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Paulinho ne fait plus rire personne

Antoine Donnarieix

Mis à jour 22/11/2017 à 15:00 GMT+1

Raillé lors de l’arrivée de Paulinho dans son effectif cet été, le FC Barcelone a pris tout le monde à contre-pied depuis le début de saison. Pourquoi ? Parce que le Brésilien, arrivé avec l’étiquette d’un boulet, est en train de casser la baraque sous le maillot blaugrana. Une belle manière de fermer les bouches.

Paulinho (Barcelone)

Crédit: Getty Images

C’est une action que l’on pourrait qualifier de moche. Un dribble manqué de Messi au milieu de trois joueurs, une frappe en force pour obtenir un contre favorable, puis un jeu à terre de l’Argentin pour mettre la balle en retrait, sans vraiment savoir qui sera là pour conclure l’opportunité. Au bon endroit et au bon moment, José Paulo Bezerra Maciel Júnior arme un pointu en déséquilibre et fait mouche. Avec ce troisième but du Barça, les Culés viennent de tuer le suspense sur le terrain de Leganés (0-3). Et peuvent remercier leur nouveau Brésilien préféré.
Le week-end dernier, Paulinho a inscrit son quatrième but en Liga, le tout en 410 minutes passées sur les prés espagnols. En moyenne, cela fait un but toutes les 103 minutes. Pour un milieu de terrain central qui joue en compagnie de buteurs comme Lionel Messi et Luis Suárez, cela mérite d’être souligné. Derrière La Pulga (12) et El Pistolero (5), Paulinho est même le troisième meilleur buteur actuel du Barça dans la Liga 2017-2018. Une donnée qui fait sourire quand on sait que l’an passé, la troisième force offensive blaugrana était un certain… Neymar.
Parti au Paris Saint-Germain pour devenir la grande star de l’équipe, le prodige auriverde avait laissé un goût amer dans la bouche des socios du Barça. Quitter l’un des clubs les plus prestigieux au monde, même pour 222 millions d’euros, cela ressemble à une trahison. Entrés dans une période de dépression aussi compréhensible que visible, ces même socios n’ont pas vraiment pris la peine de se pencher sur le dossier Paulinho, signé par le Barça dix jours après le départ du Ney. Et pourtant, il y avait de quoi.
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Lionel Messi celebrates with Paulinho

Crédit: Getty Images

Le Bossu de Notre-Dame

Arrivé du Guangzhou Evergrande où il avait empoché quatre titres en trois ans, à savoir une Ligue des champions asiatique (2015), deux championnats de Chine (2015, 2016) et une coupe de Chine (2016), Paulinho s’est construit à travers cette destination exotique un mental de vainqueur. Peu importe que son style de jeu soit robuste et peu académique : Paulinho est devenu la star de son équipe, au point de permettre au club entraîné par Luis Felipe Scolari de réaliser la plus grosse plus-value de l’histoire d’un club de l’Empire du Milieu. Acheté pour 14 millions d’euros, revendu 40 : voilà 26 millions dans la besace du géant chinois.
Du côté de l’Europe, ce transfert est vu comme une immense "banane". Pour sa seule expérience sur le Vieux Continent avec le maillot de Tottenham, Paulinho est élu par les fans des Spurs comme la pire recrue de l’histoire du club. Un boulet médiatique que le joueur, pourtant international brésilien avec 46 sélections à son actif, traîne sans rechigner. À l’image du Bossu de Notre-Dame dont toute la plèbe lui trouve une laideur affreuse et repoussante, Paulinho est raillé sur les réseaux sociaux pour des jongles assez primaires lors de sa présentation au Camp Nou. Sans aucune minute jouée au Barça, le voilà traîné dans la boue.

La puissance progressive

Comble du ridicule, la mise en rayon des maillots de Paulinho fait un flop monumental à la boutique officielle du club : une seule tunique achetée pour la première journée de vente. Pour beaucoup, Paulinho est donc un mercenaire venu de Chine complètement cramé et inapte au jeu du Barça. Même Xavi Hernández, légende azulgrana, décrivait pour eurosport.fr la recrue comme "un joueur très physique. J'ai joué contre lui et précisément, il s'était occupé de me marquer ce jour-là, détaillait El Pelopo en août dernier. Aujourd'hui, je ne sais pas où il en est. Il joue en Chine et on n'a plus beaucoup d'informations..."
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Paulinho (Barcelone) lors de sa présentation au Camp Nou

Crédit: Getty Images

Les interrogations sur son état de forme, Paulinho s’est fait un plaisir d’y répondre en l’espace de trois mois. Deux minutes contre Alavés pour sa première apparition (2-0), un quart d’heure lors du derby face à l’Espanyol (5-0) puis un autre face à la Juventus en Ligue des champions (3-0). Après trois victoires en tant que spectateur privilégié, Paulinho devient décisif lors de son entrée en jeu à Getafe : son but permet au Barça de l’emporter à Madrid (1-2). Une distinction qui donne confiance et prouve à son staff que son apport peut, au-delà de son look de déménageur, s’avérer bien utile sur le plan offensif.

Le colosse dans la lumière

Certes, le FC Barcelone a construit ses derniers succès par un soi-disant "ADN Barça", à savoir un football plutôt réticent au contact physique, une prédisposition aux combinaisons collectives, à l’alternance entre jeu court et long, ou encore l’utilisation du gardien comme réel joueur de champ. Avec l’arrivée de Paulinho au Barça, ce déni d’user de la force est en train d’être soigné par les Culés. Car oui, un joueur avec le physique d’un trois-quarts aile au rugby peut être un très bon footballeur.
Dans la même veine, des joueurs comme Michaël Essien ou Yaya Touré sont des références en milieux relayeurs. Et si les deux joueurs cités évoluaient avec des sélections africaines en tournois internationaux, Paulinho est quant à lui titulaire au sein d’une des grandes puissances du football mondial. Véritable cadre du Brésil de Tite, déjà friand du joueur avec les Corinthians entre 2010 et 2013, Paulinho sera, sauf blessure, l’un des grands piliers du Brésil pour la Coupe du monde 2018. Drôle de châtiment pour un paria.
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