Ligue Europa : La finale face au FC Séville, Benfica ne peut vraiment pas la perdre

Les supporters de Benfica attendent ce moment depuis plus de cinquante-deux ans. Le club de la capitale portugaise n'a plus triomphé dans une Coupe d'Europe depuis sa dernière victoire en C1. La malédiction de Béla Guttmann frappe toujours le géant lisboète, qui a perdu ses sept dernières finales continentales.

L'entraîneur de la glorieuse équipe d'Eusebio, vainqueur de la Coupe des champions (ancêtre de la Ligue des champions) en 1961 et 1962, avait maudit son club, après l'avoir quitté sur un conflit financier après ce fameux doublé : "Benfica ne regagnera pas la Coupe d'Europe avant 100 ans", avait affirmé le coach hongrois à l'époque.

Depuis, l'Aigle lisboète a perdu cinq finales de C1 (1963, 1965, 1968, 1988 et 1990) et deux C3 (Coupe de l'UEFA - Ligue Europa), en 1983 et 2013. La dernière est encore dans toutes les têtes : Chelsea s'était imposé à la dernière minute (2-1), grâce à un but d'Ivanovic. L'an passé, les supporters ont vécu un cauchemar. Les Lisboètes avaient perdu toutes leurs finales à peu de choses près (C3, championnat et Coupe du Portugal) et Benfica était resté bredouille, sans trophée, malgré trois immenses opportunités. Mais l'équipe actuelle, toujours guidée par Jorge Jesus, semble capable de mettre fin à la damnation. Avec le technicien portugais, les terribles losers de 2013 se sont découvert une force mentale à toute épreuve. Pas question de revivre le calvaire de la saison dernière. 

Avec déjà le titre national et la Coupe de la Ligue portugaise en poche, les Lusitaniens sont toujours en course pour réaliser un quadruplé historique. Ils s'apprêtent à jouer deux finales en quatre jours, en Ligue Europa et en Coupe du Portugal. Favori de la finale après avoir écarté le grand favori, la Juve, en demi-finale, Benfica a la faveur des pronostics. Même si Jorge Jesus s’efforce de faire croire le contraire : "Être de nouveau en finale de la Ligue Europa nous donne satisfaction parce que nous travaillons pour jouer de grandes finales. Il est vrai que le fait d'avoir déjà disputé la finale l'an dernier te donne plus d'expérience et peut-être plus d'assurance et de confiance. Mais cela ne veut pas dire que tu as davantage de chance de gagner."

Le FC Séville, lui, n'a pas peur des finales européennes. Les Andalous ont remporté les deux dernières disputées en C3, en 2006 et 2007. Séville est tout l'opposé de son adversaire, un modeste club espagnol, avec un seul titre de champion (1946), contre les trente-trois du Benfica, et cinq Coupes d'Espagne (contre 27 Coupes du Portugal, peut-être bientôt 28). Contrairement à son homologue, qui sera privé de Markovic (exclu de manière stupide face à la Juve), Unai Emery pourra aligner en finale son joyau, le Croate Ivan Rakitic, meneur de jeu au style léché.

Pour sa première grande finale, le technicien espagnol compte aussi sur Carlos Bacca, sélectionné avec la Colombie pour le Mondial, et sur son spécialiste des buts dans le temps additionnel, le Camerounais Stéphane Mbia, héros de la demi-finale retour à Valence (2-0, 1-3). Le Français Kevin Gameiro (5 buts et 1 passe décisive en C3 cette saison) sera également de la partie. Séville a l'habitude d'avoir la chance de son côté, mais Benfica ne veut plus perdre. Surtout pas l'année de la disparition de sa légende, Eusebio, décédé le 5 janvier dernier.