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Ligue Europa : Avec Rolando, l'OM s'est offert un colosse à la tête bien faite

Nicolas Vilas

Mis à jour 17/09/2015 à 07:41 GMT+2

LIGUE EUROPA - Recrue inattendue de l’OM, Rolando vient apporter son expérience voire une certaine sagesse à un club qui l’est rarement. Et si le Luso-Cap-verdien était un bon coup ?

Rolando à l'entraînement

Crédit: From Official Website

"L’OM, c’est mon cadeau d’anniversaire." Rolando peut enfin sourire. Lundi 31 août, il lâchait ses premiers mots (en français) dans la cité phocéenne. Le mercato d’été vivait ses dernières heures et le défenseur central célébrait ses 30 printemps et son nouveau contrat. Après une saison galère, le stoppeur est à la relance. Comme Marseille qui après seulement cinq journées, compte trois défaites, autant d’entraîneurs et cinq buts encaissés. Beaucoup de supporters s’interrogent sur le niveau de celui qui n’aura disputé qu’une dizaine de rencontres avec Anderlecht où il avait été prêté par le FC Porto, lors de la deuxième partie de saison dernière. Rolando présente pourtant (et surtout) pas mal de certitudes.

"Du lourd" et "pas cramé"

Avec les Dragons, Rolando a remporté onze trophées. Dont la Ligue Europa 2011 avec André Villas Boas. A lui seul, il comptabilise 45 rencontres européennes (22 de C1 + 23 de C3), soit plus que n’importe quel autre défenseur de l’OM ou que Nkoulou, Rekik, Mendy et Manquillo réunis. Mais l’homme au plus de 350 matches en pro sort, il est vrai, d’un exercice compliqué. En 2014-2015, il n’aura donc disputé que 10 rencontres avec les Mauves. D’où les craintes (voire les critiques) de certains supporters (voire journalistes). Rolando serait carbo.
Maxime Colin était son coéquipier la saison dernière en Belgique. Et pour le Français qui a depuis migré à Brentford (Championship), le Portugais "n’est pas cramé" : "Quand il est arrivé, on avait besoin d’un défenseur prêt de suite. L’un de nos centraux s’était blessé. Quand il a eu retrouvé le rythme, il s’est blessé à son tour. Mais on sent vraiment qu’il a énormément d’expérience, a un gros palmarès et a joué dans de grands. Rolando, c’est du lourd… Il ne peut pas avoir un tel palmarès et avoir joué dans de tels clubs sans avoir de qualités. S’il est bien physiquement, il sera une plus-value pour l’OM."
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Rolando avec le FC Porto

Crédit: Panoramic

"S’il n’a pas blessures, il prouvera que les gens qui doutent de lui se trompent", enchaîne José Delfim. Le dernier Portugais passé par le Vélodrome (2001-2006) décrit "un joueur complet. Il est international et déjà une belle carrière, il faut respecter ça.""Il va conquérir les supporters de ce grand club qu’est l’OM", assure même l’ancien milieu de terrain.
Le nouveau numéro 6 olympien a aussi pour motivation d’essayer de retrouver la Seleção et d’étoffer ses 19 sélections en A. Le Franco-luso-marocain Manuel da Costa l’a côtoyé en Espoirs portugais. La première de Rolando avec son pays d’adoption date de mai 2006. Elle s’est jouée à Braga, face aux Bleuets dans lesquels figuraient Mandanda et Lass (victoire 1-0 de la France). "Je ne suis pas d’accord avec ceux qui affirment qu’il est cuit, lance le défenseur de l’Olympiakos. Un joueur garde toujours sa qualité. Et puis il n’est pas vieux !" L’international des Lions de l’Atlas se souvient d’un "garçon super calme, tranquille." A en croire Colin il n’a pas changé : "Il n’a pas du tout le melon. Ça m’a presque étonné. Malgré sa carrière, son palmarès, c’est un mec accessible, ouvert, simple, disponible, pour tous. Il parle beaucoup, avec tout le monde. Les jeunes, les moins jeunes, les titulaires, les pas titulaires."

Un "leader", "intelligent" recalé par le TFC

Lorsqu’on le branche sur le sujet, le regard d’Eliaquim Mangala s’illumine : "Rolando, c’est mon gars !" "Quand je suis arrivé en 2011, il y avait Rolando, Otamendi et Maicon en plus de moi au poste de défenseur central, se souvient l’international français. Il n’a pas beaucoup joué la saison passée et il lui faut du temps de jeu pour retrouver le rythme. Il n’a que 30 ans et on dit que c’est le meilleur âge pour les défenseurs.""Il a une très bonne relance, il est très intelligent, analyse le Citizen. Tactiquement, il est très bon. Il sait replacer sa défense, c’est un vrai leader sur le terrain, un compétiteur qui va apporter son expérience."
Hugo Leal avait partagé le vestiaire du défenseur au Belenenses. "On a joué ensemble en 2008, narre l’ancien parisien. C’était un jeune joueur, rapide, intelligent dans son jeu, son sens du placement. Un bon coéquipier. Il avait une forte volonté de réussir." Il faut dire que Rolando vient de loin. Du Cap-Vert. Né à São Vicente, Rolando Jorge Pires da Fonseca n’est qu’un enfant lorsque ses parents émigrent pour Madrid, laissant leur fils unique à ses grands-parents. Il a une quinzaine d’années lorsqu’il part à son tour pour la péninsule ibérique.
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Mangala, alors, au FC Porto

Crédit: AFP

Au Portugal. C’est par la main de João José Cardoso da Silva qui est toujours son agent aujourd’hui, qu’il bascule du FC Batuque au Campomaiorense. Il est accueilli dans la rurale région de l’Alentejo par ma famille Paio. Rosinda et Luis Manuel deviennent ses "parents de cœur", Luis Miguel et José Duarte ses "frères". Le suicide de ce dernier en 2007 sera un choc pour celui qui est alors coaché par Jorge Jesus à Belém. A Campomaior, Rolando cultive son génie pour les maths. Il obtient son bac avec brio et s’inscrit même à la fac pour devenir ingénieur. Le club, lui, galère avec ses comptes. L’abandon du professionnalisme n’est pas loin. Un nouveau départ pour Rolando.
Le Benfica le snobe, son essai au Boavista est concluant mais le club de Porto a explosé son quota d’étrangers. Il est aussi testé pendant une semaine par un club français. "Il a fait un essai à Toulouse, confie Mangala. Il n’a pas été gardé (on lui indiquera que l’effectif était complet) mais ça lui a permis de tester son français. Il l’avait appris à l’école et il le travaillera avec ses coéquipiers francophones à Porto." Il part alors au Belenenses. Lancé à 18 piges en Liga par Carlos Carvalhal en 2004, il célèbre son baptême par un but. Le premier de la trentaine que compte la carrière de ce défenseur. Quatre ans plus tard, Porto viendra le chercher.

Barré à Porto "pour des raisons extra-sportives"

Entre 2008 et 2013, Rolando aura disputé 175 rencontres pour les Dragons. C’est plus qu’un Bruno Alves, un Maicon ou un Moutinho. Aucun défenseur du FCP n’avait joué autant depuis le "Capitão", Pedro Emanuel (178 matches entre 2002 et 2008). En 2010, le Luso-Cap-Verdien devenait l’un des porteurs du brassard portiste. Et pourtant, celui qui vient à peine de quitter la cité invicta a disputé son dernier match en bleu et blanc le 28 octobre 2012 ! Mais comment est-il passé du brassard ou placard ?
"Je n’ai plus joué pour des questions extra-sportives", lâchait l’intéressé à Maisfutebol en janvier 2014. Quelques mois plus tôt, il accusait sur Antena 1 l’entraîneur Vítor Pereira "allié" au bras droit de Pinto da Costa, Antero Henrique, d’avoir tenté de "lui rendre la vie impossible." Cette mise à l’écart remonte à la saison 2012-2013. Après six mois de banquette, Rolando est prêté au Napoli. La saison suivante, il retrouve Mazzarri à l’Inter Milan où il est encore cédé. Une trentaine de matches plus tard, plusieurs clubs de Serie A se placent. Pereira n’est plus là et Lopetegui est même prêt à l’intégrer dans son groupe. "Je ne garde aucune rancœur", assure le joueur. Ses patrons souhaitent alors le prolonger mais Rolando, lui, a des envies d’ailleurs. Retour à la case placard. Janvier 2015, l’Inter, la Juventus, le Zenit, le Besiktas se placent. Le FCP a d’autres plans pour lui, d’autres enjeux : Anderlecht. Luciano D’Onofrio aurait joué les intermédiaires. Le central plie. Le cœur est lourd mais les jambes plus encore. Il y subira la première blessure sérieuse de sa carrière, avant de retourner à Porto.
C’est alors que l’OM en quête d’éléments rodés pour assoir son arrière-garde se manifeste. Doyen Sports qui entretient d’excellents rapports avec Marseille et Porto (notamment depuis le transfert d’Imbula) fait la connexion. DS contacte Jota. L’agent de Rolando avait accepté de dealer avec Alexandre Pinto da Costa (fils du président portiste et boss de Energy Soccer) lorsque ce dernier s’était présenté avec les offres de prêt de l’Inter et du Napoli. "Alex" n’est pas un étranger pour Doyen. Il avait été photographié aux côtés d'Imbula et Nélio Lucas (CEO de la dite société) lors de l’arrivée du Français au Portugal. Dragons et Olympiens se sont accordés sur un montant de 1,5 million d’euros pour Rolando. Plutôt un bon coup pour un joueur de ce calibre et sur qui beaucoup de grosses cylindrées (italiennes) continuent de loucher. Alors, rendez-vous dans un an ?
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