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Le jour où le PSG a éliminé le Barça : "J’ai eu l’impression que le Parc tremblait"

Maxime Dupuis

Mis à jour 15/02/2017 à 08:56 GMT+1

Paris et Barcelone ont pris l’habitude de croiser le fer sur le Vieux Continent. Mardi, Parisiens et Catalans vont se défier pour la sixième fois dans l’histoire des coupes européennes. Le PSG a toujours plié… sauf une fois. C’était en 1995 à l'occasion de leur premier duel. Voyage à travers le temps avec Vincent Guérin, héros d'un quart de finale retour ancré dans les mémoires.

Vincent Guérin

Crédit: AFP

Il y a des jours et des soirées qui marquent une vie. Une vie d’homme. La vie d’un club. Dans l’histoire du Paris Saint-Germain, le 15 mars 1995 est gravé quelque part, pas très loin du 8 mai 1996 marquant le sacre parisien en Coupe des Coupes face au Rapid de Vienne (1-0). Pas totalement éloigné non plus du 18 mars 1993, date d’un succès inimaginable face au Real (4-1). Si ce triomphe face aux Madrilènes garde une saveur unique par son caractère irrationnel, l’élimination du Barça n’en reste pas moins savoureuse pour les hommes de Luis Fernandez, dont l’admiration était sans borne pour son alter ego de l’époque, un certain Johan Cruyff.
Que les choses soient claires : ce Barça-là était en fin de cycle. Mais l’aura qu’il dégage alors à chacune de ses sorties est immense. Le FC Barcelone de Cruyff, c’est avant tout une école de jeu. Et une équipe qui reste sur deux finales de Ligue des champions en trois saisons. La première, en 1992, a ouvert le palmarès blaugrana en C1. La deuxième, disputée en 1994, s’est conclue par une dérouillée historique. 0-4 face à l’AC Milan. La Dream Team, aussi séduisante soit-elle, s’était vue trop belle. La froideur lombarde l’a renvoyée à ses chères études.
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PSG - Barça

Crédit: Imago

Sur le terrain comme sur le banc, Johan Cruyff a toujours tout vu et compris avant les autres. Il sait que le meilleur de son Barça est déjà derrière lui. Ce quart de finale retour face au PSG sera le dernier de sa carrière dans la reine des compétitions européennes. Et Vincent Guérin son bourreau. A l’apogée de sa carrière, le milieu de terrain va faire tourner l’histoire d’une double confrontation que Paris méritait de remporter. Ne serait-ce qu’aux points. "On avait déjà fait un très très bon match aller à Barcelone où on aurait mérité mieux que le 1-1, se remémore-t-il. Au retour, on a le cul entre deux chaises : ce résultat est positif mais ne nous met à l’abri de rien. Comme face au Real la saison précédente (0-1, 1-1), le retour au Parc est une tannée. Doit-on jouer haut ? Temporiser ? Vu le profil de Barcelone, on n’a finalement pas eu à se poser beaucoup de questions."

Places volées et poteaux à gogo

Si le Barça n’a plus la splendeur de la saison précédente, le jeu reste au cœur de ses préoccupations et de ses prestations. Paris aussi aime le ballon. Problème, il n’y en a qu’un sur le terrain et Luis Fernandez compte bien le confisquer à la bande de Cruyff. Audacieux. Mais sensé, compte tenu des qualités et de la force de ce Paris-là. "Luis avait été clair dans son discours : il fallait gagner ce match et jouer comme d’habitude. Il fallait avoir la maitrise, ne pas être attentiste", se souvient Guérin.
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Les supporters du PSG

Crédit: AFP

Entre le PSG d’aujourd’hui et celui d’hier, il existe une différence de taille : Paris n’a pas de complexe à faire face au Barça. Le rapport de force n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui. Raï, Weah, Valdo, Ricardo ou encore Ginola : ce PSG a de la gueule et les moyens de ses ambitions. Il faut dire que l’arrêt Bosman n’est pas encore passé par là. "D’accord, Barcelone avait gagné la C1 en 1992. Mais à l’époque, nous étions une équipe qui montait en puissance, rappelle Vincent Guérin. On restait sur deux demi-finales européennes et on passait régulièrement des caps, face au Real évidemment (1993 et 1994), mais aussi face au Napoli (1993) ou encore lors de la demie perdue face à la Juventus (1993). Pas mal de ces matches nous avaient fait gagner de l’expérience. Au moment du tirage au sort, c’était du 50-50. Psychologiquement, on n’abordait pas ce match en position défavorable."
A soirée inoubliable, journée pas comme les autres. "On était au vert pas loin du Parc, au Sofitel de l’Aquaboulevard. C’était nouveau pour nous car on logeait habituellement dans les Yvelines avant les matches. Je n’ai jamais su pourquoi on avait modifié ça… Je me souviens que j’avais des places pour le match. Je les avais déposées à la réception. Elles avaient été volées…" La journée commence mal. Elle se terminera mieux.
Avant l’épilogue heureux, Paris touche du bois à quatre reprises et se fait surprendre par Bakero (49e) au retour des vestiaires. Heureusement, Raï égalise sur corner (67e). 1-1. Direction la prolongation ? Non. Quatre-vingt-troisième minute de jeu, Vincent Guérin change le destin de cette double confrontation et s’offre une place privilégiée dans l’histoire du PSG. Lui, le natif de Boulogne-Billancourt, excellent à l’aller comme au retour, se mue en héros.

Et une clavicule, une !

"A ce moment-là de la partie, on est tous essorés, on a bien cavalé. Le combat pour la possession a été intense. Valdo a le ballon au milieu. Je l’appelle et il me sert. Je vois un grand boulevard devant moi et personne ne m’attaque. Je sprinte vers le but." Devant lui et l’éternité, il y a un certain George Weah. "Il se décale et embarque Koeman quelque peu, se souvient parfaitement l’international français. Tout le monde pense que je vais le servir mais je décide de frapper. Personne ne s’y attendait… Le tir n’est pas puissant mais au ras du poteau". Busquets est battu. Le PSG passe devant. Le Parc prend feu. "Le stade explose. J’ai eu l’impression que le Parc tremblait…", assure-t-il, vingt-deux ans après.
"C’est un moment fort de ma carrière parce que Barcelone, parce que Cruyff… c’est 1974, et la vague orange. Aujourd’hui, quand on m’arrête dans la rue, on me parle très souvent de ce match et de ce but." Le souvenir est impérissable. Physiquement aussi. "En première période, j’avais été violemment percuté par Bakero. Sur le coup, j’ai senti mon épaule crisser. Je m’en souviens encore aujourd’hui, c’est dire. J’ai fini le match avec le bras quasiment en écharpe. Quand l’arbitre siffle la fin, Luis (Fernandez) et Joël (Bats) arrivent sur moi en courant. Ils veulent me sauter dessus… Je me suis carapaté en leur disant : ‘non, ne sautez pas !' J’avais très mal à la clavicule." Ils ne sauteront pas. Six mois plus tard, la clavicule finira quand même par céder. Le Barça aura laissé des traces. Plus que vous ne l’imaginiez jusqu’ici.
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