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Revenu sur le devant de la scène, Naples a-t-il touché ses limites?

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 19/08/2014 à 13:59 GMT+2

En progression constante depuis bientôt dix ans, Naples vise désormais le titre en Italie. En aura-t-il les moyens avec Rafa Benitez? Avant de répondre à cette question, le club joue face à l'Athletic Bilbao, en barrage de la Ligue des champions (20h45).

Naples

Crédit: Panoramic

Le 5 Aout 2004, le SSC Napoli faisait faillite, achevé par les 79 Millions d'euros de dettes, ce qui signifiait une relégation au troisième niveau national pour la première fois de son histoire. Dans la foulée, le producteur cinématographique Aurelio De Laurentiis reprenait le club et repartait de zéro. Une décennie plus tard, le Napoli est désormais un habitué de la Champions League et un des seuls top clubs européens à respecter tranquillement le fair-play financier. Il ne lui reste qu'une dernière marche à franchir pour compléter cette renaissance, celle du scudetto, un objectif réalisable ?

Ascension fulgurante et régulière

Cet oxymore résume parfaitement la nouvelle ère du Napoli, car si le retour au très haut niveau s'est fait dans un laps de temps relativement court (comptez sept ans), il s’est effectué étape par étape. Le Napoli a d'abord mis deux ans avant de retrouver la Serie B après un premier échec aux play-offs, en revanche, la promotion en Serie A l'été 2007 a été immédiate. Après une première qualification pour la défunte Intertoto et le milieu de tableau, est arrivée une 6ème place synonyme d’Europa League. Enfin de 2011 à 2014, les azzurri n'ont jamais quitté le Top 5 de la Serie A avec trois qualifications en Champions League et donc l'objectif du scudetto dans le viseur. Tout s'est déroulé progressivement avec des cycles bien définis, celui de Reja de 2005 à 2009, de Mazzarri de 2009 à 2013 et enfin Benitez. Ajoutez-y les relatifs courts passages de Ventura (au tout début de l'aventure) et de Donadoni en 2009, vous avez là les cinq entraîneurs de l'ère De Laurentiis. Bref, une ascension régulière qui a permis d'éviter le surrégime notamment d'un point de vue financier. Cela fait sept saisons consécutives que les bilans comptables sont positifs, pas un mince exploit dans le football moderne.
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Aurelio De Laurentiis

Crédit: Getty Images

Une place de choix dans la hiérarchie du football italien

Il ne manque donc que le scudetto pour ce nouveau Napoli afin de couronner cette résurrection. Vice-champion d'Italie il y a deux ans, le club s’est fait une place de choix dans la hiérarchie du calcio, dépassant et larguant les deux clubs milanais en proie à une mutation sportive et structurelle depuis quelques années. Deux clubs historiques de la Botte habitués à se disputer le Graal et qui devront attendre avant de rivaliser de nouveau avec les meilleurs. Restent deux adversaires de taille : la Juventus et la Roma. Voilà où se trouve le Napoli au niveau national, dans le Top 3 synonyme de qualification pour la Champions League. Rappelons qu'il n'y a plus que trois places qualificatives pour la Coupe aux grandes oreilles en Serie A dont deux directes, et vu la concurrence acharnée (n'oublions pas la Fiorentina qui reste sur deux quatrièmes places), cela valorise encore plus les dernières saisons des Napolitains. Enfin, n’oublions pas les deux Coupes d’Italie remportées en mai dernier et en 2012, ce qui fait du Napoli le second club italien le plus titré ces trois dernières années.

Une politique modèle mais qui a ses limites

Seulement, le Napoli a une politique différente de la Juventus et la Roma qui ont investi des sommes d'argent conséquentes depuis trois ans, le tout sans devoir pour autant sacrifier des éléments clés de l'effectif, ce que les dirigeants azzurri sont contraints de faire s’ils veulent se payer des joueurs à plus de 10 Millions. Le mercato estival 2013 (Albiol, Mertens, Callejon, Higuain et aussi Benitez à qui il faut payer son gros salaire) est le fruit des excellentes ventes de Cavani et de Lavezzi (celui-ci en 2012) , De Laurentiis peut d'ailleurs remercier le PSG de lui avoir renfloué ses caisses. Cela a permis de construire une équipe compétitive mais à laquelle il manque un petit quelque chose, et ce petit quelque chose arrivera difficilement sans un effort économique, ce que le président napolitain n'a pas franchement l'intention de faire.
En effet, il maintient sa ligne de conduite tracée il y a dix ans, celle de l'autofinancement, et n'injecte pas d'argent personnel depuis longtemps. D'où les frictions avec une partie du public napolitain qui ne loupe pas la moindre occasion de lui rappeler sa "radinerie" lui reprochant d’utiliser le club surtout pour son exposition médiatique et sa carrière de producteur de films. Si De Laurentiis sort les billets, ce sera uniquement pour le vieillissant stade San Paolo, homologué chaque année de justesse par l'UEFA et qui a bien besoin d'un coup de pinceau.
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San Paolo

Crédit: Getty Images

A Benitez de jouer...s'il le veut bien !

Dans l’état actuelle des choses, il ne reste qu’une seule solution, c’est à Rafa Benitez de jouer pour passer cet ultime cap, mais l'entraineur espagnol en est-il réellement capable ? Si ses compétences tactiques et techniques ne sont plus à démontrer, il a pour habitude de réclamer des recrues, et pas les plus économiques, afin de gravir les échelons et assouvir ses désirs. Le cas contraire, il tend à tourner son nez. En Italie, on se souvient de son passage à l'Inter où il avait pleuré pendant six mois afin d'obtenir des renforts qui ne sont jamais arrivés, le contraignant à quitter le club milanais très tôt. Cela fait quelques semaines que Benitez ne cache pas son besoin de nouvelles têtes à coup de messages pas si subliminaux que ça. La suite du mercato du Napoli dépendra par ailleurs de la qualification ou non à la phase de poule de la Champions League.
En attendant, Don Rafé doit se contenter du Français Koulibaly et de l'Espagnol Michu, l'effectif reste qualitativement et quantitativement à la hauteur et s’il est exploité à 100 %, le scudetto est largement dans les cordes. D’autant que le passage du "Mazzarrisme" au "Benitisme" s’est fait sans traumatisme aucun alors qu'on pouvait craindre un rejet. La base de l’année passée est déjà excellente et c’est de là qu’il faudrait repartir avant de penser à d’éventuels renforts. Enfin, le Napoli pourra aussi compter sur un probable coup de pompes de ses concurrents les plus sérieux, la Juventus ne refera pas un championnat à 102 points et doit assimiler le départ de Conte, tandis que la Roma de Garcia sera engagée sur deux tableaux. Les Azzurri sont ainsi ceux qui ont peut-être le plus de certitudes dans la course au scudetto, un titre attendu depuis 25 ans par tout un peuple et dont les photos souvenirs du Napoli de Maradona commencent à jaunir.
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