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Après la polémique De Gea, Florentino Pérez fait tout pour reprendre la main au Real

François-Miguel Boudet

Mis à jour 15/09/2015 à 20:01 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Au centre d'une tempête médiatique depuis le transfert avorté de David De Gea au Real Madrid, Florentino Pérez essaie de reprendre la main dans la presse. Avec plus ou moins de réussite. La saison de la Maison Blanche s'annonce tendue, avec ou sans succès.

Florentino Pérez (Real Madrid) en conférence de presse

Crédit: Panoramic

"Si le PSG veut Ronaldo, c'est facile : il paye sa clause et il l'a". Sur les ondes de la COPE, l'une des radios les plus écoutées d'Espagne, Florentino Pérez est intervenu mercredi dernier pour tenter de mettre un terme à la tempête médiatique qui secoue le Real Madrid depuis le transfert avorté de David de Gea dans les ultimes instants du mercato estival. Mais davantage que ce mic-mac qui n'a guère plu à Keylor Navas et Kiko Casilla, censés avoir la confiance du club pour garder les cages merengue, c'est cette sortie sur le joueur portugais qui symbolise plus que les autres ce que pourrait devenir la Maison Blanche dans les mois à venir. Une phrase ressortie par Mundo Deportivo, quotidien catalan, mais "oubliée" par Marca, quotidien madrilène, dans son édition papier de jeudi.

Ronaldo, juste un numéro ?

Depuis plusieurs saisons, Ronaldo est le fer de lance du Real Madrid. On l'aime ou on le déteste, mais ses statistiques parlent pour lui. Son duel avec Lionel Messi est évoqué tous les jours. Ronaldo, c'est l'image de marque du Real à travers le monde. Or, en affirmant qu'il était prêt à lâcher le Portugais contre sa clause, Pérez a réduit le double Ballon d'Or à la forme la plus déshumanisée qui soit : un chèque avec beaucoup de zéros. Peu importe que sa clause soit de 100, 500 ou même 1 000 millions d'euros : pour Pérez, Ronaldo est un chiffre, une statistique, comme le nombre de buts que le joueur empile depuis son arrivée en Espagne, en 2009. Même si le président madridiste a également affirmé qu'un "Real sans Ronaldo était impossible", c'est bien cette phrase qui frappe. En agissant ainsi, Pérez a envoyé un très mauvais signal à son vestiaire car si Ronaldo est potentiellement transférable, quid de tous les autres ?

Le départ de Casillas, un symbole fort

Cela intervient aussi quelques semaines après le départ d'Iker Casillas dans le plus grand des tumultes. Le gardien emblématique a été sifflé par Santiago-Bernabeu, son départ s'est fait en catimini, sans le moindre hommage d'envergure, comme un malpropre. Une situation qui rappelle celle d'une autre légende merengue, Raul Gonzalez Blanco, parti sans tambour ni trompette d'un club qu'il a largement aidé dans sa quête de ses 3 premières C1 "modernes" (1998, 2000, 2002). La différence de traitement entre "San Iker" et Xavi (ils ont été tous les deux récompensés du prix Prince des Asturies en 2012 pour leur action commune au sein de la Roja) en fin de saison dernière a encore accentué ce manque de reconnaissance qui conférait presque à l'insulte. Dans son entretien, Pérez a affirmé que Casillas avait demandé à partir. Certes, mais le contexte a poussé le gardien à mettre le cap vers Porto.
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Iker Casillas sous ses nouvelles couleurs du FC Porto

Crédit: Eurosport

Le départ de Casillas, c'est aussi l'identité madridiste qui s'estompe. A l'heure actuelle, seuls Arbeloa, Carvajal, Nacho et Jesé sont sortis de la Fabrica, le centre de formation du Real. Aucun n'est un titulaire indiscuable. Danilo (qui vient de se blesser pour un mois) a été mis dans les pattes des deux latéraux, le défenseur est le 4e choix dans l'axe et l'attaquant est derrière Benzema, voire Ronaldo et Bale en pointe. C'est bien trop peu. En dehors d'eux, le symbole le plus "durable" du madridisme est Sergio Ramos qui vient de fêter son 10e anniversaire au Real avec un énorme contrat et le brassard de capitaine. S'il y avait finalement peu de joueurs formés à la cantera (Casillas, Raul, Guti, Pavon, Mejia principalement), la 1re génération de Galactiques était peuplé de représentants indissociables du club, au point qu'on oublie qu'ils ont été formés ailleurs : Hierro, Salgado, Helguera, Morientes.
Casillas n'a d'ailleurs pas été le seul à être rudoyé par le public madrilène. Malgré une excellente première saison et une finale de Ligue des Champions de haut vol, Bale a été conspué à plusieurs reprises, le rendant fébrile devant le but. Pourtant, à y regarder de plus près, ses statistiques sont loin d'être infammantes (13 buts et 9 passes décisives en 31 matches de Liga). A titre de comparaison (même si ça ne vaut pas raison, car le contexte est évidemment différent), avec 14 buts et 9 passes en 38 matches, Eden Hazard a été couronné meilleur joueur de Premier League.

Benitez, les premiers jours d'un condamné ?

L'ambiance pesante a aussi eu raison de Carlo Ancelotti, déjà bien échaudé après la fin de son aventure avec le PSG. Même après avoir ramené la Décima à la Fontaine des Cibeles, rien n'a été épargné à l'Italien. L'arrivée de Rafa Benitez, pourtant un ancien de la maison, n'a guère suscité d'enthousiasme. Depuis plusieurs semaines, la presse madrilène se déchaîne à bras raccourcis sur celui a dirigé le Castilla de 1993 à 1995. Elle évoque son absence de palmarès depuis plusieurs années, les 600 millions d'euros qu'il a fait dépenser aux clubs qu'il a eu en main depuis son départ du Valencia CF en 2004 accompagné d'un titre à double sens "l'homme aux 600 kilos", rapport évident à son embonpoint. Dès le Trofeo Bernabeu, remporté contre Galatasaray (2-1), le technicien espagnol a été sifflé, tout comme Bale et Ronaldo.
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Danilo et Rafael Benitez au Real Madrid

Crédit: Panoramic

Après seulement 3 matches de Liga, on se demande déjà combien de temps Benitez va tenir. Pourtant, à l'heure actuelle, y avait-il un meilleur choix que lui ? Entraîneur espagnol le plus titré après Vicente Del Bosque, Benitez a gagné partout où il est allé, y compris à l'Inter où il n'est pas resté longtemps. Or, Pérez l'a pris "par défaut", d'où les réactions du Bernabeu. Pour éteindre l'incendie, le président a martelé que Benitez était le meilleur entraîneur de l'histoire de la Casa Blanca. Mais comment le croire ? Un peu plus de 100 jours après l'arrivée du technicien sur le banc, son travail est déjà palpable, notamment en ce qui concerne le positionnement de Bale sur le terrain, afin que le Galois soit plus libre sur le front de l'attaque. Les deux "goleadas" infligées au Betis et à l'Espanyol en témoignent. Benitez n'arrive pas en terrain conquis. Mais s'il y a bien un coach capable de faire abstraction de tout ce qui se passe hors terrain et de rester focalisé sur son équipe, c'est bien lui.

Kovacic, recrue parfaite

Pour la première fois depuis de nombreuses saisons, le Real Madrid n'a pas réalisé un énorme transfert. En revanche, il a peut-être réalisé son mercato le plus intelligent en obtenant la signature du Croate Kovacic (21 ans) en provenance de l'Inter. Considéré comme un milieu de terrain de grand talent, il sera d'un grand recours en cas de blessure de Modric. La saison dernière en son absence, ce sont Kroos et Isco qui ont régulièrement reculé sur le terrain. Un duo certes technique, mais régulièrement en difficulté contre des équipes voraces dans l'entrejeu et n'hésitant pas à mettre le pied pour couper les initiatives adverses vers l'avant. Fervent pratiquant du turn-over tout au long de la saison, Benitez donnera sa chance à Kovacic, c'est une certitude.
La fin de règne de la première génération des Galactiques avait coûté sa place à Florentino Pérez en 2006. Une deuxième saison sans trophée le mettrait en position périlleuse. Mais à l'heure actuelle, rien ne prédit cela. En football, la patience est un art. Et si ça se trouve, en mai prochain, Benitez sera célébré et Pérez pourra se féliciter de son flair.
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