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Robben - Ribéry, les deux font (toujours) la paire

David Lortholary

Mis à jour 27/09/2017 à 19:38 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - En dépit des blessures dont l'un et l'autre ont régulièrement souffert, le Français Franck Ribéry et le Néerlandais Arjen Robben pèsent toujours aussi lourd dans la compétitivité du Bayern. Leur fidélité et leur hargne de champion n'y sont pas étrangères.

Franck Ribéry et Arjen Robben

Crédit: Getty Images

"Robben et Ribéry sont trop vieux." Fin juillet, Mads Davidsen, directeur technique à Shanghai, en première division chinoise, n'a pas fait dans la dentelle, au moment où le Bayern effectuait sa désormais habituelle tournée de pré-saison en Asie. "Si Ribéry a eu une offre de Chine il y a deux ou trois ans, c'était sa chance", a insisté le Danois. "Mais un club ambitieux comme Shanghai ne l'enrôlerait plus, aujourd'hui, pas plus que Robben. Pourquoi devrait-on faire signer un joueur de 33 ou 34 ans quand on peut accéder à des stars tout aussi confirmées, comme Axel Witsel ou Alex Teixeira, qui ont 27 ans, ou Oscar, 25 ans ?"
Les deux ailiers du Bayern sont-ils si grabataires, alors même qu'à leur poste, le jeune Brésilien Douglas Costa, en manque de repères et de temps de jeu, a préféré jeter l'éponge et quitter le club, que le tout frais champion d'Europe U21 et vice-champion olympique Serge Gnabry s'est rangé à l'idée d'un prêt pour éviter de cirer le banc toute la saison et que le prodige français Kingsley Coman a toutes les peines du monde à s'imposer alors qu'il peut être aligné des deux côtés ? La réponse est dans la question.
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Arjen Robben

Crédit: Imago

Le règne prolongé de "Robbery", surnom donné au duo par les médias allemands, s'enracine même plus profondément encore. Depuis les départs à la retraite, cet été, de Philipp Lahm et Xavi Alonso, les deux plus gros tauliers de l'effectif, le déficit de leadership au sein du vestiaire est flagrant. Le capitaine Manuel Neuer aujourd'hui blessé, son vice-capitaine Thomas Müller peu mis en confiance par l'entraîneur Carlo Ancelotti, personne ne semble faire réellement autorité.
Nous avons besoin d'un Ribéry
Les "causeries" de Robben en zone mixte par micro interposé, ou le geste d'humeur de Ribéry jetant son maillot de frustration en direction du banc, mécontent de sortir avant le terme d'un match récent, sont des signes d'un état d'esprit de gagneur. Au Bayern, la direction esquisse depuis quelques saisons l'après-Robbery - Coman et Gnabry, cités plus haut, sont les successeurs attitrés - mais, aujourd'hui, les deux anciens demeurent les maîtres-étalons sur les ailes. En arrivant il y a une décennie, le Boulonnais voyait le Bayern comme une étape. Quand il l'a rejoint deux ans plus tard, le Néerlandais cherchait, lui, à relancer sa carrière. Il n'a pourtant, dès lors, plus été guère question pour l'un ni pour l'autre de quitter la Bavière. Avec eux, le Bayern a atteint trois finales de Ligue des champions en quatre ans. La troisième fois, à Wembley, le premier a délivré à la dernière minute la passe décisive au second pour le but victorieux.
À eux deux, ils pèsent plus de 600 matches, 250 buts et 250 passes décisives pour le Bayern. Toutes les défenses les connaissent, toutes continuent de les craindre. "Quand nous sommes en forme, quand Robben est à 100%, quand nous sommes sur le terrain ensemble..." a exposé Ribéry en début de saison sans avoir besoin de terminer sa phrase, les deux hommes sont encore et toujours indéboulonnables. "Si nous voulons gagner des titres, nous avons besoin d'un Ribéry", assène le Néerlandais, qui s'est précipité dans les bras du Français après son but contre Mayence (4-0, le 16 septembre).
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Ribéry, Ancelotti

Crédit: Getty Images

La saison passée, Ribéry a délivré plus d'une passe décisive tous les deux matches, Robben inscrivant de son côté 16 buts. Quand l'équipe peinait à appliquer les principes de Carlo Ancelotti, le Néerlandais forçait régulièrement le verrou adverse. En 2013, l'arrivée de Guardiola devait provoquer un clash avec les deux hommes : il n'en fut rien. En 2015, Costa et Coman devaient les suppléer : il n'en fut rien. Souvent, les blessures devaient mettre un terme à leur carrière : il n'en fut rien. En 2012, leur relation, au plus bas, aurait pu s'envenimer : il n'en fut rien.
Nous sommes doux, et c'est super
La dimension humaine est, du reste, primordiale. Comme il l'avait fait précédemment avec David Alaba, avec lequel il a développé une franche amitié, Ribéry a offert à Coman soutien et conseils. À l'heure d'affronter le Paris Saint-Germain, Carlo Ancelotti, pour qui l'humain est au centre de tout, fait face à un dilemme. La forme de ses deux ailiers trentenaires est incertaine, et c'est une question centrale : plus que la présence de Manuel Neuer, plus que la régularité des buts de Robert Lewandowski, le Bayern a besoin aujourd'hui encore d'un "Robbery" au meilleur de sa forme.
À l'occasion du surprenant 2-2 concédé au VfL Wolfsburg le week-end dernier à l'Allianz Arena - le Bayern avait mené 2-0 -, Robben a marqué. Il a aussi manqué l'occasion du 3-1 à la 58e avant que Ribéry n'en fasse de même à la 78e. Le mouvement, en seconde période, a fait défaut. Circonstances atténuantes : le Français n'a pas eu le loisir de s'appuyer sur le dynamisme d'Alaba, convalescent - son ersatz Rafinha n'a rien apporté - et le Batave, soutenu quant à lui par Kimmich, avait souffert de symptômes grippaux en milieu de semaine.
Au delà de ce match, l'entraîneur italien a adopté une stratégie de turn-over pas forcément compatible avec ses deux anciens : pour l'un comme pour l'autre, ils le clament, trouver le rythme passe par le fait de jouer régulièrement. Trouver la motivation sans doute aussi. Jupp Heynckes les avait redynamisés, Josep Guardiola les avait réinventés, le Mister ne les a pas sublimés depuis son arrivée. Ses arbitrages suscitent même une part d'incompréhension. Reste leur spontanéité innée.
À l'occasion de l'Oktoberfest, à laquelle les joueurs bavarois rendent visite tous les ans, Franck Ribéry a lâché, samedi dernier, dans son allemand irrésistible : "Nous sommes doux, et c'est super." Une de ces punchlines semi-conscientes qui font le délice des confrères outre-Rhin et qui rappellent s'il en était besoin qu'avec des personnages de cette nature, l'inattendu est toujours à attendre.
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