Liste des Bleus : Normalement, les 23 sont là

Fin janvier, Didier Deschamps avouait une seconde fois qu’il avait déjà une vingtaine de noms en tête pour le Brésil. Cinq semaines et 90 minutes plus tard, le voilà conforté dans ses choix. Au sortir des deux prestations les plus abouties des Bleus sous le mandat Deschamps, la liste des 23 semble désormais se dessiner comme une évidence et, sauf pépin de dernière minute, blessure ou méforme inattendue, il n’y a quasiment plus de places à prendre. Ceux qui n’étaient pas dans le groupe face aux Pays-Bas partent avec deux boulets à chaque pied dans la course au Mondial. S’il ne faut pas exclure une surprise de dernière minute comparable à celle de Ribéry en 2006 ou minimiser les aléas de trois derniers mois intenses de compétition, Deschamps a les idées claires. Ce qui tombe plutôt bien puisque le calendrier ne comporte plus de date internationale avant la divulgation de la liste. Le point en quatre questions.

Une question dont la réponse reste floue. Noël Le Graët a bien tenté de clarifier la situation en annonçant que Deschamps donnerait sa liste de 23 noms accompagnés de 7 réservistes à la date du 13 mai. Mais le sélectionneur n’a rien confirmé. Les textes officiels exigent que chaque sélectionneur transmette à la FIFA une liste de 30 noms maximum le 13 mai au plus tard avant de communiquer la liste définitive avant le 2 juin.

Oui et non. Oui, parce qu’il ne manquait personne à l’appel. Même les éclopés en phase de reprise (Sakho, Ribéry) étaient bien présents. Deschamps voulait réunir son noyau dur, pas donner sa chance gratuitement à des joueurs qui frappent à la porte. Ceux qui étaient présents au rassemblement cette semaine partent tous avec un avantage certain sur la concurrence.

Non, parce que la liste de Deschamps pour les Pays-Bas comportait 24 noms soit un de trop pour le Brésil. Le surnombre est à chercher du côté des milieux offensifs car parmi Ribéry, Payet, Rémy, Griezmann et Valbuena, ils sont cinq pour quatre places (en admettant que Deschamps doublera tous les postes et emmènera trois gardiens de but au Brésil).

Si la liste s’est élargie à 25 noms en cours de route, la convocation de Josuha Guilavogui n’était qu’une réponse à la blessure de Mavuba. S’il doit partir au Brésil, le Stéphanois ne le devra qu’à une nouvelle blessure ou une grosse baisse de forme de Mavuba qui, dans l’esprit de Deschamps, reste l’option numéro 1 dans le rôle de la sentinelle derrière Cabaye.

A priori, non. Entre l’Ukraine et les Pays-Bas, ils sont trois à avoir disparu de la liste (si on excepte Landreau absent pour blessure) : Gaël Clichy, Samir Nasri et Eric Abidal. Trois hommes qui n’ont jamais été aussi loin du Brésil. Deschamps a eu le mérite de trancher leur sort avant la liste finale et, sans jouer, ils semblent déjà condamnés. D’autant que leurs remplaçants ont plutôt bien rempli leur mission. Eliaquim Mangala a gagné son ticket pour Rio à la faveur d’une deuxième période énorme face aux Néerlandais. Digne s’est appliqué et a vite fait oublier Clichy, en perdition à City.

A Clairefontaine, Didier Deschamps a dressé un constat terrible pour Eric Abidal et Gaël Clichy même si le sélectionneur ne les visait sans doute pas directement : "Ce qui compte, c’est la valeur et le potentiel du joueur. " A talent égal, DD choisira un joueur sur lequel il pourra construire. Nasri est peut-être celui auquel il reste encore un espoir en cas de fin de saison monstrueuse. Mais l’abandon du 4-2-3-1 semble avoir scellé son sort.

Arrière gauche : En appelant Digne, Deschamps a fait un choix fort à un poste où la concurrence est sans doute la plus timide. Convoquer un joueur qui joue si peu en club (9 matches de L1) témoigne du manque de recours derrière Evra. Le Monégasque Kurzawa semble désormais le concurrent le plus coriace dont Digne devra se débarrasser. Mais c’est avant tout derrière le temps de jeu que le Parisien devra courir. Il reste le favori.

Le sixième homme du milieu : Derrière Pogba, Matuidi, Cabaye, Mavuba et Sissoko, la place de Clément Grenier semble la plus exposée à la concurrence au milieu de terrain. D’abord parce qu’il joue très peu en Bleu et, ensuite, parce qu’il est moins décisif à Lyon. Une fin de saison fracassante de Nasri ou Gourcuff fragiliserait sa place dans le groupe même s’il garde la main pour le moment.

Un ailier : Parce qu’il faudra sans doute en éliminer un entre Rémy, Payet et Griezmann. En grande forme avec Newcastle, Rémy peut s’appuyer sur une polyvalence qui le rend quasiment incontournable. Derrière Benzema et Giroud, il représente la seule option en pointe. Face aux Pays-Bas, Deschamps a préféré Griezmann à Payet pour occuper le couloir gauche. Un choix qui donne une vraie indication alors que Deschamps répétait que l’heure n’était pas aux expérimentations. Sinusoïdal depuis le début de sa carrière, le Marseillais a tout intérêt à maintenir des performances de premier choix à l’OM pour retourner en Amérique du Sud, un an après des prestations très intéressantes avec les Bleus en juin dernier, car Griezmann a désormais une longueur d’avance sur lui.