Après France - Portugal (2-1) : Les Bleus ont trouvé l’arme anti-Ronaldo, c’est Varane

Jusqu’ici, personne, cette saison, n’avait résisté à la tornade. Que ce soit en Liga ou en Ligue des champions, Cristiano Ronaldo avait systématiquement marqué au moins un but. Voilà pourquoi il a vampirisé toutes les conférences de presse cette semaine à Clairefontaine. Le Portugais était dans toutes les têtes, dans toutes les bouches. Deschamps l’avait clairement identifié comme le danger à canaliser. Il a trouvé l’arme parfaite : Raphaël Varane. Le Madrilène a sans doute livré face au Ballon d’Or son meilleur match en sélection.

Les Bleus ont alterné temps forts et temps faibles durant 90 minutes face au Portugal (2-1) ? Lui n’a pas fait un mauvais choix et a plané sur la rencontre de la 1re à la 90e. Les deux équipes ont joué sur une pelouse d’une qualité exécrable ? Lui s’est baladé sur du velours et transformé le champ de patates en billard. Pogba, parfois trop facile, a agacé par ses pertes de balle inutiles et son manque de discipline ? Varane a fait le geste juste sans jamais en rajouter. Sobre et efficace. Un match parfait face à l’une des deux références du foot mondial.

Sur chaque accélération dans l’axe, Ronaldo s’est heurté à un mur de certitudes. Varane n’est jamais tombé dans le jeu de son partenaire du Real qu’il a stoppé à cinq reprises dont une fois sur une intervention délicate au cœur des 16 mètres. Dans son plus pur style : le buste droit et en marchant ou presque. Avec la facilité déconcertante du vieux briscard qui en a vu d’autres du haut de ses 21 ans : "Il a eu des actions en tête-à-tête mais on a été performant défensivement par rapport à Cristiano Ronaldo ou Nani", a noté Didier Deschamps après la rencontre. "Raphaël confirme en équipe de France, mais il joue au Real Madrid ! Même s’il est jeune (21 ans), il a une assurance, une confiance. Il va vite, il est intelligent, il sait comment se placer."

Devant les micros, Varane est au moins aussi sobre et réfléchi que sur la pelouse. Impossible de le prendre en défaut. Il vous répond toujours avec un aplomb et un léger sourire en coin qui vous font perdre la bataille. Impossible de lui arracher le moindre jugement de valeur sur sa prestation. Benzema a loué "le grand travail de Raphaël qui n’a pas lâché Ronaldo." A peine Varane finira-t-il par admettre que les Bleus "ont bien cadenassé Ronaldo" et qu’il s’est senti "plutôt bien jambes." "J’essaie de ne pas me prendre la tête, c’est ma nature", a-t-il ajouté. "J’essaie d’être calme, tranquille, posé, réfléchi et de guider mes partenaires."

Pas de doute sur ce dernier point, il est devenu le leader de la ligne arrière. Non pas parce qu’elle a été décimée par les blessures de Sakho et Koscielny. Non pas parce que Mangala a signé un match plus que moyen. Simplement parce que c’est son talent et son aura naturels qui font aujourd’hui de Raphaël Varane le seul incontournable de la charnière centrale alors même qu’il est cantonné à un rôle de doublure au Real Madrid.

"C’est un joueur hors norme", a dit de lui Deschamps dans les couloirs du Stade de France. Hors norme comme cette percée plein axe qui l’a exilé dans un rôle d’ailier avec un centre en direction de Benzema en forme de passe décisive. Hors norme comme cette passe divine de 40 mètres pour Pogba, un ballon au millimètre qui a éliminé la moitié de l’équipe du Portugal en un claquement de doigt. En 18 mois et 14 sélections, il s’est affirmé comme l’un des points forts du onze tricolore. Que Cristiano Ronaldo se rassure, même s’il n’est pas habitué à tomber sur un os, il n’a pas buté sur n’importe quel défenseur central et il ne sera pas le dernier à se faire croquer par ce gamin à la gueule d’ange et au talent monstrueux.