Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Zidane est-il devenu le Guardiola du Real ?

François-Miguel Boudet

Mis à jour 02/05/2017 à 16:15 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Dix-huit mois après sa nomination à la tête du Real Madrid, Zinedine Zidane poursuit son apprentissage du coaching avec un succès étonnant, déjouant ainsi les pronostics des pessimistes. Le souhait de Florentino Pérez d’en faire le Pep Guardiola de la Casa Blanca serait-il en train de se réaliser ?

Zinedine Zidane

Crédit: Eurosport

Quand Zinedine Zidane est devenu l’entraîneur du Real Madrid, en janvier 2016, Florentino Pérez avait un rêve : faire de son ancien numéro 5 l’équivalent de l’ancien numéro 4 du Barça. En d’autres termes, que Zidane devienne le Guardiola de la Casa Blanca. Le mandat de Rafa Benítez était voué à l’échec depuis le début et il fallait une figure de référence pour redonner confiance au madridisme, vestiaire inclus. Avec une expérience épaisse comme un sandwich SNCF, Zidane a connu doutes et sarcasmes. Un an et demi après, au vu des résultats, la réussite du Français est éloquente. Pourtant, le travail du Ballon d’Or 1998 suscite encore, à tort ou à raison, un certain scepticisme.

La théorie de l’évaporation des bulles de champagne

Le sujet ici n’est pas d’opposer les styles Zidane et Guardiola, footballistiquement parlant. C’est incomparable. Il est question de représentation d’un club, d’une idéologie, d’une éducation. Dans le cas du Real Madrid, les titres comptent plus que tout. Dans la revue Panenka de janvier dernier, le journaliste Enrique Ortego expose le paradigme merengue : "Le modèle du Real Madrid coïncide avec son objectif prioritaire : la victoire. Son style, c’est gagner. S’il joue bien, tant mieux. Si ce n’est pas le cas, il l’oublie dans les bulles de champagne. Le fond prime sur la forme, ses souvenirs en attestent. Il n’a pas une personnalité unique, il s’alimente de tout ce qu’il peut prendre et assimiler. Il tire bénéfice de la majorité des méthodes tactiques. Il s’adapte comme un caméléon". En cela, Zidane colle parfaitement à l’essence du Madridisme, aussi bien au niveau de l’identité de l’équipe qu’au niveau du palmarès qui pourrait s’étoffer incessamment.
picture

Sanz : "Zidane, c'est le bon sens"

Entraîneur ou empileur ?

"Entrenador o alineador ?" La semaine dernière, Diario AS s’est une nouvelle fois posé la question. Car malgré la Undécima, la possibilité de remporter la première Liga depuis 2012 et un éventuel back-to-back en Ligue des Champions, Zidane ne fait pas encore l’unanimité, principalement parce que beaucoup estiment que sa nomination est avant due à son passé et qu’au fond, il ne mérite pas de s’assoir sur le banc le plus médiatique du monde. Or depuis 18 mois, le Marseillais a montré qu’il n’était pas un imposteur, même s’il poursuit son apprentissage.
"Zidane manque d’expérience, il continue d’apprendre et il s’améliore, explique Rubén Uría, journaliste référence pour Eurosport et BeIn Sports España. Ce n’est pas un coach qui se contente d’aligner une équipe. Il prend des décisions et il est respecté par ses joueurs". Après un mois à la tête de l’équipe, ZZ avait remis Casemiro au milieu de terrain, à l’image de ce que faisait Benítez. La différence, c’est que cette fois-ci, personne n’a contesté ce choix. Les résultats lui ont d’ailleurs donné raison et le Brésilien est devenu un des joueurs les plus appréciés par les supporters et parmi les plus détestés chez les adversaires.
Le Français a aussi su faire tourner son effectif, quitte à se priver de la BBC sur certains matches. Période électorale oblige, Marca l’a même nommé le "ministre de l’égalité" ! Isco et James sont réapparus alors qu’on les a longtemps crus définitivement à la cave, Nacho a pris de plus en plus d’importance en défense, Morata, quoique frustré par son rôle, a aussi apporté des buts et des points précieux. Au final, c’est peut-être bien « le plan B » (25,1 ans de moyenne d’âge) qui va offrir la Liga aux Merengue. Tout un symbole.
"Sa gestion et ses résultats sont un succès et il mérite déjà d’être reconnu comme un grand entraîneur, affirme Jaime Rodríguez d’El Mundo. Il a de la crédibilité, son message porte, notamment auprès des jeunes grâce à son passé de grand joueur. Il transmet beaucoup de confiance. La façon dont le Real Madrid aspire au doublé avec autant de rotation, ça ne s’est jamais vu avant". Même sur le plan médiatique, celui qui apparaissait comme une personnalité timide voire effacée hors du terrain, convainc de plus en plus. "Guardiola avait une meilleure publicité de la part de la presse, poursuit Jaime Rodríguez. Cependant, Zidane séduit aussi devant les caméras".
picture

Carlo Ancelotti Zinedine Zidane

Crédit: Eurosport

Des progrès à faire en lecture

Après avoir sorti le Bayern de son mentor Carlo Ancelotti, Zidane est opposé à Diego Simeone, un maître tacticien. Le contexte d’une demi-finale de Ligue des Champions avec match retour chez "el eterno rival" : voilà un défi majeur pour le tenant du titre, bien différent d’une finale sèche ou d’une journée de championnat. Aucune faille ne saura être tolérée, d’autant que l’Atlético de Madrid joue sa saison en C1. Car si ZZ sait gérer les egos, il est encore largement perfectible dans sa gestion des matches.
"Son point faible, c’est qu’il tarde à prendre des décisions et à effectuer des changements pour améliorer l’équipe et basculer le cours de la partie, pointe Rubén Uría. La plupart du temps, il attend au minimum la 65e minute pour faire des remplacements, jamais avant. Il manque un peu de ressources pour être un entraîneur estimé et qui a fait ses preuves, même s’il travaille et qu’il tend à s’améliorer".
Précisément, la principale préoccupation du Français est la perméabilité de sa défense. La défaite à la dernière seconde du Clásico et l’égalisation de Valencia malgré la victoire lui sont restées en travers de la gorge et il sait qu’un but encaissé à Bernabéu contre les Colchoneros pourrait être rédhibitoire. "Avec un seul but, l’Atlético peut prendre un avantage définitif et c’est pour cela que le réalisme merengue sera essentiel, détaille Jaime Rodríguez. Le Real Madrid doit élever son niveau défensif et être plus efficace en attaque. Zidane doit surprendre Simeone avec une tactique à laquelle El Cholo ne s’attend pas. Ils se connaissent beaucoup trop bien".
picture

Zinedine Zidane

Crédit: AFP

Et si Morata était titularisé ? "C’est une possibilité, considère Rodríguez. Benzema souffre contre les défenses resserrées comme celle de l’Atlético, surtout lors des derbis au Bernabéu où il n’a presque jamais réussi, contrairement au Calderón".
Néanmoins, une qualification en finale du Real Madrid serait-elle mise au crédit de Zidane ou uniquement de ses joueurs ? On peut déjà prédire que les doutes subsisteront mais cela sera amplement suffisant pour poursuivre son bail. Cela étant, quant à l’image que souhaiterait lui apposer Florentino Pérez, le double Z a encore du chemin à parcourir pour y parvenir : « Mon évaluation de Zidane est assez bonne, résume Rubén Uría. Il est sur le bon chemin pour devenir un grand entraîneur. Mais, évidemment, il est encore loin de Guardiola ». 5 = 4, ce n’est pas pour tout de suite. Mais si on se pose la question, c’est déjà que Zidane sur la bonne voie.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité