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Avant la Ligue Europa : Guingamp n'a pas d'argent mais il a des idées... et ça marche

Ilyes Ramdani

Mis à jour 26/02/2015 à 17:50 GMT+1

Victorieux à l’aller face au Dynamo Kiev (2-1), Guingamp a l’occasion de valider, ce jeudi soir (19h), son ticket pour les huitièmes de finale de la Ligue Europa. Sans vivier ni argent, l’EAG a su, deux ans après son retour parmi l’élite, composer un effectif atypique au service de sa réussite.

Jocelyn Gourvennec avec ses joueurs, en septembre 2014

Crédit: Panoramic

Sur les 15 joueurs les plus utilisés par Jocelyn Gourvennec cette saison, aucun n’a été formé à Guingamp. En Ligue 1 depuis deux ans, l’EAG doit réussir à présenter une équipe compétitive à peu de frais, sans l’apport souvent utile des jeunes du centre de formation. Un subtil exercice de composition dans lequel excelle le club breton. Doté du 19e budget de Ligue 1, Guingamp est actuellement 8e au classement, encore en lice en Europa League et en Coupe de France.  Une prouesse pour un effectif très majoritairement inexpérimenté au plus haut-niveau, composé quasiment de toutes pièces par Jocelyn Gourvennec.

Des cadres influents

Vu de l’extérieur, le groupe guingampais a tout d’une mosaïque composite, dont la cohérence ne saute pas (a priori) aux yeux. Ce qui aurait pu être la faiblesse de l’EAG fut en réalité sa force. Là où d’autres entraîneurs héritent de groupes aux liens anciens, parfois tissés dès le centre de formation, Gourvennec a eu tout loisir  de modeler, à sa guise et selon ses principes, son effectif. Une tâche (un luxe ?) dont il s’est acquitté en s’appuyant sur des relais. De Jacobsen (35 ans) à Sorbon (31 ans) en passant par les inévitables Mathis (33 ans) et Giresse (33 ans), nombreux sont les tauliers du vestiaire guingampais à dépasser la trentaine. Vainqueur de la Coupe de France l’année dernière, dernier club français en lice en Ligue Europa, l’EAG s’est appuyé sur ces cadres pour surmonter les tournants les plus importants de son histoire récente.
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Jacobsen célèbre son but lors de Reims - Guingamp

Crédit: AFP

Beauvue et les autres, des paris audacieux

Les moyens limités du club breton ont souvent contraint Gourvennec à jeter son dévolu sur des joueurs peu attendus. Kerbrat, Baca, Mandanne : autant d’ovnis footballistiques et de paris réussis pour l’En Avant. Christophe Kerbrat, le défenseur central des Rouge et Noir, évoluait encore en National à 25 ans. Le Breton a passé les étapes très tranquillement avec son club de cœur, Plabennec, et n’a signé son premier contrat pro qu’en 2011, sous les couleurs guingampaises. Une anomalie à l’heure où l’immense majorité des joueurs de Ligue 1 sont fondus très jeunes dans le moule du professionnalisme. 
Pour Kerbrat comme pour d’autres, Guingamp a eu du flair. Christophe Mandanne, formé au Havre, n’a jamais percé, naviguant de club de L2 en club de L2 (Tours, Dijon, Reims). En lui donnant sa chance (et sa confiance), Gourvennec a su en faire un des atouts majeurs de son équipe en Ligue 1. Avec 6 buts en 17 matches, et une complémentarité émergente avec Claudio Beauvue, Mandanne confirme les espoirs placés en lui par son entraîneur. Comme d’autres, il s’est relancé avec brio à l’EAG.
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Christophe Kerbrat sous le maillot guingampais, en janvier 2015 face à Lens

Crédit: Panoramic

Une nécessaire réflexion pour l’avenir

Aussi Sankharé, Pied ou encore Beauvue ont-ils trouvé une seconde jeunesse dans les Côtes d’Armor. Claudio Beauvue est évidemment l’exemple le plus éclatant de ce flair signé Gourvennec. En 2010, alors âgé de 22 ans, Beauvue n’est qu’un modeste attaquant de Ligue 1, qui sort d’une demi-saison creuse avec Bastia (1 but en 15 matches). Comme Mandanne, il lui faudra tous les atouts du cadre guingampais pour, enfin, tirer son épingle du jeu. Le meilleur buteur du club est aujourd’hui pisté, en France et en Angleterre. Jadis espoir du centre de formation du PSG, Sankharé rêve de suivre la même trajectoire. Après une expérience mitigée à Dijon, le gaucher s’est imposé comme une pièce importante du dispositif de l’EAG, où il a récemment prolongé jusqu’en 2017.
Des vieux briscards, des jeunes revanchards, des paris audacieux : le puzzle composé, pièce après pièce, par Jocelyn Gourvennec depuis 2010 porte aujourd’hui ses fruits. Sportivement, il offre une image rafraîchissante de spontanéité et d’aventure commune, à l’heure où les effectifs professionnels sont souvent faits de parcours formatés et de changements de clubs ultra-fréquents. Economiquement, il permet à l’EAG de survivre malgré son budget minimaliste, forts de transferts souvent gratuits ou très peu chers. Qu’il se qualifie ou non pour les huitièmes de finale de la Ligue Europa ce jeudi soir, Guingamp n’en sera pas moins contraint de se poser quelques questions pour l’avenir. Le risque est grand, en effet, de se retrouver essoufflé et démuni à la fin de cycle heureux. Une des réponses réside évidemment dans le renforcement du centre de formation de l’EAG, inévitable pour perdurer parmi l’élite.
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Claudio Beauvue (Guingamp) face à Lorient

Crédit: AFP

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