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Match amical France - Pays-Bas : Les Oranje sont-ils vraiment si forts que ça ?

Polo Breitner

Mis à jour 05/03/2014 à 10:13 GMT+1

A nouveau facilement qualifiée lors des éliminatoires pour une grande compétition mondiale, la sélection néerlandaise désormais emmenée par Louis Van Gaal réalise une transition sportive impressionnante. Mais le paysage sur fond de toile néerlandaise est-il si beau ?

2014 Pays-Bas Equipe

Crédit: AFP

D’une part, il y a les chiffres : depuis que l’ancien entraîneur du Bayern Munich est devenu, ou plutôt a réintégré le statut de, "Bondscoach" des Oranje, après son échec du début des années 2000, les Pays-Bas ont magnifiquement redressé la barre. D’autre part, nous nous retrouvons, peut-être, dans la même configuration qu’avant l’Euro 2012, en Pologne et en Ukraine, où la presse domestique s’alertait des manquements qualitatifs individuels, alors que les médias continentaux s’évertuaient à faire de ce pays, l’un des grands favoris de la compétition. Mais où en est, aujourd’hui, la sélection ?

Une seule défaite depuis l’arrivée du nouveau sélectionneur

Car le bilan de Van Gaal est impressionnant depuis son investiture. Voyez plutôt : 11 victoires, 6 nuls pour une seule défaite. Et encore, cette dernière fut subie lors de la première sortie officielle du nouveau sélectionneur, contre la Belgique. Une défaite logique, 4-2, en amical… enfin pas aussi courtoise que l’on pourrait supposer lorsque l'on connait la rivalité entre ces deux pays. Une opposition plus que sportive, compte tenue de la situation politique en 2012. Arjen Robben se permettant de chambrer son camarade de club Daniel Van Buyten avec un "les Pays-Bas vont aller disputer un petit match en Belgique", histoire de se dégourdir les jambes. Eden Hazard rappelant après la rencontre qu'il est important de remporter ce genre de rendez-vous puisque "c’est un derby". Au stade du Roi Baudouin, devant 46000 personnes, Benteke marqua son premier but pour les Diables rouges. Mathijsen-Heitinga en charnière centrale mais aussi un identique gardien, Stekelenburg, qu'à l'encontre de l’Allemagne lors de l’Euro 2012 (1-2). Les mêmes sont encore là dans l’équipe à Van Gaal, au début en tout cas.
A croire, au passage, que les matches amicaux n’intéressent pas vraiment la sélection néerlandaise: 2 victoires, 5 nuls, dont certains soporifiques comme le "Klassiker" de novembre 2012 contre la Nationalmannschaft (0-0), et donc une défaite. On est bien loin du ratio des éliminatoires pour la Coupe du Monde 2014 : 9 victoires et un nul.
Mais ce fabuleux rétablissement des Oranje est-il si surprenant ? Oui, si l’on estime que la claque subie à l’Euro 2012, trois défaites dans le supposé "groupe de la mort", demeure un traumatisme qu’il faut effacer. Non, de mon point de vue, lorsque l’on se remémore le parcours de son prédécesseur, Bert van Marwijk, lors des qualifications pour la Coupe du Monde 2010 et donc pour le tournoi européen en Pologne et en Ukraine. Finalement, l’ancien entraîneur du Hamburger SV n’aura subi, en tout et pour tout, que cinq défaites, avant le catastrophique Euro 2012, depuis son arrivée en 2008 en 49 matches officiels. Dont celle en finale contre l’Espagne en 2010 en Afrique du sud (0-1). Van Marwijk, n’a quasiment jamais connu l’amertume de la déception en matches qui comptent. En fait, l’équipe nationale d’aujourd’hui est-elle si différente de celle qui se baladait en éliminatoires et que l’on nous présentait comme un pays favori avant le tournoi continental de 2012 ?
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netherlands belgium robben arjen benteke mathijsen

Crédit: Eurosport

18 rencontres et 49 joueurs utilisés

Le Bondscoach a fini par revenir à un bon vieux 4-3-3, "ajaxien" diront les puristes, mais l’on sait très bien que c’est l’animation qui prime et, honnêtement, les vedettes de l’effectif ont-elles vraiment changé ? Van Gaal a ratissé large depuis son arrivée, essentiellement en Eredivisie, le championnat néerlandais, lançant des jeunes, sans oublier de les tancer bien entendu. Le jeunisme bat son plein. Le Championnat d’Europe espoirs 2013 est un tournoi qui permet de gagner du temps, de la complicité dans le jeu, de l’expérience surtout. Van Gaal l’exige, il obtiendra satisfaction. Certains titulaires chez les "Oranje" étaient présents en Israël, notamment en défense. Cela ne les a pas empêchés d’exploser, notamment contre l’Espagne (0-3) pour la première place de poule, comme si la critique récurrente d’une Nation qui attaque trop au détriment d’un équilibre général, n’avait toujours pas été résolue. Mais que reprochait-on à la sélection de van Marwijk ? La même chose, non ?
Le nouveau Bondscoach a donc, déjà, utilisé 49 professionnels en 18 mois, là où son prédécesseur en avait fait jouer 56 en près de quatre ans ! Tout le football néerlandais s'est vu passé au radar, mais pour quelles conclusions ?
Depuis sa prise de fonction, Van Gaal a utilisé 5 gardiens : Stekelenburg donc, mais aussi Krul, Vorm et les deux portiers de l’Ajax d’Amsterdam, Vermeer et Cillessen. Quel est le titulaire indiscutable ? Stekelenburg lutte pour se maintenir en Premier League avec Fulham, Krul est titulaire à Newcastle mais que pèse t-il, à 25 ans, avec ses 5 sélections?  Pire encore, il n’a joué que contre la Turquie lors des éliminatoires 2014. C’était lors de la première journée…un signe ? Vorm ? Il a déjà 30 ans et seulement 14 capes. Reste les deux gardiens du mythique Ajax. Cillessen a ravi, cette saison, la place à Vermeer, que je n’ai personnellement jamais trouvé excellent, mais depuis son transfert de Nimègue à Amsterdam en 2011, qu’a donc réalisé de notable le portier de bientôt 25 ans ?
Au poste d’arrière gauche, c’est encore plus inquiétant ! Un nombre incalculable de joueurs utilisés pour finalement assener que la polyvalence a du bon. Blind, le plus souvent milieu défensif à l’Ajax, s’installe côté bâbord. Martins Indi, le latéral de Feyenoord joue axial en équipe nationale. Willems de Eindhoven, à 19 ans seulement, est-il trop jeune pour occuper le poste malgré ses 11 sélections ? On constatera d’ailleurs que la défense, dans son ensemble, fait l’objet de toutes les attentions par le Bondscoach avec un turnover monumental, un vrai chantier. Janmaat, titulaire présumé au poste d’arrière-droit n’a disputé que 13 rencontres sur les 18 possibles, Martins Indi et Vlaar, 12, de Vrij seulement 9, Blind, l’expérimenté Heitinga ou van Rhijn, 7, van der Wiel va t-il revenir dans la dernière ligne droite alors qu’il n’a été présent qu’une seule fois sur le terrain ? Le décalage à l’arrière est flagrant en le comparant avec la stabilité offensive de Van Gaal, héritée de van Marwijk.
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Louis van Gaal nimmt an der Schwulenparade teil

Crédit: SID

Que vaut réellement la nouvelle génération néerlandaise ?

C’est étrange mais plus je trifouille dans mes souvenirs, plus je me rappelle que les maux dont souffrent la sélection néerlandaise sont inéluctablement les mêmes. Vlaar, 29 ans, est-il un grand défenseur central au même titre que Mathijsen, aujourd’hui âgé de 33 ans pour lequel se posait une interrogation semblable ? Idem pour Heitinga, non ? Mais que valent vraiment les nouveaux espoirs des Pays-Bas, pour la majorité issue du triptyque Ajax-PSV-Rotterdam ? Si l’on doit féliciter ce pays pour la production de nouveaux talents, on ne peut, non plus, occulter les résultats désastreux des clubs de l’Eredivisie depuis deux ans, en Europe. Sur les deux derniers exercices, 2013 et 2014, le championnat néerlandais n’occupe que la seizième place, derrière l’Autriche, la Grèce ou la Belgique par exemple.
Les contre-performances sont nombreuses et la déroute de l’Ajax d’Amsterdam contre le RB Salzburg en Europa League (0-3, 1-3) récemment, est plus un signe annonciateur qu’autre chose. Le club autrichien dont le modèle est le Verein batave, a dépassé son maitre. L’année précédente, le Feyenoord Rotterdam s’était incliné en barrage de l’ancienne coupe UEFA contre le Sparta Prague, l’AZ Alkmaar avait encaissé un terrible 0-5 contre l’Anzhi. Heerenveen n’avait pas passé l’obstacle norvégien du FC Molde. En phase de groupe de l’EL, Twente avait fini bon dernier, le PSV, lui, n’était pas sorti de son groupe. Cette saison, le FC Utrecht est tombé avant la compétition contre le modeste club luxembourgeois de Differdange. Rotterdam a récidivé en se faisant éliminer par Krasnodar. Eindhoven récidive dans la médiocrité…Peut-on, à l’aune des résultats européens des clubs bataves, affirmer que la sélection néerlandaise est un candidat au Brésil, surtout si Van Gaal puise une bonne partie de ses ressources dans le réservoir domestique, à savoir un championnat national inexistant au niveau continental ?
Encore une fois, la marque de fabrique de l’école des Pays-Bas masque sans doute une disparité de niveau beaucoup plus grande. Van Persie et Huntelaar en attaque, Robben sur les ailes, voire Kuyt, les meneurs de jeu Sneijder et van der Vaart, comme le milieu défensif de Jong, c'est-à-dire les anciens, seront toujours de la partie en Amérique latine. Si un Strootman a réussi son examen de passage à l’AS Roma, combien de supposés talents, présentés comme tels, se seront cassés les dents en pensant à des cas récents, Affelay ou Elia, par exemple ? Ou en sont Maher, Bruma, Dost ou Luuk de Jong ?
Finalement, avec le recul, la seule véritable question que l’on doit se poser, est de découvrir si le point faible historique des Oranje, à savoir la qualité individuelle de sa défense, est résolue. Non pas de répondre à l’interrogation suivante : si le jeunisme vangallien a remplacé une gérontocratie toute vanmarwijkienne. Et là, il pourrait y avoir débat.
Entre la finale de la Coupe du Monde 2010 et l’échec à l’Euro 2012, où donc situer la sélection néerlandaise ? Pas tout en haut…ni tout en bas. Comme un outsider en fait, ni plus, ni moins. Un petit maître de genre à placer au milieu moyen de la grande école flamande.
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FOOTBALL - 2013 - Roma-Sassuolo - Strootman

Crédit: AFP

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