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Tottenham, Arsenal, City, Leicester : Faiblards, ces clubs anglais ?

Bruno Constant

Mis à jour 09/12/2016 à 12:13 GMT+1

Malgré trois qualifiés sur quatre dont deux vainqueurs de groupe, la Premier League ne convainc toujours pas sur la scène européenne. Il faut dire que Tottenham est sorti sans gloire et peu de monde donne cher de la peau de Leicester en huitièmes. Et pourtant..

Harry Kane face à Laurent Koscielny lors d'Arsenal - Tottenham - 2016

Crédit: AFP

La phase de poules de la Ligue des champions vient de se terminer et l'impression sur le niveau des clubs anglais reste le même des deux côtés de la Manche : un ton en dessous des grands d'Europe, une fois encore, voire faiblards.
Tottenham a été sorti sans gloire d'un groupe qui semblait à sa portée (derrière Monaco et Leverkusen), Manchester City a subi une fois de plus la domination de Barcelone (2e à 7 points des Catalans), Arsenal a hérité de la première place de son groupe grâce à l'incroyable faux pas des Parisiens face à Ludogorets et Leicester est sorti en tête d'une poule dite de... Ligue Europa.
C'est ce qu'on pouvait lire ou entendre un peu partout et cela tendrait à penser que le football britannique n'est pas près d'ajouter un nom au palmarès de la compétition, le 3 juin prochain sur ses terres à Cardiff. C'est une vision à la fois juste mais quelque peu pessimiste du paysage. Au nombre de points pris par match dans la compétition cette saison, l'Angleterre (1,79) se classe troisième, derrière l'Italie (2,08) et l'Espagne (2,21).

Tottenham, le plus décevant

La plus grande déception reste, à n'en pas douter, l'élimination de Tottenham. Une sortie de route renforcée par le visage affiché par les Spurs tout au long de cette compétition, avec le sentiment que, dès le début, les Londoniens ne se sont pas mis dans les meilleures conditions - à commencer par la délocalisation à Wembley où Arsenal avait subi le même sort en 1998 et 1999 avec seulement deux victoires en six rencontres dans l'enceinte.
Il y a également l'étrange impression, dérangeante, que Mauricio Pochettino ne semble pas avoir tout donné dans cette compétition (exemple : les mises au repos de Vertonghen, Walker, Eriksen et Sissoko aligné à Louis II). C'était déjà le cas la saison passée en Ligue Europa ce qui avait d'ailleurs fait grincer des dents parmi les cadres du vestiaire. Le technicien argentin estime que son groupe n'était pas assez étoffé pour évoluer sur deux tableaux. Il devra pourtant continuer avec la Ligue Europa...

Arsenal, une chance en or

La tendance vient principalement d'Arsenal que nous avons pu voir de plus près à deux reprises face au PSG. Dominés dans le jeu à Paris comme à Londres, les hommes d'Arsène Wenger donnent l'impression de s'en être plutôt bien sortis au tableau d'affichage (1-1, 2-2) et plus encore en héritant de la première place du groupe abandonnée inexplicablement par les Parisiens lors de l'ultime journée face à Ludogorets (2-2). C'est un peu le paradoxe des Londoniens : jamais là où on les attend.
Mais c'est aussi une chance en or pour Arsenal, sorti en tête pour la seconde fois seulement en sept ans avec l'espoir d'avoir un peu plus de chance au tirage et éviter une septième élimination consécutive en huitièmes. Or, les Gunners viennent de s'extirper d'un mois de novembre souvent fatal à ses ambitions nationales et ont trouvé en Alexis Sanchez un avant-centre plus mobile et plus efficace qui pourrait lui permettre d'aborder les choses différemment sur une rencontre en deux manches. Et, d'ici là, le club anglais aura peut-être récupéré son maestro, Santi Cazorla, dont il est très dépendant.

Manchester City a pris date

Les doutes sur le niveau de Manchester City sont beaucoup moins compréhensibles et sans doute renforcés par l'écart de points à l'arrivée avec Barcelone (7). Or, depuis la deuxième journée et ses deux points lâchés au Celtic Park (3-3), Guardiola savait que la première place était perdue. Ses deux derniers nuls, à Moenchengladbach (1-1) et le Celtic (1-1), traduisent davantage une gestion des efforts et de l'effectif. L'important pour le technicien espagnol était de savoir ce que son équipe avait dans le ventre face à l'ogre catalan. Et, sur l'ensemble des deux rencontres, City a plutôt fait forte impression et pris date.
Ceux qui ne se sont pas contentés des highlights ou d'un résumé des buts du match aller (0-4), ont pu voir la domination anglaise au Camp Nou durant une première période impressionnante de maturité dans le pressing comme le jeu et conclu à l'extrême sévérité du score. A l'inverse, au retour (3-1), le tableau d'affichage aurait pu être beaucoup plus large. Demi-finaliste la saison passée, City continue d'avancer et sera l'un des épouvantails à éviter parmi les "deuxièmes" avec le Bayern et le Real. D'autant plus que le temps et l'assimilation de la philosophie Guardiola jouent en faveur du club mancunien.
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Manchester City

Crédit: AFP

Leicester, le conte de fée continue

Quant à Leicester, on savait, depuis le 24 avril dernier et l'assurance acquise de disputer la phase de poules de la Ligue des champions, que le Petit Poucet de la compétition ne représenterait pas une menace dans la compétition. Certains promettaient des lendemains de fête difficiles et même une humiliation sans précédent au club anglais dont c'était la première participation. Résultat ? Les Foxes, qui sont parvenus à conserver Mahrez et Vardy mais ont perdu leur meilleur joueur (Kanté), ont une fois de plus déjoué les pronostics en se qualifiant et en finissant en tête de leur groupe !
Certaines mauvaises langues ont alors pointé le niveau du groupe : une poule de Ligue Europa ? Il y a un an, la coupe d'Europe des "petits" n'était même pas dans l'imaginaire des supporters de Leicester et Porto, un habitué de la compétition qu'il a devancé, disputait la qualification au Chelsea de Mourinho lors de l'ultime journée. Essayons juste de nous réjouir de la fraîcheur qu'apporte cette équipe de Leicester dans une compétition qui concentre un peu plus chaque année les clubs les plus riches et où seulement six pays sont désormais représentés. Et, qui sait, la bande à Ranieri n'a peut-être pas fini de nous étonner...
Si les clubs anglais n'ont pas toujours convaincu, on ne peut pas dire que les grands d'Europe aient été flamboyants lors d'une phase de poules où le seul réel enjeu était la bataille pour la première place. En dehors de l'Atletico, le Real est sorti deuxième derrière Dortmund, Barcelone a montré des carences qu'on ne lui connaissait pas face à City, le Bayern a subi la loi de Simeone et la Juventus a délogé une équipe de Séville après que celle-ci ait été réduite à dix chez elle.
C'est peut-être dû à la mise en route difficile d'une saison post Euro ou à un possible nivellement des forces après une nette domination espagnole (5 vainqueurs sur 8 et deux finales 100% Liga entre 2011 et 2016). Celle-ci a précédé un cycle allemand (4 finalistes sur 8, dont une finale 100%, et 1 vainqueur entre 2010 et 2013) et un, plus long, anglais (8 finalistes sur 16, dont une finale 100% anglaise, et 3 vainqueurs entre 2005 et 2012).

Les difficultés ? L'explosion du Big Four historique

Durant cette période d'écrasante domination, la Premier League s'appuyait sur un Big Four historique (Arsenal, Chelsea, Liverpool, Manchester United). Mais l'émergence de Tottenham et Manchester City a brisé cette force et redistribué les cartes affaiblissant certains au passage. Le meilleur exemple est Liverpool. Finaliste deux fois en trois ans (2005, 2007), les Reds n'ont disputé la compétition qu'une seule fois lors des sept dernières saisons, l'empêchant de retenir ses meilleurs joueurs (Torres, Suarez) et d'attirer de nouvelles pointures.
Lorsqu'on est éjecté du Big Four anglais, il est difficile d'y revenir et les difficultés de Manchester United depuis trois ans le confirment. C'est un peu moins vrai pour les autres championnats où la concurrence au sommet est moins diversifiée. Le trio de tête de la Liga est immuable depuis quatre ans (Atletico, Barça, Real). En Bundesliga, le Bayern et Dortmund sont intouchables. Et la Juve porte presque à elle seule l'étendard italien.
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Anfield Liverpool Chapecoense

Crédit: Eurosport

Tous leur chance au tirage

On peut d'ailleurs se demander si l'histoire aurait été différente avec la présence de MU, Liverpool ou Chelsea, l'équipe anglaise en forme du moment, à la place de Tottenham et surtout Leicester. Personne ne peut l'affirmer. Et, finalement, cela n'a pas d'importance. Car le succès en Ligue des champions dépend aussi beaucoup du tirage. La route du Real Madrid jusqu'à la finale la saison passée - AS Rome, Wolfsburg et Manchester City, novice à ce niveau de compétition - en est la preuve.
Les Merengue ont pourtant tremblé jusqu'à la 77e minute du quart de finale retour face aux Allemands (0-2, 3-0) avant de sortir les Anglais (0-0, 1-0) sur un centre de Bale détourné dans son propre but par Fernando puis de battre en finale, aux tirs au but, un adversaire qu'il connaît bien, l'Atletico Madrid, et qui avait fait le ménage pour lui (Barça en quarts puis Bayern en demie).
Ce sera là aussi une donnée importante dans la réussite des clubs anglais. En terminant deuxième, Manchester City peut tomber sur Naples comme... l'Atletico et a finalement autant de chances d'être épargné qu'Arsenal, premier et possible adversaire de Benfica comme... du Bayern ! Désormais s'ouvre une nouvelle compétition, certains diront la vraie Ligue des champions. Et, si personne ne peut prédire l'état forme des équipes dans deux mois, on est à peu près sûr de retrouver les mêmes favoris : Barça, Real Madrid, Atletico, Bayern voire Juventus.
Bruno Constant fut le correspondant de L'Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd'hui avec RTL, Europe et Rfi en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté.
Pour approfondir le sujet :
sur l'actualité de la Premier League et du football britannique.
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