C1 - "Messi est irremplaçable" : ce que le Barça va devoir faire pour pallier son absence

"Un seul être vous manque et tout est dépeuplé." Au moment où Lionel Messi s’est écroulé en se tenant le genou gauche samedi, les mots de Lamartine ont résonné dans le Camp Nou. Les craintes de tout le peuple blaugrana se sont confirmées quelques minutes seulement après le coup de sifflet du match gagné par le FC Barcelone face à Las Palmas (2-1) : l’attaquant argentin manquera les deux prochains mois de compétition. La faute à une rupture du ligament latéral interne du genou gauche.

Un coup très dur pour le club catalan, d’autant qu’il aborde une semaine charnière dans sa saison. La réception du Bayer Leverkusen mardi en Ligue des champions (20h45) a tout du piège, après le nul ramené de Rome par le Barça pour son entrée dans la compétition. Le déplacement sur le terrain du FC Séville dans la foulée aura valeur de test pour savoir si les hommes de Luis Enrique sont bien remis de la claque reçue chez le Celta Vigo en milieu de semaine dernière. Tout ça, ils devront le faire sans Messi, "un joueur irremplaçable" de l'aveu même du coach barcelonais.

Remettons d’abord les choses en perspective. Le Barça sait se débrouiller en l’absence de la "Pulga", et plutôt très bien. Il a perdu seulement 3 matches sur les 43 matches disputés toutes compétitions confondues sans le quadruple Ballon d’Or sur les six dernières saisons. Il faut dire que Messi n’a pas manqué d’affiches de grande envergure lors de cette période, hormis une demi-finale retour de Ligue des champions quasiment sans enjeu face au Bayern Munich en mai 2013 (0-3). Seul point de comparaison avec le rendez-vous qui attend les Blaugrana face au Bayer mardi : un déplacement sur la pelouse de l’Ajax Amsterdam en phase de groupes lors de la saison 2013/2014. Elle s’était soldée par une défaite (2-1). Alors méfiance quand même…

Qu’on se le dise, l’interdiction de recrutement imposée par la FIFA au Barça en 2015, pour une affaire de transferts illégaux concernant des joueurs mineurs, pèse lourdement sur la profondeur de l’effectif catalan. C’est maintenant que cette sanction prend tout son sens, ce que reconnait Luis Enrique. "Elle nous a désavantagés mais nous sommes habitués à surmonter ces moments délicats, nous allons essayer de contrôler ce qu'on peut contrôler", explique le coach barcelonais. Les dirigeants du club ont essayé d’infléchir la position de la Fédération internationale, avec l’espoir d’inscrire Arda Turan en qualité de joker médical de Rafinha Alcantara, à l’infirmerie jusqu’à la fin de la saison. Ils se sont vus opposer une fin de non-recevoir. Voilà qui limite grandement leurs options, au moins jusqu’en janvier.

En poste depuis l’été 2014, Luis Enrique n’a jamais été confronté à une absence longue durée de Messi lors de son mandat. Le technicien catalan part d’une feuille blanche, où la vie sans son numéro 10 reste à écrire. Elle a tout pour faire le bonheur de Munir El-Haddadi. Il est le remplaçant naturel du natif de Rosario et dispose d’une longueur d’avance dans l’esprit du staff sur Sandro, autre attaquant sorti de la Masia. Impliqué sur les deux buts barcelonais samedi face à Las Palmas, l’international espagnol (1 sélection) tient enfin une vraie chance de jouer un rôle important au sein de son club formateur. Mais il n’a que 20 ans et autant de matches en équipe première à son actif. Voilà qui pourrait convaincre Luis Enrique d’explorer d’autres possibilités.

L’une d’elles consiste à rester en 4-3-3 et à faire monter Dani Alves d’un cran pour l’inclure dans le trio offensif. Auteur d’un bon début de saison, Sergi Roberto deviendrait alors le titulaire sur le flanc droit de la défense. Mais l’ancien entraîneur de la Roma pourrait aussi opter pour un nouveau système. Mundo Deportivo évoque notamment un possible passage au 4-4-2 en losange qui siérait parfaitement aux qualités des joueurs actuellement disponibles. Javier Mascherano monterait au milieu et libérerait une place pour Jérémy Mathieu, qui formerait la charnière centrale avec Gerard Piqué. Andrés Iniesta se positionnerait en position d’électron libre derrière le duo Suarez-Neymar. Sur le papier, ça a clairement de la gueule.

Devoir pallier l’indisponibilité de Messi, c’est aussi combler un énorme manque à gagner dans la finition. Il faut remplacer un joueur qui a terminé la saison passée à 57 buts et 27 passes décisives. Cela donne une idée de l’ampleur de la tâche qui attend les joueurs offensifs du Barça dans les prochaines semaines. Les regards se tournent d’abord vers les milieux de terrain, Ivan Rakitic et Andrés Iniesta étant impliqués à eux deux… sur un but depuis le début de la saison. Ce sera à eux, en premier lieu, de hausser le ton et l’attaque suivra le tempo.

Auteur d’un doublé le week-end dernier en championnat, Luis Suarez a vite trouvé de nouveaux repères sans son compère argentin. Il en est désormais à trois buts sur ses trois dernières apparitions toutes compétitions confondues. Pour ce qui est de Neymar, sa prestation contre Las Palmas n’a pas franchement rassuré. Le Brésilien est apparu à côté de ses pompes, quasiment incapable de faire une différence balle au pied et très maladroit devant le but. Comme s’il avait immédiatement compris qu’il serait maintenant attendu au tournant et voulait trop en faire. S’il y en a qui doit prendre ses responsabilités d’ici à fin novembre, c’est bien lui.

Et sans le citer, Luis Enrique lui a bien fait comprendre. "C'est toujours triste quand un joueur se blesse, surtout quand on connaît le poids spécifique de Messi dans notre équipe. Mais nous sommes une équipe et avec du travail, il n'y a pas de doute que certains joueurs vont faire un pas en avant." La mission est à la hauteur du talent de Neymar. Si elle est réussie, elle pourrait faire franchir un nouveau cap au principal intéressé. Et le Barça ne s’en porterait que mieux au moment où Messi foulera à nouveau les pelouses.