Simeone - Guardiola : le choc, il est sur le banc

Après le disciple, il veut s’offrir le maître. Tombeur du FC Barcelone au tour précédent, Diego Simeone va défier mercredi un Bayern Munich à la philosophie proche de celle de l’équipe catalane (20h45) en demi-finale de Ligue des champions. Car le Barça et le Bayern Munich sont liés par la même ambition de jeu, impulsée par Pep Guardiola. Dès lors, après s’être offert le scalp de Luis Enrique, el Cholo Simeone peut accrocher un autre Catalan à son tableau de chasse. Le maitre.

Plus que jamais, l’issue de cette demi-finale semble intimement liée au duel tactique entre les deux hommes. Diego Simeone versus Pep Guardiola, c’est d’abord une affaire de style(s). Deux philosophies éloignées. Aux antipodes l’une de l’autre, même. D’un côté, la possession pour contrôler le match, de l’autre la combativité et la solidarité comme armes de destruction massive. Les stats parlent d’elles-mêmes : le Bayern est la meilleure attaque de cette édition 2015/2016 tandis que l’Atlético en est la meilleure défense.

Mais les différences statistiques ne s'arrêtent pas là.

Jusqu’à présent, les deux entraîneurs n’ont croisé le fer qu’une seule fois, en 2012. A Calderon, le Barça de Guardiola avait pris l’avantage sur l’Atlético grâce à des buts de Lionel Messi et Daniel Alves contre une réalisation de Radamel Falcao (2-1). Mais depuis, les choses ont changé. Surtout pour Diego Simeone, devenu l’une des références au poste en Europe. Le tout grâce à une tactique rodée : un bloc équipe ultra resserré, un pressing haut, des contres supersoniques et un groupe totalement dévoué à sa philosophie. Face au Barça au tour précédent, El Cholo a réussi un véritable chefs d’œuvre tactique. En faisant tomber le favori de cette Ligue des champions, l’entraîneur argentin a propulsé son équipe dans une autre dimension. Et a rappelé à quel point le football était un sport où les valeurs collectives primaient.

De l’autre côté, le Bayern n’a pas montré la même sérénité que les saisons passées pour atteindre ces demi-finales. Au bord de l’élimination contre la Juventus en 8e, les Bavarois ont souffert face à Benfica, notamment à cause de maux défensifs restés sans réponse jusqu’à présent. Il n’empêche, ils sont de nouveau au rendez-vous des demies. Depuis son arrivée en 2013 au Bayern, Pep Guardiola n’a jamais manqué le dernier carré. En revanche, il a toujours chuté à cette étape, puni par des clubs espagnols (le Real en 2013-2014 puis le Barça la saison passée).

Pour sa dernière année au FC Hollywood, le technicien espagnol n’a pas d’autres choix que de se qualifier pour la finale. Surtout s’il veut laisser une trace dans le club allemand alors que son prédécesseur, Jupp Heynckes, était parti sur un triplé historique.

Si les deux entraîneurs ont une philosophie diamétralement opposée, ils possèdent cependant des points communs flagrants. Le premier : tirer le maximum de leur groupe. Si Pep Guardiola semble être moins « meneur d’hommes » que son homologue argentin, il a toujours réussi à magnifier ses joueurs. Sa spécialité : repositionner les joueurs. Le cas de Lionel Messi, devenu attaquant axial après avoir débuté sur les ailes, en est l’illustration la plus connue. Simeone lui a permis à tous ses joueurs de franchir des paliers depuis son arrivée. Diego Godin est devenu l’un des meilleurs centraux du monde, Antoine Griezmann est devenu un buteur renommé en s’accrochant et suivant les principes de son coach, Koke, lui, est en passe d’être titulaire à l’Euro avec les champions d’Europe espagnols.

Dès lors, la question se pose : les deux entraîneurs sont-ils les meilleurs actuellement en Europe ? L’issue de ce duel stylistique pourrait donner une réponse définitive (ou presque) au débat.