Après Belgique-France (0-0) : Pas une purge, mais une bonne leçon pour les Bleus

LE JEU : Comment faire simple ? Les Belges savent

Comme quoi le mois d’août peut réserver de belles surprises. Ce Belgique-France a accouché d’un vrai bon match de football. Du rythme, des occasions, un public à la hauteur : cette rencontre n’avait rien des purges que cette fenêtre internationale nous a souvent offert (cf. le France-Uruguay de l’an dernier, pour ne citer que lui). Les Belges ont contrôlé le tempo d’une partie qu’ils ont globalement dominé. Ils ont imposé leur loi au milieu, où ils ont fait parler leur supériorité numérique, physique et technique. Ils ont surtout donné une leçon de simplicité aux hommes de Didier Deschamps.

Les Diables rouges ont évolué avec un bloc compact, où les éléments offensifs n’ont jamais rechigné à la tâche défensive, et se sont projetés à une vitesse ahurissante vers l’avant à la récupération. Il ne leur aura finalement manqué qu’un buteur en réussite. Avec davantage d’efficacité, l’addition aurait pu être salée pour les Français. Ces derniers ont rendu une copie correcte, mais ont commis trop d’imprécisions techniques pour pouvoir développer leur jeu et maîtriser pleinement leur sujet. Si les Bleus cherchaient un modèle à suivre, davantage que l’utopie espagnole, ils l’ont peut-être trouvé.

LES JOUEURS : Baptême compliqué pour Kondogbia

Deux pertes de balles qui auraient pu coûter cher (6e, 47e), une prestation d’ensemble sans relief : Geoffrey Kondogbia a vécu une première cape difficile chez les A. Peu soutenu, son duo avec Josuha Guilavogui a souffert face au trio belge Witsel-Chadli-Fellaini. Le milieu d’Everton a réalisé une prestation majuscule, avec son omniprésence et sa technique élégante. Moins connu qu’Eden Hazard, son pendant sur la gauche, Kevin De Bruyne a martyrisé Gaël Clichy sur son côté.

Pour son retour en sélection, Eric Abidal a réussi un match solide. Aux côtés d’un excellent Laurent Koscielny, le Monégasque a confirmé que son intelligence lui permettait de ne pas être au top physiquement pour évoluer dans l’axe.  A la peine dans son jeu au pied mais toujours aussi habile sur sa ligne, Hugo Lloris s’est employé pour garder sa cage inviolée. Très (trop) souvent hors-jeu en première période, Karim Benzema a émergé après le repos, sans réussite. Derrière lui, Franck Ribéry, Dimitri Payet et Mathieu Valbuena se sont marchés sur les pieds. A priori complémentaires, ces trois-là, qui évoluaient ensemble  pour la première fois, doivent encore trouver leurs repères.

LA STAT : 9

La fin d’une série qui avait trop duré pour l’équipe de France. Les Bleus n’avaient plus terminé une rencontre sans encaisser le moindre but depuis le 7 septembre 2012 et un succès en Finlande en qualification pour le Mondial 2014 (0-1). Soit neuf rencontres de rang. Les partenaires de Bacary Sagna ont mis un terme à cette opération "portes ouvertes" en Belgique. Mais un problème réglé, un autre surgit pour DD. Sa formation vient de jouer 390 minutes sans parvenir à pousser le ballon au fond des filets adverses. Un chantier de plus pour les Bleus, dont la reconstruction est décidément bien longue à se dessiner.

LE TOURNANT QUI N’A PAS EU LIEU

Karim Benzema n’a toujours pas débloqué son compteur buts, coincé à quinze depuis son doublé contre l’Estonie en préparation de l’Euro 2012 (4-0). Il aurait pu faire basculer cette rencontre en Belgique pour renouer le fil de son histoire avec eux. Mais à la 66e minute, lorsqu’un centre de Franck Ribéry dévié par Marouane Fellaini lui est arrivé dans les pieds, il a buté sur Thibaut Courtois à bout portant. Il en est désormais à quatorze matches consécutifs avec l’équipe de France sans avoir marqué. Une éternité, qui lui fait tutoyer le triste record de Sylvain Wiltord et Djibril Cissé. En leur temps, les deux hommes ont vécu une disette de quinze rencontres.

LE TWEET POLITIQUE, MAIS PAS TROP

Depuis des années, la Belgique est tiraillée entre la Wallonie et la Flandre. Une séparation ne ferait pas forcément les affaires de l’équipe de France, à en croire ce tweet taquin.

LA QUESTION : La Belgique championne du monde en 2014, est-ce crédible ?

Dans un entretien publié sur notre site, Julien Denoël, spécialiste du foot belge chez notre partenaire Sharkfoot, révélait ce mercredi que "certains, en Belgique, parlent du titre mondial en 2014". Il n’est jamais interdit de rêver, mais sur ce qu’ils ont montré ce mercredi soir, ils devront surmonter certaines limites pour créer la sensation au Brésil. Ils manquent encore d’un pur buteur, même si Romelu Lukaku et Christian Benteke ont une marge de progression très importante. La défense a aussi montré quelques signes de fébrilité par instants, que Thibaut Courtois a fait oublier dans son but. Mais ils sont outillés pour voir venir. Marc Wilmots dispose d’un matériau peut-être unique dans l’histoire de son pays avec la plus belle génération depuis les années 80. Et vu la jeunesse de son groupe, si ses joueurs réussissent pas un gros coup en 2014, les Diables rouges prendront rendez-vous pour l’Euro 2016 et le Mondial 2018. Voire plus loin. Cette équipe n’a fini de faire parler d’elle.