Lukaku et Ibrahimovic peuvent-ils cohabiter ?

Personne ne s'y attendait. A part peut-être lui-même. Le week-end dernier, Zlatan Ibrahimovic est réapparu sur les pelouses de Premier League, une première depuis le 21 avril dernier et sa rupture des ligaments croisés face à Anderlecht en Ligue Europa. Une convalescence express, sept petits mois d'absence et revoilà donc le Z qui repointe le bout de son nez. Entre-temps, Manchester United a fait de Romelu Lukaku l'avant-centre le plus cher de l'histoire (85 millions d'euros plus 15 de bonus) et le Belge a enfilé les buts comme d'autres les perles (11 en 16 matches). Avec 28 buts la saison dernière, Zlatan Ibrahimovic avait, lui aussi, réussi ses débuts sous le maillot des Red Devils.

Désormais, comment faire ? Comment faire cohabiter deux des avant-centres les plus prolifiques d'Europe aux caractéristiques très proches ? Comment faire pour associer deux talents sans diluer leur poids sur les résultats de Manchester United ? Comment faire pour ne pas froisser l'ego surdimensionné d'Ibrahimovic tout en prenant soin de ne pas freiner la progression de Lukaku dans son nouveau club ? C'est tout l'enjeu de ces prochaines semaines pour José Mourinho alors que l'avenir à court terme de Manchester United semble, en grande partie, déterminé par la faculté du duo à s'entendre.

"Les bons joueurs peuvent jouer ensemble", a prévenu le week-end dernier le coach des Red Devils. "C’est facile de jouer ensemble. Ibrahimovic est complètement rétabli. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’il tienne 90 minutes ou qu’il enchaîne les matches comme avant." Une façon habile de botter en touche. Bien sûr, Ibrahimovic ne pourra pas enchaîner les rencontres. Mais Mourinho ne répond pas à la question essentielle : quelle sera sa pointe lors des grands rendez-vous, les affiches de Premier League ou de Ligue des champions ?

L'entrée en jeu d'Ibrahimovic face à Newcastle (4-1) a donné un premier verdict. Dès son arrivée sur la pelouse, le Suédois a gentiment demandé à Lukaku de s'exiler sur l'aile droite pour lui laisser l'axe. Un repositionnement qui n'a pas empêché le Belge d'inscrire son premier but depuis sept matches. Au PSG, Ibrahimovic n'avait pas partagé l'axe malgré la présence d'Edinson Cavani. L'Uruguayen, pourtant pur avant-centre, payé à prix d'or et aux statistiques flatteuses comme Lukaku, avait dû ferrailler durant trois saisons sur un côté. Ibrahimovic ne partage pas. C'est comme ça.

Mourinho avait déjà procédé de la sorte avec Samuel Eto'o. Serial buteur à Barcelone, le Camerounais avait laissé l'axe à Diego Milito sous les ordres du Portugais à l'Inter Milan. Discipliné et rigoureux dans ses tâches défensives, Eto'o s'occupait de la construction au détriment de ses statistiques (12 buts et 7 passes décisives en Serie A lors de la saison du triplé des Intéristes) quand l'avant-centre argentin empilait les pions. Lukaku peut-il endosser ce rôle inédit pour lui et qui ne semble pas correspondre à ses qualités ? Ce qui est certain, c'est que Mourinho n'a jamais été un grand fan des attaques à deux têtes. S'il veut aligner son duo de stars, l'un des deux va devoir s'adapter. Et quelque chose nous dit que ce ne sera pas Ibrahimovic.