Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Oubliez le fric, QSI et les pétrodollars... Le PSG nous offre des souvenirs qui n'ont pas de prix

Laurent Vergne

Mis à jour 13/03/2015 à 09:37 GMT+1

Comme lors du mythique PSG-Real de 1993, les Parisiens ont su livrer un combat homérique qui marquera durablement les esprits et les mémoires.

David Luiz, un des héros de la qualification du PSG à Chelsea.

Crédit: Imago

Le PSG est en quarts de finale de la Ligue des champions. Et alors? "So what", comme on dit à Stamford Bridge. La belle affaire. En quarts, oui. Comme en 2013. Comme en 2014. La moindre des choses pour un club surarmé économiquement et dont l'ambition n'est pas de s'installer dans le G8 mais dans le G1, tout seul, là-haut, sur le toit de l'Europe.
Oui, le Paris Saint-Germain n'est qu'en quarts, qu'il n'a encore jamais franchis sous son nouvel actionnaire. Pour l'instant, il n'a donc pas avancé d'un pouce en matière de résultats dans sa folle ambition européenne. C'est vrai. Mais c'est une analyse aussi absurde que froide. Ne pas voir plus loin que ça, c'est faire mine de ne pas comprendre que le plus important dans la soirée londonienne, ce n'était pas la finalité, mais le chemin.
L'avenir dira si le PSG rejoindra l'Olympique de Marseille au palmarès de la C1 dans deux mois, ou plus tard, ou jamais. Ce qui est certain, en revanche, c'est que ce match à Chelsea fera date. Car, contrairement à cette idée trop bien ancrée, on ne retient pas que le vainqueur final d'une compétition. Le palmarès, oui, ne retient que ça. Mais "on", qui n'est pas toujours aussi con qu'il en a l'air (puisque "on" est un con, dit-on…) sait ne pas oublier, lui. "On", c'est la mémoire sensorielle. Parce que le sport a cette faculté unique de susciter des émotions, ceux qui les vivent les portent en eux. La France n'a pas gagné la Coupe du monde 1982 mais ceux qui ont vécu Séville l'emporteront dans la tombe.
picture

L'exploit du PSG à Chelsea fera date, sur le fond comme sur la forme.

Crédit: Imago

Chelsea-PSG, c'est PSG-Real version QSI

 Le PSG a offert mercredi soir des kilos d'émotions. Plus, en une soirée, qu'en trois ans et demi depuis l'arrivée de son puissant actionnaire. En Coupe d'Europe, il n'avait atteint cette force qu'une seule fois. Le 18 mars 1993, lors de sa victoire face au Real Madrid, 4-1, avec la fameuse tête d'Antoine Kombouaré. Tellement plus qu'un match. De ceux dont on fait des documentaires 20 ans après. Ce n'était qu'un quart de finale de Coupe UEFA et le PSG n'était pas allé au bout, sorti dès le tour suivant par la Juventus.
C'était pourtant immanquablement ce match-là qui venait le premier à la bouche, à l'esprit et au cœur, quand il s’agissait d’évoquer l’histoire européenne du club parisien. Pas le PSG-Rapid de Vienne, synonyme pourtant de consécration européenne, trois ans plus tard. Cette victoire en Coupe des coupes en 1996, c'était l'histoire du PSG. PSG-Real, c'était autre chose, une façon d'impliquer au-delà de son cercle. 22 ans après, dans un contexte différent, Paris a remis ça. En se mettant minable, en forçant son destin, il a cessé d'être sa propre vitrine pour nous embarquer avec lui dans son histoire. Jusqu'à mercredi soir. Chelsea-PSG, c'est PSG-Real version QSI.
picture

PSG-Real 1993 : Valdo face à Prosinecki.

Crédit: Panoramic

Des vertus qui n'ont pas de prix mais beaucoup de valeur

En France, pour fédérer de la sorte, le PSG doit en faire deux fois plus qu'un Saint-Etienne ou un OM avant lui. Pour deux raisons. L'une structurelle, l'autre conjoncturelle. D'abord, le PSG est le club de la capitale, celui qu'on aime détester ?. C'est comme ça, ça dépasse le foot. Facteur aggravant, Paris version QSI est presque devenu le club d'un pays étranger. C'est le nouveau riche absolu, gavé de fric. La vie facile. L'idée d'un projet bâti non sur la durée, la cohérence et la patience, mais juste à coups de pétrodollars tombés du ciel.
Des vertus qui n'ont pas de prix mais beaucoup de valeur. La différence, c'est que si un club peut devenir spontanément un des plus puissants de la planète, une équipe, elle, se construit dans le temps, à travers les épreuves. C'est ce qui sépare un projet économique d'une aventure humaine.
A Stamford Bridge, le PSG, c'était tellement plus que du fric. Face au Chelsea d'Abramovich, ce ne sont pas les dollars de Doha qui ont gagné. Les Parisiens ont su s'en sortir dans l'adversité. Avec des vertus (courage, solidarité, cœur) nécessaires aussi bien le dimanche après-midi en district que le mercredi soir en Ligue des champions. Ces vertus-là n'ont pas de prix mais beaucoup de valeur. C'est pour cela que chacun a pu s'y reconnaître.

L'esprit de Stamford Bridge qui devra perdurer

Du coup, s'il est bien compréhensible de ne pas aimer ce club, il est difficile de ne pas admirer ce qu'a accompli cette équipe à Londres. Pour QSI, gagner la Ligue des champions, c'est fondamental. Pour "on", encore lui, beaucoup moins. A défaut d'être "tous Parisiens", comme on a pu le lire sur Twitter, nous sommes tous "on". Cette gigantesque armée qui réclame juste au PSG des souvenirs aussi grands que son budget.
Alors, le PSG gagnera peut-être tout cette saison. Ou rien. C'est son affaire. Mais au point où il en est, ce n'est pas son fric qui lui fera lever la coupe aux grandes oreilles. La plupart de ses derniers concurrents en ont autant ou plus que lui. Non, c'est l'esprit de Stamford Bridge qui devra perdurer.
En attendant, on a envie de dire bravo. Pour le résultat. Et merci. Pour les frissons. Car rester insensible à l'émotion générée mercredi, ce n'est pas ne pas aimer le PSG, c'est ne pas aimer le football.
picture

David Luiz après son but contre Chelsea.

Crédit: Panoramic

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité