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La Ligue des champions a 60 ans : elle n'a jamais été aussi puissante et conservatrice

Maxime Dupuis

Mis à jour 15/09/2015 à 10:36 GMT+2

La Ligue des champions, qui débute mardi et fête ses soixante ans, est plus que jamais incontournable dans le paysage footballistique. Puissante comme elle ne l'a jamais été, rémunératrice comme nulle autre, la reine des Coupes d'Europe n'a également jamais été autant écrasante et fermée.

Le trophée de la Ligue des champions à Wembley

Crédit: AFP

Soixante ans et mieux portante que jamais, la Ligue des champions n'a toujours pas pris une ride. Ses grandes oreilles, fièrement arborées sur son trophée massif, sont reconnaissables entre mille. Sa musique ? Elle est entrée dans l'imaginaire collectif et les footballeurs ne jurent que par elle. Jamais, la reine des Coupes d’Europe n'a été aussi puissante, sportivement, culturellement et surtout financièrement.

Seule sur sa planète

Bientôt deux décennies après la disparition de la Coupe des Vainqueurs de Coupes (C2), la Ligue des champions pourrait avaler la Ligue Europa (C3) que personne - ou peu de monde - n'y trouverait à redire. Elle l'a d'ailleurs déjà un peu fait en alpaguant son vainqueur. A l'image du FC Séville cette année, celui-ci est désormais reversé dans le grand monde et ne défend plus son titre. Certains le regrettent. Mais ils sont peu. L'histoire a un sens et la direction prise est celle du renforcement de la compétition de clubs la plus prestigieuse de la planète. Et de sa toute puissance.
D'accord, l'UEFA fait des efforts financiers pour valoriser la Ligue Europa. Et a fait en sorte de réduire les disparités de gains entre les deux compétitions (ndlr : quand on gagne 1 euro en C3, on en gagne 3,3 en C1, contre 4,3 auparavant), la marche en avant de la Ligue des Champions semble difficile à enrayer.
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Barcelone, vainqueur de la dernière Ligue des champions

Crédit: AFP

Réformée en 1992, glanée par l'Olympique de Marseille quelques mois plus tard, celle qui répondait auparavant au doux nom de Coupe d'Europe des Clubs Champions a petit à petit grandi jusqu'à prendre toute la place sur la scène continentale. Lors de sa première édition comme lors des années précédentes, son plateau était moins dense et relevé que celui de la Coupe UEFA, qui accueillait les équipes ayant terminé aux places d'honneur des championnats européens. Epoque révolue puisque la compétition s'est au fur et à mesure des années ouverte aux vice-champions, puis aux 3e et 4e des pays puissants et, cette année, à cinq clubs espagnols. Une première historique.
Le format actuel de la compétition (phase de groupes puis huitièmes, quarts, etc.) a été mis en place en 2003/2004. Remplacer la deuxième phase de poules, longue et peu emballante, par un tour supplémentaire à élimination directe (8e de finale) avait redonné du piquant à la compétition et accouché d'une finale inattendue et pleine de promesses entre Porto et Monaco. Le retour aux affaires des pays "secondaires" n'a duré que le temps d'un printemps. Depuis ? L'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre et évidemment l'Espagne se sont taillés la part du lion sans en laisser une miette aux autres.
Présences par pays en finale de C1 depuis 2004/2005
Angleterre8 fois
Espagne6
Italie4
Allemagne 4

La Ligue la plus "généreuse" du monde

Trente-deux équipes sur la ligne de départ, un seul club sacré. Mais beaucoup de gagnants. La Ligue des champions est aussi et surtout devenue un rendez-vous incontournable financièrement parlant. Le système de distribution adopté par l'UEFA, avec l'accord de l'Association des clubs européens, a récemment dévoilé un "prize money" de 1,257 milliard d'euros à répartir entre tous les clubs ayant participé, de près ou de loin, à la C1. Les clubs barragistes sortis avant le premier tour se partagent 50 millions. Les 32 autres ? 1,207 milliard. En être ou pas, ça fait une sacrée différence. Et les écarts entre les clubs qui y sont et ceux qui restent à la porte ne font que s'agrandir.
Le ticket d'entrée pour chacun des 32 heureux élus s'élève à 12 millions d'euros en montant fixe (ndlr : +50% par rapport à ce qui se faisait entre 2012 et 2015). Chaque succès rapporte 1,5 million, chaque nul 500 000 euros. La victoire finale ? 15 millions (contre 10,5 auparavant), qui se cumulent à l'argent récolté durant la campagne.
Les rétributions fixes pour la saison 2015/2015
Participation à la phase de groupes 12 millions d'euros
Victoire en phase de groupes 1,5 M€ par match gagné, 500 000 euros le nul
Participation aux 8e de finale 5,5 M€
Participation aux quarts de finale 6 M€
Participation aux demi-finales 7 M€
Finaliste10,5 M€
Vainqueur15 M€
Ce magot est complété par les droits TV (482,9 millions par saison), redistribués aux clubs en fonction des marchés télévisuels locaux et du nombre de qualifiés par pays. Cette saison, l'Espagne et ses 5 clubs sera "pénalisée" par rapport à la France, qui n'est représentée que par deux clubs.
Au total, en 2013/2014 et 2014/2015, le Real Madrid et le FC Barcelone, sacrés chacun leur tour, ont récolté autour de 57 millions d'euros (ndlr : l'UEFA doit officialiser les chiffres de la saison dernière à la fin du mois). La Juventus ? Elle devrait gagner autour de 63 millions. Plus que les deux géants d'Espagne, parce que la Vieille Dame profite de sa surexposition après le premier tour alors qu'elle était la dernière formation italienne qualifiée.
Le vainqueur de l'édition 2015/2016 peut espérer décrocher une somme bien plus importante. On peut imaginer que cela atteindra les 80 millions, assez aisément.
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Pirlo, Tevez, Vidal après la finale de la Ligue des champions

Crédit: AFP

Un club très (trop ?) select

Faire un bon bout de chemin en C1, ça rapporte. Problème : aller loin en Ligue des champions, ce n'est pas donné à tout le monde. Si Michel Platini, en réformant le système de barrages avec la voie des champions, a permis à des pays autrefois écartés de revenir en C1, ceux-ci n'ont pas les armes pour lutter avec les grandes écuries qui, dans le même temps, n’ont jamais été aussi puissantes. Le premier tour - et même parfois les 8es - en sont la preuve. Il suffit de se pencher sur les feuilles de match et lire les scores pour s’en persuader.
Au fil des années, l'arrêt Bosman et l’explosion des droits TV dans les grands pays de football a dépecé les petits pays, et même les moyens (coucou la France). La puissance financière incomparable de ces pays et/ou clubs a fait le reste et créé un cercle vertueux pour eux, vicieux pour les autres.
Aujourd’hui, les multinationales du foot, telles que le FC Barcelone, le Real Madrid ou encore le Bayern Munich sont constamment invitées au banquet du dernier carré, faisant du printemps européen un rendez-vous d’un exceptionnel niveau footballistique mais réservé à une poignée d'initiés.
Les participants aux demi-finales de C1 depuis 2010
(avec infogr.am)

Les participants aux demies de C1 depuis 2010
Certains s'appuient sur des droits TV exceptionnels (les Anglais, le Real et le Barça), d'autres sur un modèle économique vertueux (Bayern), un dernier paquet vit très bien grâce à des généreux investisseurs (Chelsea, PSG). Parmi ces écuries, certaines cumulent plusieurs avantages. Ou tous. Quoi qu'il en soit, le point commun entre tout ce petit monde est évident : il se situe dans leur porte-monnaie. La Ligue des champions est une ligue fermée qui ne dit pas son nom. La deviendra-t-elle formellement à l'avenir ? Les gros en rêvent secrètement. Mais on n'y est pas encore. Heureusement. En arriver là après 60 ans, avouez que ça serait dommage.
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