en finale (1-1, 4-3 t.a.b.). Des qualités qu'il avait développées à l'extrême en travaillant sous les ordres de Mourinho, le manager qui l'a le plus marqué. "De tous, c'est lui le premier, reconnaît-il encore aujourd'hui.  Notre philosophie de jeu était très simple. Il nous a éduqués à haïr la défaite." Parti l'été suivant, Drogba a été élu quelques mois plus tard meilleur joueur de l'histoire des Blues par les supporters.

Ce que Drogba dit de Mourinho avant de le retrouver :

S'il faut définir le meilleur coup réalisé par José Mourinho sur le marché des transferts, c'est probablement l'arrivée de Wesley Sneijder à l'Inter à l'été 2009, pour une somme estimée entre 15 et 18 millions d'euros. Le Néerlandais sortait de deux saisons mitigées avec le club merengue, et il a carrément été poussé vers la sortie après les arrivées consécutives de Cristiano Ronaldo, pour 93 millions d'euros, et de Kaka pour 68 millions d'euros. Pour faire de la place à ses deux stars, Florentino Perez a quasiment bradé le joueur formé à l'Ajax, pour lequel le Real avait payé près de 30 millions d'euros en 2007. En quête d'un créateur pour alimenter Diego Milito et Samuel Eto'o, Mourinho a sauté sur l'occasion. Il n'a pas eu à le regretter.

Mourinho a totalement relancé Sneijder à l'Inter. Il lui a même donné la dimension des plus grands. En soutien de l'attaque lombarde, le Néerlandais a rayonné sur le jeu nerazzurro. Et les titres ont suivi. Vainqueur du championnat et de la Coupe d'Italie, "Wes" a surtout été l'un des principaux artisans de la victoire de l'Inter en Ligue des champions. Notamment lors de la demi-finale aller remportée face au Barça (3-1), avec un but et une passe décisive à la clé. Derrière, il a été l'un des hommes les plus marquants de la Coupe du monde en guidant les Pays-Bas en finale, et en inscrivant 5 buts dans la compétition. Sa saison exceptionnelle appelait un Ballon d'or, mais les nouveaux critères nés de la fusion avec le titre de Meilleur footballeur FIFA lui ont été défavorables. Le Néerlandais ne figurait même pas parmi les finalistes. Alors qu'en tenant compte exclusivement des votes de journalistes, comme c'était le cas jusqu'en 2010, il aurait gagné le trophée.

Le départ de Mourinho au Real Madrid à l'été 2010 a coïncidé avec le début du déclin pour Sneijder, et pour l'Inter. Le Néerlandais est apparu à l'image de son équipe, fatigué, souvent blessé même, et semblant manquer d'implication sur le terrain comme en dehors. Ce qui a aussi permis de mesurer à quel point Mourinho avait su tirer le meilleur de son meneur de jeu, et pousser un joueur qui en avait besoin pour avancer. Le milieu des Pays-Bas n'a jamais nié ce phénomène. "Mourinho est comme un second père pour moi, disait-il l'an dernier avant le duel entre Galatasaray et le Real Madrid en quart de finale de la Ligue des champions. Il n’est pas comme les autres entraîneurs, il est spécial. La différence, c’est comment il te persuade, comment il t’aide si tu n’es pas en forme. Il fait attention à tout et sait toujours comment venir en aide aux joueurs." Un hommage qui en dit long concernant l'impact de Mourinho sur la carrière de Sneijder.

Ce que Sneijder dit de Mourinho avant de le retrouver :