LOSC - Porto (0-1), l'antisèche : Lille a moins d'une semaine pour changer de visage

Les mauvaises langues diront sans doute que le scénario était prévisible. Organisé en 4-3-3, le LOSC s'est d'abord évertué à faire ce qu'il sait faire de mieux : défendre. Et il l'a plutôt bien fait. Car si Porto a mis le pied sur le ballon (60% de possession), il n'a pas multiplié les occasions. Mais il a fait preuve de réalisme en en convertissant une, grâce à Hector Herrera (61e). Ce que Lille n'a pas su faire. Recroquevillées dans leur moitié de terrain, les joueurs de René Girard ont été quasiment incapables de mettre en danger la formation portugaise. Durant la première demi-heure, on les a même vues acculés dans leur camp et ne franchissant quasiment jamais la ligne médiane avec un trio Balmont-Mavuba-Gueye trop bas.

Mais, au-delà de son infériorité technique, Lille a confirmé que son attaque balbutie depuis le début de saison. Des limites offensives qu'on avait déjà observées depuis la reprise de la Ligue 1. En deux matches, les Dogues n'ont cadré qu'un seul de leurs 22 tirs : un penalty transformé par Origi face à Caen. Face au FC Porto, ça ne pardonne pas. En l'absence de Marvin Martin, Corchia et Origi ont tenté de passer par les côtés. Mais le LOSC a manqué de présence devant avec un Kalou esseulé. Avec les entrées de Marcos Lopes (62e), Ryan Mendes (71e) puis Nolan Roux (77e), Girard est (enfin) passé à l'attaque. Trop tard.

Habituel défenseur, Sébastien Corchia était aligné en position d'ailier droit. Et s'est avéré être le Lillois le plus dangereux sans faire son meilleur match. Il aurait même pu ouvrir le score (45e). Salomon Kalou, transparent, a été sifflé lors de sa sortie. Origi a bien tenté quelques percées, mais sans succès. Sans surprise, c'est de la défense que sont venues les principales satisfactions, en particulier de Vincent Enyeama, qui a longtemps retardé l'échéance face à Neves (12e) ou Jackson Martinez (45e). Kjaer, Béria et Basa, même s'il aurait pu provoquer un penalty (29e), ont tenu face à l'armada portugaise.

Côté portugais, Ruben Neves est devenu, à 17 ans, 5 mois et 18 jours, le plus jeune joueur portugais à être utilisé en Ligue des champions, devant Cristiano Ronaldo. Il aura surtout brillé sur le terrain, notamment sur coups de pied arrêtés. Tout comme un autre jeune, Oliver Torres (19 ans). Jackson Martinez a aussi beaucoup pesé en attaque. Titulaire, l'ancien Rennais Yacine Brahimi a beaucoup provoqués, sans succès, jusqu'à son remplacement par Tello, à l'origine du but d'Hector Herrera une minute plus tard (60e). La défense n'a pas vraiment été bousculée, mais Maicon a sauvé les siens sur une dernière tentative de Roux (90e+2) et Alex Sandro a gagné son match dans le match avec Corchia.

Au coup d'envoi, Lille alignait seulement deux véritables joueurs offensifs. Titularisés respectivement à gauche et à la pointe de l'attaque, Salomon Kalou et Divock Origi ne se sont pas vraiment illustrés. Au contraire. A eux deux, ils n'ont tenté qu'un tir sur l'ensemble du match avant de céder leur place à Nolan Roux (77e) et Ryan Mendes (71e). Forcément, le LOSC ne pouvait pas espérer mieux avec des attaquants qui pèsent aussi peu.

Le tweet qui résume les problèmes lillois

"Sur la physionomie du match, je n'ai pas de regret. On est tombé contre plus fort que nous. Pour battre une équipe comme ça, il faut jouer autrement. Il faut faire le contraire de ce qu'on a fait. Il faut être plus consistant dans le jeu et être plus appliqué. On doit faire beaucoup mieux au niveau du collectif. On est touché mais on n'est pas complètement mort. Il faudra qu'on élève notre jeu au retour sinon il n'y a pas grand chose à espérer."

Auteur de la première frappe lilloise du match (35e), Sébastien Corchia aurait pu réussir le hold-up. Juste avant la mi-temps, l'ancien Sochalien a eu l'ouverture du score au bout du pied. Un but a priori immanquable. Sur un centre d'Origi, sa première frappe a été contrée par Alex Sandro. Puis il a vu sa deuxième tentative à bout portant s'envoler au-dessus du but de Fabiano (45e). Lille venait de laisser passer sa chance. Elle ne se représentera pas.

Sur ce qu'il a montré mercredi soir, la réponse est clairement non. Sans idée, sans créativité, ce LOSC manque clairement de folie pour pouvoir inquiéter le FC Porto. L'histoire lui donne seulement 12% de chances de se qualifier après une défaite 1-0 à domicile. C'est maigre. Surtout qu'il lui faudra se rendre au Stade du Dragon où le club portugais n'a perdu qu'un seul de ses douze matches face des clubs français en compétition européenne (9 victoires, 2 nuls). Lille devra donc se contenter de la Ligue Europa à l'automne s'il ne parvient pas à inverser la tendance dans six jours. Mais peut-il forcer sa nature en si peu de temps ? Peut-il régler son manque d'efficacité offensive ? René Girard a tout intérêt à trouver rapidement des solutions s'il ne veut pas enlever du piment à la saison de son équipe. Sans C1, le club pourrait voir certains éléments faire leurs valises, comme Rio Mavuba ou Salomon Kalou. En moins d'une semaine, Lille pourrait changer de visage. Pour le meilleur… ou le pire.