Les quatre commandements de l'OM contre Arsenal

Il est la nouvelle idole de l’Emirates Stadium, ce sera aussi la principale menace pour Marseille. Mesut Özil a réussi des débuts tonitruants face à Sunderland, délivrant sa première passe décisive après seulement 614 secondes. L’un des principaux problèmes pour l’OM, en ce début de saison, est un manque d’équilibre collectif, notamment dans les changements de phase attaque-défense, qui permet à l’adversaire de trouver trop facilement des solutions entre les lignes. Romao et Imbula ne sont pas les seuls à blâmer, puisqu’il s’agit bien d’un problème collectif, mais les espaces entre les lignes olympiennes devront être plus resserrés pour ne pas laisser le génie allemand faire étalage de tout son talent.

Face à Sunderland, Özil a réussi 34 passes dans la moitié de terrain adverse, plus que n’importe quel joueur en Premier League cette saison, Marseille devra donc le surveiller de près. Appréciant dézoner sur le côté gauche, Fanni et le milieu de terrain axial droit marseillais devront se montrer particulièrement attentifs car l’ancien Madrilène n’a pas besoin de beaucoup de ballons pour trouver la faille. Si Marseille parvient à bloquer Özil, une bonne partie du travail aura déjà été réalisée, mais attention à l’homme en forme, Aaron Ramsey, déjà cinq buts cette saison, qui enchaîne les performances de haut niveau.

L’un des grandes forces la saison dernière de Marseille a été d’être en permanence solidaire et de rester solide dans les duels. Les joueurs avaient à cœur de faire oublier une saison 2011/2012 décevante et ont montré une rage de vaincre à chaque match. Face à Toulouse samedi (1-1), l’OM semblait apathique, parfois endormi, bien loin de ce qu’on avait pu voir face à Monaco (1-2). Contre Arsenal, il faudra être à fond pendant 90 minutes et se mettre au niveau Ligue des champions, compétition dans laquelle Marseille a perdu ses trois derniers matches. En général, l'OM y parvient, comme le souligne Mandanda : "Je ne suis pas inquiet, on a montré face à Monaco qu'on était capable de répondre présent face à de grandes équipes. Sur ces matchs-là, en général, on est toujours là. Même si on ne connait pas le résultat, dans l'état d'esprit et l'envie, il n'y aura aucun souci."

Gagner les duels, se faire respecter au Vélodrome et faire attention aux petits détails qui font la différence, ce sera la base, mais ce n’est jamais facile face à des équipes anglaises (Marseille a seulement gagné un seul de ses 9 derniers matchs contre des équipes anglaises). L’expérience aura son importance, dans ce sens, Baup pense à titulariser Cheyrou à la place du jeune Imbula. Pas le même profil, mais ce n’est toujours pas un récupérateur de plus, l’expérimenté milieu marseillais apporterait sa science du placement, calmerait les ardeurs adverses dans les temps faibles et ferait valoir son jeu long. Imbula permettrait lui d’avoir une densité physique plus importante et une capacité à se projeter rapidement vers l’avant en contre.

Les grands matches sont pour les grands joueurs, l’adage ne change toujours pas. Marseille aura besoin d’avoir ses cadres à un haut niveau. En première ligne, Valbuena sera comme à son habitude partout sur le terrain, mais l’OM attend surtout de lui qu’il soit décisif dans ce genre de match. Dans ce sens, les coups de pied arrêtés seront une arme à utiliser à bon escient. Les deux derniers buts de l’OM, signés Lucas Mendes, ont d’ailleurs été inscrits de cette manière sur un service de… Mathieu Valbuena. Nicolas Nkoulou aura fort à faire face à Olivier Giroud, 5 buts sur ses 6 derniers tirs cadrés. Le défenseur camerounais n’a pas eu son rayonnement habituel en début de saison, mais revient petit à petit à son niveau. Si Mendes devra avant tout se montrer intraitable dans les airs, la performance défensive de Nkoulou et son sens de l’anticipation seront indispensables pour espérer un résultat favorable. Avec des passeurs aussi précis et talentueux, Nkoulou devra être au four et au moulin.

L’efficacité, c’est ce qui a en partie manqué l’OM contre Toulouse, où Gignac et Payet ont raté deux énormes occasions.  Marseille a recruté l'ailier lillois pour être décisif dans les matches importants. Pour cela, Payet devra être plus tranchant et moins discret que lors des derniers matches et notamment le dernier gros match de l’OM, face à Monaco. Gignac était lui aussi passé à côté de son match face à l'ASM. Contre Arsenal, il aura face à lui Koscielny et probablement Mertesacker. Si Gignac veut passer un cap et postuler à une place de titulaire en équipe de France, il doit marquer en Ligue des champions. De l’autre côté du terrain, Mandanda est impérial en ce début de saison et les gros matches, lui, il connaît et sait briller. Cela tombe bien, Arsenal a déjà tiré 60 fois au but cette saison en Premier League.

Pour espérer faire un résultat contre Arsenal, qui reste sur 7 victoires de rang à l’extérieur, Marseille devra varier son football. Habitué à faire le jeu depuis le début de saison, l’OM va rencontrer une équipe très habile techniquement qui sait parfaitement adapter son jeu entre phase de domination territoriale et attaque rapide pour chercher Walcott dans la profondeur. C’est justement ce que Marseille va devoir faire : alterner entre une possession du ballon importante, les montées des latéraux et la recherche d’une brèche ou d’un centre vers André Ayew ou Gignac, et savoir jouer plus bas avec un bloc bien plus resserré, en laissant le ballon aux Gunners, pour mieux partir en contre vers Valbuena puis Payet ou A.Ayew. Le choix d’Elie Baup (seulement 3 victoires lors de 12 matches de Ligue des champions avec Bordeaux) entre Cheyrou et Imbula donnera le ton, l’un préférant jouer vite vers Gignac dans la profondeur, pendant que l’autre privilégie les percées et une passe appuyée pour trouver Valbuena, dépositaire du jeu.

Savoir supporter la pression sans être dépassé par les ouvertures d’Özil, Ramsey et Wilshere n’est pas chose facile. Les déplacements des milieux de terrain et des ailiers pour aider la défense seront primordiaux pour ne jamais laisser suffisamment d’espace entre le défenseur et le latéral et bloquer la relation Özil – Ramsey (37 passes entre les deux joueurs lors de Sunderland – Arsenal). En face, Gignac devra bonifier son jeu en pivot pour permettre à l’OM de remonter et prendre la profondeur pour apporter de la variété au jeu olympien. Ce match s’annonce dans tous les cas comme un match de guerrier. Un match pour André Ayew en somme…