Louis van Gaal, an II : 7 questions pour une saison où Manchester United joue gros

Manchester United est assuré de jouer l'Europe, après avoir été privé de compétition continentale en 2014/2015. Mais le début de saison du club serait gâché en cas de non qualification pour le Ligue des champions. Pour obtenir le droit de jouer dans la compétition-reine, il faut franchir l'obstacle -loin d'être insurmontable- Bruges. Un faux-pas n'est pas envisageable pour l'équipe dirigée par Louis van Gaal, sur le plan sportif et dans une moindre mesure sur le plan financier.

Avec un groupe renforcé grâce à une enveloppe de 97 millions d'euros, être sorti par le club belge ferait figure de claque monumentale. Niveau financier, une simple participation à la phase de groupes rapporte 12 millions d'euros. A cette base, il faut ajouter les primes accordées (1,5 million pour une victoire en poules, 500 000 euros pour un nul, 5,5 millions pour un huitième de finale, etc.), la part issue des droits télévisuels et la publicité faite au club en cas de bon parcours.

Dire que van Gaal a tâtonné pour trouver son système la saison passée est presque un euphémisme. Le tacticien néerlandais a beaucoup tenté (défense à 3, Rooney en meneur, Blind partout) avant de trouver un équilibre dans le 4-3-3 en fin d'exercice. De quoi décider cet été de pérenniser cette mise en place. "Nous avons déjà joué comme ça la saison dernière, lors de la deuxième moitié de saison, j'ai dit que c'était le système que je voulais utiliser," explique-t-il au mois de juillet sur le site officiel du club.

Las, le club mancunien n'a encore jamais joué dans cette formation en match officiel cette saison. Que ce soit lors de la victoire face à Tottenham (1-0) ou lors de celle face à Aston Villa (0-1), l'équipe alignée par van Gaal avait plus des allures de 4-2-3-1 qu'autre chose, avec Wayne Ronney en pointe et Memphis Depay derrière lui en soutien. Mais une titularisation de Schweinsteiger pourrait venir modifier le visage de cette équipe.

En recrutant un champion du monde, les Red Devils ont frappé un grand coup sur le marché des transferts cet été. En plus de son expérience dans un groupe qui reste assez jeune, l'ancien du Bayern Munich aura la tâche de réguler le milieu de terrain. Aux côtés de l’autre recrue, Morgan Schneidrelin, il devrait apporter une sérénité indispensable à une défense centrale (secteur où MU n’a pas recruté) pas vraiment rassurante la saison passée.

Si Schweinsteiger semble assuré d'occuper une place dans un milieu à trois, comme Schneiderlin, il sera alors positionné un peu plus haut sur le terrain. A ses côtés, des joueurs comme Herrera ou Fellaini pourraient venir compléter le trio et apporter leur talent dans la création.

Avec les départs de Falcao et de Van Persie, Manchester United s'est singulièrement déplumé sur le front de l'attaque. Seule trois joueurs peuvent désormais occuper la pointe de l'équipe : Wayne Rooney, Chicharito et James Wilson. Si l'international anglais a fait ses preuves par le passé, le Mexicain de 27 ans est loin d'apporter des gages de  réussite. Ses saisons en Angleterre n'ont jamais été très concluantes et il est susceptible de quitter le club avant la fin du mercato. Quant à parier sur James Wilson (20 ans), il faudrait être un brin audacieux.

United est donc en recherche d'une pointure, capable d'occuper le poste et de jouer sur l’ensemble du front de l’attaque, pas très bien pourvu. Pedro, annoncé partant du Barça comme chaque été, a le profil idéal. Et cette fois-ci, l'attaquant blaugrana a toutes les raisons d'aller voir ailleurs. Barré par le trio magique en Catalogne, il a l'Euro 2016 dans le viseur. Rester à Bercelone n'est pas le meilleur choix qui s'offre à lui alors qu'il pourrait obtenir à Manchester un statut qu'il n'a jamais eu dans son club formateur.

"Nous devons rechercher plus de créativité," concédait Louis van Gaal aux médias anglais au mois de juillet. Et d'égrener : "Chelsea a Eden Hazard, qui peut mettre un but à tout moment (…). City a Agüero, c'est le même genre de joueur. Barcelone a Messi, Neymar et Suarez." L'équipe du technicien batave, elle, n'a aucun joueur de ce type. Angel Di Maria aurait pu l'être la saison passée, mais la greffe n'a pas totalement pris et le joueur a filé au PSG.

Alors cette année encore, difficile d'imaginer une équipe spectaculaire. Les deux seuls matches officiels joués par le club ont d'ailleurs donné le ton. Deux victoires, mais deux victoires sans folie. Et si Van Gaal affirme que son équipe "est meilleure que celle de l'an dernier", elle n'est pas forcément plus créative. Le "boring United" déjà valable à l'époque de Moyes pourrait encore durer une saison supplémentaire.

C'est l'immense incertitude de ce mois d'août. MU va-t-il perdre le meilleur joueur de sa saison dernière, David de Gea ? Le gardien espagnol, qui a affiché son envie de rejoindre le Real Madrid, n'apparait plus sur les feuilles de match du club. Le genre de situation conflictuelle qui peut plomber une équipe et perturber l'ensemble d'un groupe.

Surtout qu'en l'écartant (à la demande du joueur selon le Néerlandais, contre son gré selon De Gea), Louis van Gaal a pris une décision radicale qui pourrait être sans retour. Difficile d'imaginer le dernier rempart revenir dans le groupe après des semaines d'absence. Et en cas de départ, United devrait se dépêcher pour trouver un remplaçant aussi performant.   

Entraîneur au pedigree impressionnant, Van Gaal a gagné partout où il est passé. Que ce soit à Alkmaar, Amsterdam, Munich ou Barcelone, il a remporté dans le pire des cas le championnat national. Dans le meilleur, il a décroché la C1 (Ajax). Avec un palmarès comme le sien, les dirigeants du club doivent s'attendre à ce qu'il ramène de nouveau des trophées dans l'armoire qui leur est dédié.

Pour l'instant, Moyes et son Community Shield ont été plus productifs que l'ancien sélectionneur des Pays-Bas. Alors que ses parcours en coupes ont été loin d'être à la hauteur du standing du club l'an passé, le coach de 64 ans dispose d'une nouvelle année devant lui pour ramener un titre. Pour sa réputation, pour justifier les sommes investies et entériner ses choix, son équipe serait bien inspirée de gagner.