Bayern - Atlético : Plus qu'une demie à gagner, Pep Guardiola joue son héritage

La peur du vide. Mardi soir, la fin de saison du Bayern Munich paraitra bien maussade si le club bavarois ne parvient pas à renverser la situation face à l'Atlético Madrid, vainqueur du match aller (0-1), en demi-finale retour de la Ligue des champions. Certes, le club bavarois a encore des objectifs nationaux à atteindre. Il lui manque un point pour être sacré champion en Bundesliga, et le FCB a aussi une finale de Coupe d'Allemagne à disputer face au Borussia Dortmund le 21 mai. Mais ses plus hautes ambitions se situent au niveau européen. Très clairement.

Josep Guardiola en est conscient. Face à l'Atlético, ce ne sera pas seulement le rendez-vous le plus important de sa saison. Pour l'entraîneur du Bayern, ce sera surtout la dernière chance de réussir à passer un stade de l'épreuve où il a systématiquement échoué jusqu'ici avec le FCB. Ce n'est pas la seule tendance qu'il va devoir inverser face à l'Atlético. Il lui faudra aussi trouver les solutions pour résoudre l'équation délicate posée par la formation de Diego Simeone. Le bilan de ses trois ans au Bayern, qu'il quittera en juin pour rejoindre Manchester City, dépend de ce duel.

25 mai 2013. Le Bayern remporte sa cinquième Ligue des champions en prenant le dessus sur le Borussia Dortmund en finale (2-1). L'équipe alors entraînée par Jupp Heynckes semble partie pour dominer l'Europe sur la durée. Sa puissance a éclaté au grand jour en demi-finale face au FC Barcelone, humilié d'abord en Bavière (4-0) puis au Camp Nou (0-3). Successeur d'Heynckes, Josep Guardiola n'est jusqu'ici pas parvenu à faire fructifier cet héritage exceptionnel. Les deux échecs consécutifs en demi-finales de la Ligue des champions ont traduit son incapacité à maintenir le FCB au sommet.

Ironie du sort, le technicien espagnol a systématiquement buté sur des clubs de Liga. Le Real il y a deux ans, et le FC Barcelone la saison passée. Avec deux humiliations marquantes à la clé, en Bavière face aux Madrilènes (0-4), et au Camp Nou face aux Barcelonais (3-0). Echouer face au troisième grand d'Espagne, l'Atlético, serait un camouflet retentissant pour Pep. D'autant plus que le Bayern d'Heynckes avait pris le dessus sur les clubs espagnols. Avant d'éliminer le Barça en demi-finale en 2012/13, il s'était offert le scalp du Real au même stade de l'épreuve la saison précédente.

La défaite subie à Vicente-Calderon (1-0) signifie que Guardiola devra inverser une tendance pour emmener le Bayern en finale : celle qui le voit échouer la plupart du temps au moment de se qualifier après un revers au match aller d'un tour à élimination directe en Ligue des champions, et de manière systématique quand ce cas ce produit en demi-finale. A ce stade de l'épreuve, Guardiola a déjà connu cette situation à quatre reprises depuis le début de sa carrière. A chaque fois, cela s'est terminé par une élimination.

Ce serait donc une grande première pour Guardiola si son Bayern éliminait l'Atlético après le revers du match aller. Jusqu'ici, le technicien catalan n'a jamais trouvé la solution pour renverser ce type de situation. Peut-être parce qu'il n'a pas vraiment su s'y adapter jusqu'ici, et éventuellement modifier son mode de fonctionnement dans l'approche, tactique, technique et psychologique du match. C'est justement ce défi qu'il va devoir relever face à l'Atlético.

Josep Guardiola a été pointé du doigt comme le principal responsable de la défaite subie à Vicente-Calderon. Le meilleur moyen pour lui de faire taire les critiques, c'est de trouver la clé pour ouvrir le coffre-fort madrilène. Cela passe certainement par des choix forts.

L'absence de Thomas Müller dans le onze bavarois au match aller a choqué tout le monde, notamment en Allemagne. L'international allemand n'est pas seulement le co-meilleur buteur du Bayern en Ligue des champions avec 8 réalisations, comme Robert Lewandowski. Il est aussi l'une des figures emblématiques du club, et un leader du groupe du FCB. C'est difficile d'imaginer le clyb munichois renverser la situation sans l'un de ses principaux atouts.

L'Atlético a prouvé au tour précédent face au Barça sa capacité à maîtriser le jeu de possession adverse. Un style similaire à celui du Bayern, qui est lui aussi resté muet à Vicente-Calderon même s'il a surtout manqué de réalisme en seconde période. Pour surprendre l'équipe de Simeone, Guardiola devra certainement modifier un peu le jeu habituellement pratiqué par le Bayern. Quitte à le rendre un peu plus direct. Le FCB peut aussi évoluer dans ce registre. Sous Heynckes, c'était même l'un de ses points forts.

Le mental sera un facteur clé pour le Bayern. Surtout parce que c'est l'un des principaux atouts de l'Atlético. Simeone mène ses hommes comme un commando, et il mettra encore davantage l'accent sur cet état d'esprit guerrier compte tenu de l'enjeu du match. Guardiola ne s'est jamais vraiment illustré dans un rôle de meneur d'hommes. C'est peut-être ce qui lui a manqué jusqu'ici pour renverser des situations compromises en Ligue des champions. Et c'est certainement le moment ou jamais pour lui de se faire violence dans ce domaine.