Après France - Danemark: "Les sifflets, ce n’est pas normal mais ce sont les supporters stéphanois…"

En juin 2009, Jean-Pierre Escalettes, alors président de la FFF, était furibond en sortant de Geoffroy-Guichard. Face au Nigeria (défaite 0-1), pendant 90 minutes, les Bleus, plus précisément les Lyonnais (Lloris, Benzema ou Toulalan), s’étaient fait conspuer par le public stéphanois. Le boss de la Fédération avait juré qu’on ne l’y reprendrait plus. La France à Saint-Etienne, plus jamais ! Cinq ans et des poussières plus tard, même endroit, même équipe, même public, même réaction.

Dès la présentation des équipes, Nabil Fekir, Alexandre Lacazette et Christophe Jallet ont essuyé les foudres du Chaudron. Mais cette fois, la victoire, face au Danemark (2-0), fut au bout. Une issue heureuse qui n'a pas éteint la polémique. Pour Didier Deschamps, ce n’est qu’"une minorité" qui s’est "focalisée sur ceux qui portent un maillot d'un club qui n'est pas très loin." "J'aurais préféré que ce ne soit pas le cas", a tout de même noté le sélectionneur.

Alexandre Lacazette n’a pas voulu en rajouter devant les micros. Rarement volubile, l’avant-centre de l’OL a expliqué très calmement que la réaction hostile de Geoffroy-Guichard ne l’avait pas perturbé, et pour cause : "J’avais préparé ce match comme si j’affrontais Saint-Etienne, je m’y attendais", a-t-il expliqué. "Je suis lyonnais, je viens à Saint-Etienne, c’était une évidence que j’allais me faire siffler. Ça en a embêté certains. Mais s’ils ne visaient que moi, pas de problème."  Son but marqué peu après le premier quart d’heure a renversé la tendance et les grondements se sont peu à peu éteints.

Seule l’entrée de Nabil Fekir a réveillé les mécontents. Et c’est une bronca qui s’est abattue sur le petit nouveau lors de son entrée en jeu. Lui aussi n’a pas voulu en rajouter. Lui aussi s’y "attendai(t)". Mais ça n’a pas "gâché (s)on plaisir." Dans le regard malicieux des deux hommes se cachait même la satisfaction d’avoir joué un mauvais tour aux supporters des Verts. Ils n’ont pas voulu l’avouer devant les micros ouverts mais leur attitude révélait l’évidence. Et Fekir n’a pas pu s’empêcher de glisser une petite vacherie : "Je ne trouve pas ça normal mais ce sont les supporters stéphanois, on peut rien y faire." Voilà qui est de bonne guerre. Et Lacazette d'ajouter l'oeil rieur pour souligner la schizophrénie du public : "Il y a eu des applaudissements après mon but mais ils venaient sans doute des Lyonnais qui avaient fait le déplacement."

Ne croyez pas que les deux sortent traumatisés de l’expérience. Morgan Schneiderlin a même révélé qu’ils en avaient "rigolé". Non, les plus mal à l’aise dans cette histoire restent les dirigeants de l’ASSE. Bernard Caïazzo, président du comité de surveillance du club stéphanois, n’était pas ravi du comportement de ses troupes dans les tribunes : "Les sifflets, on ne veut pas les entendre", a-t-il commencé. "Ils nous ont gênés car on a fait en sorte de faire comprendre que siffler les Lyonnais, c’est aussi gêner les six Stéphanois ou ex-Stéphanois qui jouaient ce soir. Il faut être derrière les Bleus. On ne peut que regretter ces comportements." Même fatalisme chez Josuha Guilavogui, milieu de terrain des Bleus formé dans le Forez : "Peu importe dans quel club on joue. Il faut faire preuve de maturité et de recul." Ces sifflets étaient malvenus certes. Mais il n'est pas dit que Noël Le Graët ait, cette fois-ci, quitté Geoffroy-Guichard scandalisé.