Gigi Buffon évincé de la liste des prétendants au Ballon d'or, l'absence de trop ?

En plus d'un timide billet d'humeur du rédacteur en chef de France Football, c’est pour le moment la seule justification que j’ai trouvé concernant l’absence du gardien de la Juventus parmi les prétendants à la prochaine édition du Ballon d’or. Loin de moi l’idée de faire du corporatisme en faveur du football italien, mais son éviction est inexplicable et est un nouveau coup dur pour la crédibilité de cette récompense.

Voilà deux semaines que l’on est déjà plus ou moins au courant de l’absence de Buffon de la liste des prétendants, la faute à une fuite à propos d'une pré-liste de 59 nommés dans laquelle il était déjà absent ! Au fond de moi, j’espérais que cet incroyable oubli soit corrigé devant la levée de boucliers pointant du doigt cette véritable ineptie.

La Gazzetta dello Sport, dont l’un des journalistes fait partie des votants, avait même titré un violent "Bouffonnerie" au lendemain de la nouvelle, mais rien n’a été fait. Pris la main dans le sac, les responsables de cette erreur ont préféré insister. Bravo, De Gea, Neuer, Courtois et Ospina précédaient leur confrère de la Juventus ainsi que d’obscurs joueurs australiens et japonais.

Cela m’ennuie de devoir prêcher pour ma paroisse, car je ne devrais absolument pas avoir besoin de le faire, mais voici un petit rappel pour ceux qui ont la mémoire courte ou la subjectivité maladive :

Bref, un candidat sérieux pour le Top 10 voire le Top 5. Grand seigneur, et fidèle à lui-même, Gigi avait remercié cette vague de soutien sur sa page officielle Facebook tout en égratignant avec ironie les auteurs de cet oubli : "En toute sincérité, je pensais être au moins le 5ème meilleur gardien de l’année, mais évidemment, j’ai dû prendre la grosse tête."

Cela confirme ce que je pense de ce trophée, avant de fustiger le jury qui vote trop souvent comme bon lui semble, surtout depuis l’élargissement aux capitaines et sélectionneurs de toutes les nations, ce sont avant tout les personnes chargées de désigner les nommés qui manquent d’objectivité ou de bon sens.

En Italie, on n’oublie pas l’absence de l'attaquant argentin Diego Milito des 23 pour l’édition 2010 alors qu’il avait remporté un historique triplé avec l’Inter en étant ultra-décisif. Mais qui choisit donc les prétendants ? "Cette liste pour le FIFA Ballon d’Or, généralement dévoilée en octobre, est établie par les membres de la Commission du Football de la FIFA et un panel d'experts de France Football", peut-on lire sur le site officiel de l’association.

Comment ne se sont-ils pas rendus compte d’une telle bévue au moment de concocter ne serait-ce que la liste des 59 ? Alors, ne comptez pas sur moi pour sortir des théories de complots, mais quelque chose ne tourne pas rond. A croire qu’ils prennent un malin plaisir à ce que leurs choix soient remis en question, histoire d’offrir un écho médiatique encore plus important à cette récompense.

D’ailleurs, celle de Buffon n’est pas la seule erreur notable. Peut-on m'expliquer la présence Carlo Ancelotti dans la liste des 10 entraîneurs alors qu’il a tout perdu avec le Real Madrid et n’entraîne plus depuis juin ? Et pourtant, c’est l’un de ses plus grands admirateurs qui vous l’écrit.

Plus que l’ostracisme envers Buffon, c’est la présence d’un juventino et demi qui est choquante, et pas forcément les plus légitimes d’ailleurs ! Va pour Vidal vainqueur de la Copa America avec le Chili, mais il y a largement à redire sur la présence de Paul Pogba, blessé de mars à mai et méconnaissable en ce début de saison. C’est tout ce que mérite le finaliste de la dernière Champions League, surtout lors d'une année impaire ?

Des éléments comme Morata ou Tevez auraient pu prétendre à intégrer cette liste, pour ne pas parler des défenseurs italiens. Si l’excellentissime Barzagli est sorti petit à petit du onze-type, le duo Chiellini-Bonucci mène la défense de main de maître. Ce n’est pas toujours parfait voire académique pour le premier, mais ça ne prend jamais l’eau. Bref, zéro sur toute la ligne.

On le sait, le vainqueur final se jouera entre deux ou trois noms, ceux tournant à une moyenne d'un but match, c’est d’ailleurs pour cela que ce qui revêt le plus d’intérêt est la confection de cette liste de nommés, sorte de hall of fame annuel du football mondial. Alors vous me direz très justement que Gigi Buffon n’a pas besoin de ça pour être reconnu à sa juste valeur et qu'il s’en remettra. Contrairement aux Owen, Sammer et autres Belanov, les Zoff, Scirea, Baresi, Maldini ou Del Piero n’ont pas eu besoin du Ballon d’or pour intégrer le panthéon de ce sport. Mais il m’est d’avis qu’en plus de virer Blatter, le comité d’éthique de la Fifa ferait bien de réserver le même sort aux membres de cette bien triste commission.