Bleus - Serbie-France : S'il veut changer de statut, Loïc Rémy devra muscler son jeu

Loïc Rémy vit une belle rentrée. Après avoir été recalé par Liverpool et craint de devoir passer une saison quelconque à QPR, l'attaquant de 27 ans a finalement rejoint Chelsea dans les derniers jours du mercato. L'ancien Marseillais a parachevé sa belle semaine par un but victorieux au Stade de France face à l'Espagne (1-0), jeudi. Sorti du banc pour remplacer Antoine Griezmann, il a offert la victoire à son équipe grâce à son sixième but en équipe de France.

Il a pu se montrer aux yeux du sélectionneur. "Oui, c’est sûr que je voulais montrer que j’étais là, a-t-il expliqué. Mais il ne faut pas oublier le onze de départ qui fait un travail de sape important. Après, nous, les remplaçants c’est sûr qu’il faut qu’on apporte un plus". Dans son cas, Deschamps attend même qu'il apporte beaucoup plus. Comme Aimé Jacquet jadis avec un certain Robert Pirès, il se dit que DD aurait demandé au néo-Blue de "muscler son jeu". "Je ne lui ai pas dit ça", a corrigé le patron des Bleus samedi. Mais il confirme attendre davantage de Rémy : "Il a beaucoup de qualités, ce n'est pas que la vitesse. C'est un joueur qui a toujours marqué des buts mais il est encore irrégulier, il doit gagner en agressivité."

Trop gentil, trop tendre, Loïc Rémy ? Visiblement oui, si l'on en croit l'ancien capitaine de l'équipe de France. "Certains matches, poursuit Deschamps, au bout de 30 secondes, il se prend une bonne gifle et il a tendance à tendre l'autre joue pour en prendre une deuxième. Là, il est dans un club, à Chelsea, avec la concurrence et le manageur qu'il aura (NDLR : José Mourinho), il ne faudra pas qu'il dorme beaucoup." Il faudra donc plus qu'un but par-ci, par-là, pour donner à Rémy une dimension supplémentaire au sein du groupe France. Car, malgré ses vingt-huit sélections, il donne toujours  l'impression de ne pas s'y être pleinement imposé.

Depuis sa première sélection en 2009, Rémy n'a jamais été un titulaire indiscutable. Sur ses 28 sélections, il  n'a été titulaire qu'à onze reprises. Non sélectionné pour la Coupe du monde 2010, l'enfant de Rillieux-la-Pape avait dû déclarer forfait sur blessure pour l'Euro 2012, alors qu'il était dans la première liste des 30 joueurs retenus. Cet été, au Brésil, pour son premier tournoi international, il n'a participé qu'à deux rencontres, toutes débutées sur le banc pour un maigre total de 28 minutes de jeu. À l'aube de l'Euro 2016, le joueur espère enfin s'installer dans l'équipe type. "A moi de me mettre dans les meilleures conditions pour être dans le groupe. Après, il n’y a que onze places. Le coach fera ses choix. Mon objectif, c’est d’être bon à chaque match " a répété l’intéressé en conférence de presse vendredi.

Chez les Bleus, Rémy a clairement une carte à jouer. Par sa polyvalence, il offre plusieurs possibilités à Didier Deschamps. Capable d'évoluer en pointe ou sur les côtés, son profil lui permet de s'immiscer à merveille dans les différents systèmes de jeu que peut choisir le sélectionneur. Avec la blessure d'Olivier Giroud, il représente une alternative crédible à Karim Benzema en pointe. Il disputera à Moussa Sissoko et Antoine Griezmann une place sur les ailes. Ce dernier, auteur d'un match timide face à l'Espagne voit son poste directement mis en danger par l'ancien Niçois.

Didier Deschamps, lui, ne ferme la porte à aucune hypothèse. "Il a commencé des matches aussi, rappelle-t-il d'ailleurs au sujet du buteur face à l'Espagne. Je ne vais pas cantonner un joueur à un rôle de joker. Il a la capacité, comme Griezmann, d'apporter quelque chose quand il rentre. C'est important qu'il ait cette aptitude-là. Débuter, c'est une préparation différente aussi, psychologiquement, et il faut être prêt aux deux." Sa saison en club déterminera également son avenir avec les Bleus. Mis en concurrence avec Diego Costa et Didier Drogba, Rémy devra réussir à grappiller du temps de jeu avec Chelsea. S'il y parvient, il aura une chance crédible d'intégrer le onze de départ de Didier Deschamps à moyen terme. A condition, aussi, de ne pas s'assoupir...