Des Bleus sans saveur

Les sifflets qui ont accompagné la sortie de l'équipe de France ne mentent pas. Les Bleus de Domenech sont apparus bien tristes devant un public de Geoffroy-Guichard que ne les a pas ménagés non plus. Dès l'échauffement, les Lyonnais (Benzema, Govou, Toulalan, Lloris, Boumsong) et Domenech savaient déjà qu'ils n'étaient pas forcément appréciés dans le Forez. La prestation tricolore ne les a pas rendus plus populaires, bien au contraire. Malgré une entame correcte, les Bleus ont rapidement été dépassés par des Nigérians sans complexe. Et qui, à l'inverse de leurs adversaires, étaient manifestement entrés sur le terrain avec la volonté de s'imposer. Domenech voulait une victoire, celle de la motivation à un moment de la saison où elle est difficile à aller chercher. Il n'a pas été entendu.

"C'est une de nos plus mauvaises prestations lors d'une première mi-temps. C'est inquiétant", déclarait-il d'ailleurs au micro de TF1 à l'issue de la première période. Un constat lucide, tant ses joueurs n'ont joué que par intermittence. Battus dans l'engagement par des Nigérians accrocheurs mais corrects, ils n'ont jamais su se remettre dans le droit chemin après l'ouverture du score d'Akpala, idéalement placé pour reprendre victorieusement un tir d'Uche repoussé par Mandanda sur son poteau (0-1, 32e). Auparavant, le gardien marseillais avait été sauvé par Squillaci, auteur d'une tête salvatrice sur sa ligne, avec l'aide de la transversale, pour sortir une frappe du même Uche. La deuxième tentative aura été la bonne pour des Super Eagles plein de vivacité, à l'image de l'ancien Lillois Odemwingie, intenable sur son côté droit. Le Nigéria, qui n'a perdu qu'une de ses onze dernières rencontres, a affiché un visage séduisant à Geoffroy-Guichard.

Tout l'inverse des Tricolores. Il y a bien eu une bonne période d'environ 20 minutes en première mi-temps. Benzema (23e), Anelka (27e) et Ribéry (29e) ont alors eu l'occasion de faire la différence et de lancer les Bleus vers une troisième victoire consécutive après les deux succès acquis sur la Lituanie en mars. Il y a eu du mieux en seconde période, avec notamment l'entrée de Gourcuff réclamée par le public stéphanois. Le Bordelais a été très actif, mais avec beaucoup moins de réussite que sous le maillot girondin. La réussite, justement, n'était pas non plus avec le novice Rémy, qui aurait offert l'égalisation à la France pour sa première apparition avec les Bleus si sa frappe n'était pas venue s'écraser sur le poteau (87e). Mais l'éclair de l'attaquant niçois ne cache pas la misère d'une équipe de France incapable de forcer son destin après l'ouverture du score nigériane.

Dans la tête comme dans les jambes, les Bleus n'y étaient pas vraiment. Le fait que ce match amical intervienne à un moment où les joueurs ont plus l'esprit à leurs vacances n'est pas une excuse. L'équipe de France est une institution à respecter tous les mois de l'année. Pour ne pas l'avoir fait à Geoffroy-Guichard, les Bleus ont perdu une bonne partie du crédit accordé par les deux victoires acquises sur la Lituanie. Vendredi, ils auront une chance de se rattraper face à la Turquie, à Lyon, pour une dernière rencontre amicale avant les vacances. Heureusement, l'équipe de France compte moins de Stéphanois que de Lyonnais, donc l'accueil de Gerland devrait être un peu plus favorable aux Bleus. Reste à savoir quelle sortie connaitra l'équipe de France dans la capitale des Gaules.

"L'ambiance était déplorable. Le public a oublié que c'était un match de l'équipe de France, pas un Saint-Etienne - Lyon. On est passé au travers en première période, notamment dans l'organisation. On a voulu aller trop vite vers l'avant. C'était mieux en seconde période, mais une défaite fait toujours mal. Cela n'installe pas un climat de sérénité et de confiance."