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"Avec notre complexe d'infériorité, on est passé pour des cons" : Victimes de la Juve, ils racontent

Martin Mosnier

Mis à jour 03/05/2017 à 12:36 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Nous avons retrouvé quatre victimes de la Juventus Turin en demi-finale de Coupe d'Europe. Qu'ils soient nantais, bordelais, parisien ou monégasque, tous ont subi le même sort. Un flash-back qui en dit long sur ce qui attend Monaco ce mercredi.

Bordeaux Juventus Turin 1985 Tigana

Crédit: Panoramic

C'est un point commun dont ils se seraient bien passés. Mais René Girard, Vincent Guérin, Fabien Lefèvre et Jean-Marc Chanelet partagent un même traumatisme : une élimination en demi-finale de Coupe d'Europe face à la Juventus Turin. Alors que Monaco va tenter sa chance à son tour ce mardi en Ligue des champions, ceux qui se sont frottés à elle nous ont livré leur témoignage forcément instructif. Jamais un club français n'a éliminé les Bianconeri d'une Coupe d'Europe. Pourquoi ? Les quatre hommes nous livrent leur sentiment nourri de leur expérience malheureuse. A Monaco de s'en inspirer.

Bordeaux : "Emotionnellement, on s'est laissé submerger"

Demi-finale de la Coupe des clubs champions 1985 : Juventus Turin - Bordeaux (3-0, 2-0)
Que s'est-il passé ? La grande Juve de Platini et Boniek ne fait qu'une bouchée des Girondins au match aller (3-0). Michel Platini se régale face à des Girondins timorés. Bordeaux prend sa revanche au retour (2-0) et Tigana a l'occasion d'offrir la prolongation dans les arrêts de jeu. Mais sa frappe heurte Bodini, le portier italien. Bordeaux est passé tout près mais Bordeaux est éliminé.
  • Le témoin : René Girard, milieu de terrain des Girondins.
Pourquoi la Juve a fini par passer ? "C'est à l'aller que tout s'est joué. Nous avions laissé beaucoup trop de libertés à Michel Platini. La Juve avait l'habitude de ces rendez-vous, pas nous. Emotionnellement, on s'est laissé submerger. On a eu un vrai problème dans la préparation, nous n'étions pas de taille pour le match aller. Avec notre complexe d'infériorité, on est passé pour des cons à Turin. Au retour, on a vraiment pris conscience qu'il fallait les bouger. On s'est montré beaucoup plus rigoureux et agressifs. Les Italiens ont mis le rideau et ils ont essayé de nous faire disjoncter. Face à eux, il faut maîtriser ses nerfs car ils utilisent beaucoup la tricherie."
Et Monaco ? "Monaco a l'insouciance et la jeunesse. Tout ce qu'il faut pour embêter la Juventus assisse sur une montagne de certitudes."
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FOOTBALL 1985 Bordeaux-Juventus (Giresse)

Crédit: Eurosport

PSG : "Ils sont truqueurs, vicieux et l'arbitrage a fait la différence"

Demi-finale de la Coupe UEFA 1993 : Juventus Turin - PSG (2-1, 0-1)
Que s'est-il passé ? A l'aller, à Turin, le PSG domine les débats jusqu'à la pause et Weah lui offre une ouverture du score logique. Un doublé de Baggio inverse le rapport de force en seconde période (2-1). Au retour, Paris bute sur un mur. Quand Weah le fissure enfin, il est séché dans la surface par Julio Cesar. Le penalty est évident, sauf pour l'arbitre. Quelques instants plus tard, Baggio inscrit un autre coup franc (0-1). Trois buts du génial meneur, des erreurs d'arbitrage et un PSG frustré : la Juve a encore réussi son coup.
  • Le témoin : Vincent Guérin, milieu de terrain du PSG.
Pourquoi la Juve a fini par passer ? "Grâce à l'arbitrage, c'est évident. Deux faits de jeu ont fait basculer cette demi-finale : la faute imaginaire de Kombouaré qui a amené le coup franc victorieux de Baggio à l'aller et le penalty oublié sur Weah à 15 minutes de la fin du match retour. La Juve est expérimentée. Les Italiens sont truqueurs, vicieux et l'arbitre est tombé dans le panneau. Je reste persuadé que les Italiens et la Juve en particulier étaient protégés à cette époque par les instances. Il n'y avait pas beaucoup d'écart entre eux et nous."
Et Monaco ? "Monaco a le profil idéal pour embêter la Juve avec beaucoup d'enthousiasme et de talent. Il faut que Monaco soit sûr de sa force et bombe le torse. C'est le seul moyen de passer face à la Juve."

Nantes : "On était déjà content d'être en demi-finales"

Demi-finale de la Ligue des champions 1996 : Juventus - Nantes (2-0, 3-2)
Que s'est-il passé ? Nouveau scandale d'arbitrage à l'aller. Padovano tombe tout seul mais Carotti est expulsé juste avant la pause. Les Nantais récoltent six cartons jaunes et repartent avec un immense sentiment d'injustice (2-0). Le retour est sublime (victoire 3-2 des Canaris) même si Nantes ne croit jamais vraiment à l'exploit. L'aller, et l'arbitrage, ont une nouvelle fois fait la différence.
  • Le témoin : Jean-Marc Chanelet, défenseur droit du FC Nantes
Pourquoi la Juve a fini par passer ? "D'abord, il y a cette expulsion abusive de Carotti. Pour les petits Canaris que nous étions, la tâche était du coup insurmontable. Ils sont truqueurs, c'est clair. Del Piero était toujours par terre ou à te tirer le maillot. Ils n'ont jamais été spectaculaires mais, par contre, quelle efficacité ! Et puis, il faut bien l'avouer, on avait une mentalité un peu plus friable qu'eux. On était déjà content d'être en demi-finales alors que la Juve ne voulait qu'une chose : aller au bout. C'est ce qui a fait la différence. On a lâché les chevaux au retour mais le mal était déjà fait."
Et Monaco ? "C'est une équipe beaucoup plus homogène que la nôtre. Je les sens moins impressionnables."
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Vialli (Juventus) face à Nantes

Crédit: AFP

Monaco : "Ils nous ont eus à l'expérience"

Demi-finale de la Ligue des champions 1998 : Juventus – Monaco (4-1, 3-2)
Que s'est-il passé ? Comme une impression de déjà-vu. Deux penalties injustifiés à l'aller, pour deux simulations de Zidane et Inzaghi, ont largement fragilisé les chances monégasques (4-1). Le sort de cette double confrontation est scellé et la victoire de l’ASM au retour (3-2) n'y change rien. La Juve a encore fait plier un club français.
  • Le témoin : Fabien Lefèvre, milieu de l'AS Monaco.
Pourquoi la Juve a fini par passer ? "Hormis Fabien Barthez, nous n'avions que de jeunes internationaux et il est clair que, face à Zidane, Inzaghi, Conte et Del Piero, nous n'avons pas fait le poids. Ils nous ont eus à l'expérience. A cette époque, Monaco avait une belle équipe portée vers l'avant. Henry, Ikpeba, Trezeguet, c'était énorme. Mais on a buté sur les briscards italiens. Émotionnellement, on n'a pas été à la hauteur. Dommage."
Et Monaco ? "C'est une équipe qui ressemble à la nôtre. Attention à bien aborder ce rendez-vous. L'ASM a beaucoup de jeunes. La Juve, elle, sait ce qu'elle doit faire."
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Alessandro Del Piero face à Monaco en 1998

Crédit: AFP

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