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L’insupportable défaillance de ses cadres marque la fin d’une ère au PSG

Maxime Dupuis

Mis à jour 04/05/2016 à 17:43 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Le PSG génération Ibra est arrivé au bout de son histoire, mardi à Manchester. Comme la majeure partie des cadres parisiens, Thiago Silva excepté, le Suédois est complétement passé à côté et a clairement symbolisé ce manque de caractère. Pour le Paris Saint-Germain, il est temps de tourner la page. Maintenant.

Zlatan Ibrahimovic avec le Paris Saint-Germain - 2016

Crédit: Panoramic

Superman a sauvé les siens. Encore une fois. Alors que ses coéquipiers étaient au bord du précipice, il s’est débrouillé pour les sortir du pétrin au terme d’une nuit magique. Le Superman dont on parle, vous l’imaginez bien, n’était pas vêtu de noir mardi soir. Mais d’une tunique blanche. Et il a sévi à Madrid, où il a terrassé une bande de loups qui voulaient sa peau et celle de ses partenaires, ou plus précisément de ses protégés tant ils s’en sont remis à son talent et à sa formidable abnégation. Autant de qualités qui ont manqué aux cadres (supposés) du Paris Saint-Germain, sur la pelouse de l’Etihad Stadium.
Cette soirée magique madrilène, tragique parisienne, met assez cruellement en lumière ce qu’il manque à Paris pour intégrer le dernier carré de la Ligue des champions et en devenir un vainqueur potentiel. Pour y arriver, il faut du talent, certes. Mais aussi et surtout du caractère et de la résilience. La C1, ce n’est pas la L1. En Ligue des champions, il n’y a pas Troyes et la supériorité économique, si elle est un préalable indispensable, n’est pas suffisante pour arriver à ses fins. Il faut autre chose. Demandez donc aux grognards de Chelsea... Cet autre chose a manqué aux Zlatan Ibrahimovic, Angel di Maria et compagnie. Mis à part Thiago Silva, capitaine abandonné, tous les cadres parisiens ont quitté le navire avant l’heure. C’est insupportable et difficilement pardonnable.
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Angel Di Maria et Thiago Silva lors de Manchester City - PSG (2016)

Crédit: Panoramic

Une voie sans issue

Parce que si Laurent Blanc les a placés dans une situation malaisée avec un système qui semblait tout droit sorti d’une pochette surprise, ce dont on a déjà parlé dans ces colonnes, les joueurs les plus expérimentés avaient le pouvoir de changer la donne sur le terrain. De décider qu’il n’en serait pas ainsi et qu’ils ne quitteraient pas la Ligue des champions par une voie de garage, pour la quatrième année de suite. Une voie de garage qui, soit dit en passant, ressemble à s’y méprendre à une voie sans issue.
Hier soir, quand Nasser Al-Khelaïfi a fait le tour des médias dans un couloir de zone mixte qui a dû lui sembler long comme un jour sans pain, le président du PSG a été, comme toujours, parfait. Il n’a pas allumé la mèche d’un incendie qui aurait tout ravagé. Instantanément. Mais laissé comprendre, entre les lignes, qu’il tenait fermement le briquet et que sa patience avait des limites.
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Edinson Cavani lors de Manchester City - PSG (2016)

Crédit: Panoramic

Ce PSG-là n'a pas le niveau

Il n’a pas eu besoin de le rappeler mais, quand il a pris les rênes du PSG avec QSI en 2011, son projet n’était pas de rafler toutes les distinctions nationales tous les ans ou de remporter le championnat avec vingt-cinq points d’avance. Non, c’était d’aller décrocher le gros lot, le seul qui vaille : la Ligue des champions. Or, son club s’est une nouvelle fois cassé les dents aux portes du Big Four. Quatre ans de suite. Certes, Barcelone est passé deux fois par là. Mais il est tout de même troublant de se retourner sur les échecs parisiens et de se dire que la seule fois où Paris aurait mérité de franchir le cap, c’était en 2013, face au Barça justement. Pour sa première apparition à ce stade depuis des lustres. Depuis, Paris se rate et ne fait pas le poids.
Ce Paris Saint-Germain a-t-il le niveau pour remporter la Ligue des champions ? Non. C’est désormais assez clair car la thèse de l’accident ne tient plus. D’ailleurs, personne ne cherche à la défendre et cela a quelque chose de rassurant : la lucidité, au moins, n'a pas déserté les rangs parisiens. Parce que, si le triomphe se joue sur des détails, le hasard n’a qu’une part minime dans sa construction. Et il est temps de changer d’ère. Cette génération Zlatan touche à sa fin en même temps que ses limites.
Il y a bientôt un an, Nasser Al-Khelaïfi avait expliqué dans un entretien au Parisien qu’il avait envie de voir de nouvelles têtes au PSG et qu’il était temps d’insuffler du sang neuf. Il avait exactement prononcé les mots suivants : "Ce n'est pas encore la fin d'un cycle. Mais il faut se poser et réfléchir pour régénérer l'équipe. On a déjà 5 ou 6 joueurs d'avenir. On ne va pas changer les onze joueurs."
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Thiago Motta avec Thiago Silva et Serge Aurier lors de Manchester City - PSG (2016)

Crédit: Panoramic

Comment penser que ce groupe est capable de faire mieux la saison prochaine ?


Cette déclaration du boss reste d’actualité, à ceci près que la première phrase est désormais à déclamer sous sa forme affirmative : le PSG est arrivé au bout d’un cycle et les 90 minutes de l’Etihad en sont l’illustration ultime. Comment penser que ce groupe, dans sa configuration actuelle, est capable de faire mieux la saison prochaine ? C’est impossible. Si Rabiot, Kurzawa et compagnie vont prendre des épaules, Zlatan ne va pas rajeunir, Maxwell non plus. Thiago Motta ? On n’en parle pas. Di Maria ? Il a droit à une seconde chance. Cavani ? Peut-être faut-il enfin lui donner les clés de l’axe ? Il n’en reste pas moins que son passif sur ces soirées de gala commence à être lourd.
Bref, Paris est à un tournant de son histoire récente. Et, au fond, c’est presque une chance que cela arrive maintenant, au moment où Zlatan Ibrahimovic est en fin de contrat. Ibra a énormément apporté, sportivement comme médiatiquement mais, tout comme il y avait quelque chose avant lui, le Suédois va devoir se résoudre au fait qu’il y aura aussi un Paris après lui.
Il est plus que clairement temps de le laisser partir avec l’hommage qu’il mérite et de donner les clés du camion à un autre leader technique. Ou plusieurs. Parce que Superman ne court pas les rues. Il y en a un qui fait le bonheur du Real Madrid, qui fait gagner des Ligue des champions et qui ferait un bien fou à Paris. Mais des joueurs de la trempe de Ronaldo, puisque c’est de lui dont il s’agit, il n’en existe pas des dizaines. Et ont-ils envie de tenter leur chance dans ce PSG-là ? Celui de mardi, sûrement pas.
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