Juventus - FC Barcelone (3-0) - Auteur d'un doublé, Paulo Dybala a mis le Barça au supplice

Paulo Dybala est né une seconde fois mardi soir. Insaisissable et meurtrier lors du large succès de la Juventus Turin face au FC Barcelone (3-0), en quart de finale aller de Ligue des champions au Juventus Stadium, l'Argentin a enfin sorti la grande prestation qu'on attendait de lui en Ligue des champions. Celle d'un joueur décisif dans un très grand match européen.

Auteur d'un doublé brutal, l'ancien de Palerme a lancé comme dans un rêve son équipe vers une victoire de prestige deux années après la désillusion de Berlin. Marqués avec un quart d'heure d'écart (7e, 22e), ses deux réalisations ont constitué des aboutissements en terme de construction - deux contres magnifiés par des passes en retrait venues des deux côtés signées Juan Cuadrado sur le premier but et Mario Mandzukic sur le second - et de finition. La finition justement, Dybala y a mis la manière techniquement parlant : une frappe en pivot du gauche pour l'ouverture du score et une reprise en première intention avec l'intérieur du pied gauche pour le second. Du pur instinct.

"J'ai toujours rêvé de jouer des rencontres comme celle-là quand j'étais petit", a reconnu Dybala après la rencontre à UEFA.com. "On a joué un grand match, tout en réussissant à concrétiser nos occasions. On a fait fructifier notre excellente forme du moment en jouant avec confiance."

C'est un fait, la Juventus, plus forte tactiquement et maître du tempo durant cette rencontre, a mérité de marquer, mais le joueur de Cordoba a surtout fait preuve d'un réalisme froid. C'est avec ce genre de comportement brut, celui où le côté tueur prend le pas sur l'élégance naturelle et la beauté, que l'on passe un cap, spécialement en coupe d'Europe. Dybala, quatre buts au compteur en C1 cette saison, a frappé au moment où il fallait après deux prestations moyennes face au FC Porto (malgré un but inscrit au retour) en huitième de finale (0-2, 1-0) et l'élimination prématurée de la Juve face au Bayern la saison dernière au même stade de la compétition (2-0, 0-2 / 2-4 a.p), qui l'avait laissé sans printemps européen. Il fallait prouver avant que les doutes ne s'installent.

Aligné en position de milieu offensif axial dans le 4-2-3-1, ce qui est aujourd'hui son meilleur poste avec la Juve, l'international argentin a joué à fond la partition d'équipe face au club catalan, tout au long de la soirée, et sans jamais tricher avec le replacement. Discipliné défensivement, Dybala s'est toujours inséré dans la ligne de quatre de la Juve en position défensive - la ligne Cuadrado - Dybala, Khedira, Mandzukic (Miralem Pjanic était lui un cran plus bas) sur laquelle le Barça a buté - pour mieux gêner le Barça quand le club piémontais a eu l'opportunité de se projeter en contre. L'Argentin a tellement coulissé d'une position offensive à défensive qu'il a glissé cette anecdote significative à beIN Sports après la rencontre : "J'ai pu me rendre compte que c'était difficile de piquer le ballon à des joueurs rapides."

Ses déplacements offensifs, fruit d'une très grande mobilité, ont en tous cas constamment gêné une défense catalane trop statique et mal coordonnée avec son entrejeu. Le joueur de l'Albiceleste a été un poison pour le faible secteur défensif du Barça. Mais un magnifique poison à voir évoluer et bouger. "On savait que Barcelone attaquait bien mais qu'ils laisseraient beaucoup d'espaces. On a su profiter de ces espaces", a analysé l'Argentin au micro de beIN Sports. "Si l'absence de Sergio Busquets a été décisive ? Oui, c'est possible car c'est un joueur déterminant pour eux. C'est lui qui fait tourner l'équipe. Ils ont eu beaucoup d'occasions qu'ils n'ont pas su concrétiser. Ne pas avoir concédé de but à domicile a été très important", a-t-il conclu.

Au milieu des éloges, Massimiliano Allegri s'est lui montré plus réservé, préférant mettre le doigt sur l'exceptionnelle prestation collective de ses hommes. "Dybala a sorti une prestation extraordinaire, mais parler d'un seul joueur ce soir serait manquer de respect aux autres joueurs qui ont tous bien joué", a souligné le technicien transalpin. A juste titre. Si Dybala est une Ferrari, il lui fallait du carburant pour fonctionner. C'est comme ça que la Juve fonctionne : en équipe avant tout.

Ce large succès des Bianconeri lors du match aller fait logiquement écho à celui du PSG en huitième de finale aller de la compétition (4-0). Si bien que le retour sera lui aussi entouré du spectre de la fameuse "remontada". L'approche psychologique spéciale qui entoure tout déplacement au Camp Nou constituera elle un véritable test pour Dybala, qui devra confirmer, dans ce stade si grand et si spécial, que sa prestation de mardi soir n'était pas un simple "one shot". Malgré sa jeunesse (23 ans), ce match retour permettra réellement de juger sa progression depuis son arrivée à Turin à l'été 2015.

Au moment d'aborder ce déplacement dans l'antre du Barça, qui lui fait les yeux doux depuis de nombreux mois (Dybala est annoncé en partance vers l'Espagne et au milieu d'une guerre Barça - Real l'été prochain), l'Argentin, qui plaît énormément à Lionel Messi - un détail qui compte - a fait dans le discours calibré Juve : le travail, le travail et le travail. "Le PSG ? Cela va nous servir de leçon. Nous allons étudier ce qu'il s'est passé. Mais là, nous voulons profiter d'avoir remporté cette rencontre. On pensera au retour plus tard." Rendez-vous dans une semaine, Paulo.